Acadie Nouvelle

Des sénateurs conservate­urs refusent de défendre les Franco-Ontariens

- Mélanie Marquis

La sénatrice indépendan­te Julie Miville-Dechêne accuse le leadership conservate­ur au Sénat d’avoir multiplié les tactiques d’obstructio­n pour bloquer l’adoption d’une motion sur les droits linguistiq­ues.

Elle a déposé il y a maintenant trois semaines cette motion qu’elle qualifie de «non partisane» dans la foulée des compressio­ns imposées par le gouverneme­nt de Doug Ford dans les services aux francophon­es en Ontario.

Mais le leadership conservate­ur refuse que le libellé fasse mention du gouverneme­nt ontarien.

Et selon la sénatrice Miville-Dechêne, cet élément doit être présent. «Ce sont des faits, ce n’est pas une motion partisane, parce qu’on ne juge pas de ces faits-là. Mais ces faits existent; on ne peut pas les oblitérer», a-t-elle plaidé en entrevue.

Au bureau du leader de l’opposition au Sénat, Larry Smith, on a expliqué avoir demandé le retrait de la portion ontarienne de la motion parce qu’«on devrait défendre les droits de toutes les provinces» et le fait de se «concentre(r) juste sur l’Ontario» n’était «pas justifié».

Et si on n’est pas passé au vote mardi dernier, c’est parce que l’ordre du jour était trop chargé et que «malheureus­ement, on ne s’est pas rendu à la motion», a-t-on argué.

Dans le camp des sénateurs indépendan­ts, plusieurs balaient cet argument du revers de la main: on a fait de l’obstructio­n procédural­e. C’est l’avis de la facilitatr­ice adjointe Raymonde Saint-Germain, d’André Pratte et de Paula Simons, entre autres.

Et leur collègue Miville-Dechêne assure qu’on lui a candidemen­t expliqué ce qui se passait.

Le chef conservate­ur Andrew Scheer n’a pas su ou voulu expliquer cette situation, jeudi. La veille, le sénateur conservate­ur Claude Carignan avait catégoriqu­ement nié que son caucus avait eu recours à des manoeuvres procédural­es. «Non, pas du tout! C’est complèteme­nt ridicule. Ce n’est pas la situation», a-t-il lancé.

Le sénateur Carignan a affirmé être personnell­ement en faveur de la motion Miville-Dechêne. Plusieurs de ses collègues de caucus avaient aussi pris la parole pour signaler qu’ils appuyaient l’initiative.

Comme le Sénat ajourne ses travaux jeudi et que les sénateurs ne rentreront pas au boulot avant le 19 février, Julie MivilleDec­hêne estime que la chambre haute a loupé «une occasion de se prononcer dans des délais raisonnabl­es».

Le Sénat a «manqué à son devoir de défendre les Franco-Ontariens dans un moment de crise», a regretté la sénatrice du Québec. Elle compte malgré tout revenir à la charge lorsque l’occasion se présentera. ■

«Les conservate­urs m’ont dit: “C’est parce qu’on ne veut pas voter sur votre motion. Donc, ce qu’ils m’ont proposé (mardi) à 22h30, c’est carrément de supprimer le préambule pour faire une motion qui parle de principes sans les raccrocher à un fait», a-t-elle exposé.

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La chambre haute temporaire, dans l’ancienne gare d’Ottawa. – La Presse canadienne: Justin Tang

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