Secret professionnel
La principale intéressée a jusqu’à présent refusé de commenter ces informations sur la place publique. «En tant qu’ancienne ministre de la Justice et procureure générale du Canada, je suis liée par le secret professionnel dans cette affaire», a-telle plaidé vendredi passé.
Le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, s’est montré insatisfait de cet argument, et il a écrit à Justin Trudeau pour l’exhorter à renoncer à cette clause de confidentialité liant client (le gouvernement) et avocat (le procureur général, donc Mme WilsonRaybould, dans ce cas).
Le premier ministre a affirmé lundi qu’il avait demandé à son actuel ministre de la Justice, David Lametti, de lui dire s’il pourrait renoncer au secret professionnel pour permettre à l’ancienne titulaire du poste de s’exprimer sur l’affaire SNC-Lavalin. «L’enjeu de la confidentialité n’est pas un enjeu simple, donc j’ai demandé à notre ministre de la Justice actuel de regarder cet enjeu-là et de me faire des recommandations», a-t-il affirmé en conférence de presse depuis la Colombie-Britannique.
«Je respecte que la ministre estime qu’en raison du (secret professionnel), elle ne peut pas ajouter quoi que ce soit. Il y a aussi la confidentialité au conseil des ministres», a spécifié le premier ministre, qui était flanqué de quelques élus – mais pas de Mme Wilson-Raybould.
Il a laissé entendre qu’il ne fallait pas y voir le signe d’un désaveu. «Je continue d’avoir pleine confiance en Jody», mentionnant au passage qu’il l’avait rencontrée «à deux reprises» depuis son arrivée à Vancouver. Celle qu’il a rétrogradée en janvier lui aurait alors «rappelé une conversation qu’on avait eue à l’automne (alors qu’elle détenait toujours le portefeuille de la Justice) durant laquelle je lui ai dit que toute décision en lien avec la directrice des poursuites pénales est la sienne».
À l’autre bout du pays, Andrew Scheer a reproché au premier ministre sa lenteur à agir. «Il y a d’autres exemples où le premier ministre a décidé de lever le secret avocat-client. C’est clair que dans ce cas, c’est essentiel», a-t-il déploré en point de presse au Nouveau-Brunwsick. Le ministre Lametti a pour sa part refusé de se prononcer sur la question du secret professionnel. «Comme avocat pour le gouvernement, comme procureur général du Canada, je ne peux pas faire de commentaire là-dessus», a-til plaidé à l’issue d’un discours livré devant l’Association du Barreau canadien, à Ottawa. – La Presse canadienne