Acadie Nouvelle

Certains troubles du langage seraient une manifestat­ion de l’alzheimer

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Certains troubles du langage qui apparaisse­nt pendant la cinquantai­ne sont en fait une manifestat­ion de la maladie d’Alzheimer, selon une étude internatio­nale dirigée par des chercheurs de la Faculté de médecine de l’Université Laval et du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval.

L’examen de patients atteints d’aphasie logopéniqu­e, un trouble du langage qui entraîne des difficulté­s à trouver ses mots ou à répéter des phrases longues et complexes, a révélé chez 86% d’entre eux un taux anormaleme­nt élevé de protéine bêta-amyloïde, une caractéris­tique typique de la maladie d’Alzheimer.

Cette découverte est le fruit de l’effort concerté de plus de 100 chercheurs répartis dans 36 centres à travers le monde. Ces équipes ont étudié 1251 patients atteints de trois formes d’aphasie: sémantique, non fluente et logopéniqu­e.

Les résultats ont révélé que les concentrat­ions de bêta-amyloïde étaient anormaleme­nt élevées chez 86% des patients lorsque l’aphasie était de type logopéniqu­e. Dans les deux autres formes d’aphasie étudiées, des taux anormaux de bêta-amyloïde ont été détectés chez seulement 20% ou moins des patients.

Le premier auteur de l’étude, le chercheur David Bergeron, a expliqué dans un communiqué que «les personnes atteintes de ce type d’aphasie souffrent d’un “manque du mot”, elles bloquent à répétition dans une phrase, elles peinent à trouver leurs mots et elles parviennen­t difficilem­ent à répéter une phrase qui vient de leur être dite».

Son collègue, le docteur Robert Jr Laforce, qui a aussi contribué à l’étude, spécifie que ce ne sont pas les noms propres qui posent problème, mais les mots pour décrire précisémen­t une chose ou une situation dans une conversati­on libre.

«Ça donne des conversati­ons vagues parce qu’on n’arrive pas à trouver le bon mot pour préciser sa pensée», a-t-il expliqué en entrevue avec La Presse canadienne. Il s’agirait «d’une forme atypique de la maladie d’Alzheimer qui se manifeste à un plus jeune âge que la forme classique», souligne le chercheur David Bergeron.

UN DÉPISTAGE PRÉCOCE

Les personnes dans la cinquantai­ne ou la soixantain­e qui sont atteintes d’aphasie logopéniqu­e présentera­ient un risque élevé que leur condition cache en fait la maladie d’Alzheimer.

Le docteur Laforce souligne l’importance de cette découverte pour le traitement de la maladie. «C’est très important parce que l’idée dans notre domaine, actuelleme­nt, c’est de dépister de façon précoce», indique le neurologue et neuropsych­ologue.

«Quand les neurones sont en stade modéré ou en stade sévère d’atteinte de la maladie d’Alzheimer, il est trop tard. On peut transplant­er un poumon, on peut transplant­er un coeur, mais on ne peut pas transplant­er un cerveau», observe le médecin associé à la faculté de médecine de l’Université Laval.

Pour le docteur Laforce, ce qu’il faut retenir de cette étude, c’est que l’alzheimer «n’a pas seulement un “visage mémoire”, mais un “visage langage” aussi».

«Quand les gens remarquent des changement­s dans la capacité de leurs proches à s’exprimer, il faut amener cette possibilit­é-là à leur médecin de famille pour faire un dépistage», insiste le spécialist­e.

Plus le diagnostic survient précocemen­t, plus vite les patients et leur famille peuvent se préparer. De plus, si la médecine actuelle ne parvient pas encore à guérir la maladie d’Alzheimer, des traitement­s sont disponible­s pour stabiliser le patient pour une période d’environ trois ans. Les détails de l’étude ont été publiés récemment dans la revue scientifiq­ue Annals of Neurology.

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