L’industrie de la pêche à la croisée des chemins
Le monde de la pêche est en pleine évolution. Afin de mieux comprendre les changements et les enjeux en cours, des pêcheurs, des scientifiques ainsi que plusieurs autres représentants de l’industrie du Nouveau-Brunswick et de la Gaspésie ont participé au 3e Congrès Pêche et Innovation à Shippagan.
Les changements climatiques, la baleine noire, le retour du sébaste, la sécurité en mer… De nombreux enjeux ont été abordés par les invités et les conférenciers.
«Avec tous les changements qu’on connaît de l’industrie, je pense qu’il est important de sensibiliser non seulement les pêcheurs, mais l’ensemble de l’industrie à tout ce qui s’en vient. Souvent on se trouve chacun dans nos cases et on pense qu’on est tout seul là-dedans. Le pêcheur a sa perspective, le scientifique a sa perspective et ainsi de suite», explique Jean Lanteigne, directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels (FRAPP), qui a organisé le congrès conjointement avec l’Association des capitaines-propriétaires de la Gaspésie.
Pourquoi inviter des pêcheurs des deux côtés de la baie des Chaleurs?
«Les crabiers du Nouveau-Brunswick pêchent dans les mêmes territoires que ceux de la Gaspésie. Les crevettiers du Québec partagent les mêmes territoires que nous. On se connaît très bien. On se rencontre souvent aux mêmes activités et on est membre des mêmes comités consultatifs. La dynamique du milieu est la même.»
Avec un taux de croissance d’environ 10% annuellement, l’industrie des pêches est à la croisée des chemins. Le potentiel de développement est grand, mais des enjeux, comme les changements climatiques bouleversent déjà l’industrie.
Par exemple, les eaux profondes du golfe du Saint-Laurent se réchauffent et perdent de l’oxygène plus rapidement que presque toutes les autres régions océaniques au monde.
«Les pêcheurs le vivent et le voient. Avant ça, on voyait beaucoup de crevettes dans une telle région, maintenant il n’y a en a plus. Comment ça se fait? On vient d’avoir la réponse. On travaille avec des ressources naturelles qui sont assujetties aux changements climatiques. Des fois, on n’arrive pas à comprendre le pourquoi.»
Le 50e anniversaire de la FRAPP tire à sa fin. Fondé en 1968 sous le nom, l’Association professionnelle des pêcheurs, l’organisme défend, entre autres, les intérêts des pêcheurs de crabe et de crevettes acadiens.
L’une des plus grandes contributions de l’organisme a été de généraliser le concept de la pêche durable au sein de l’industrie, estime Jean Lanteigne.
«Nous avons encore de vieux livres au bureau qui le disent, il y a eu une époque où des scientifiques affirmaient que la pêche était inépuisable. On s’aperçoit aujourd’hui que ce n’est pas le cas. Je pense que la FRAPP a amené le pêcheur à respecter son environnement marin et de s’assurer que nous avons des ressources pour les années à venir.» ■