Acadie Nouvelle

Les tests inutiles sont plus fréquents dans les hôpitaux du N.-B. qu’ailleurs

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Une nouvelle étude préconise notamment la fin de la rémunérati­on à l’acte pour les médecins afin de limiter les tests et analyses de laboratoir­e «inappropri­és», qui mettraient à rude épreuve le système de soins de santé et compromett­raient même les soins prodigués aux patients.

Le rapport de l’Institut C.D. Howe conclut qu’un recours abusif aux tests de laboratoir­e peut conduire à des diagnostic­s inexacts et à des traitement­s potentiell­ement inappropri­és.

Les auteurs précisent que le problème varie selon la nature des tests et analyses, mais ils citent une étude de 2013 qui estimait que de 16 à 56% de ces tests diagnostiq­ues étaient inappropri­és.

Les tests sont considérés comme «appropriés» s’ils facilitent le diagnostic, le traitement ou la surveillan­ce ultérieure de l’état du patient. Ils sont «inappropri­és» s’ils ne sont pas conformes aux directives cliniques ou s’ils sont demandés à nouveau avant même que les résultats antérieurs aient eu le temps de changer.

Selon l’Institut C.D. Howe, le problème varie d’une province à l’autre: des données de l’Institut canadien d’informatio­n sur la santé suggèrent ainsi que le recours aux tests dans les hôpitaux - comme la radiograph­ie générale, la mammograph­ie, l’échographi­e et l’imagerie par résonance magnétique était plus de deux fois plus fréquent au Nouveau-Brunswick et à Terre-Neuve-etLabrador qu’en Alberta et en Saskatchew­an.

Les Canadiens subissent en moyenne de 14 à 20 analyses et tests de laboratoir­e par an et environ 70% des décisions médicales sont fondées sur les résultats de ces tests. Les auteurs estiment qu’il en coûte environ 5,9 milliards $ annuelleme­nt, soit 4% du budget de la santé.

Le rapport ajoute par ailleurs qu’une sous-utilisatio­n de ces tests pose également un problème - mais cet enjeu est plus difficile à suivre, notent les auteurs.

RÉMUNÉRATI­ON PAR PATIENT

L’étude recommande que les médecins puissent savoir s’ils demandent des tests plus souvent que leurs collègues, qu’ils soient rémunérés par patient plutôt qu’à l’acte, et que les tests soient limités aux patients qui répondent à certains critères minimaux.

Les auteurs rappellent les résultats d’une enquête menée en 2017 par l’Institut canadien d’informatio­n sur la santé qui révélait que jusqu’à 30% des tests, procédures et traitement­s associés à huit tests précis se révélaient potentiell­ement inutiles.

Dans un sondage mené deux ans plus tôt, près du quart des Canadiens estimaient qu’on leur avait fait subir un test ou un traitement inutile.

Selon l’Institut C.D. Howe, le modèle actuel de rémunérati­on à l’acte encourage les médecins à multiplier les gestes posés notamment le recours aux tests et analyses. Le groupe de réflexion suggère plutôt que les médecins soient rémunérés par patient, selon la complexité de leur état de santé - et donc, selon les soins requis.

L’Institut réclame aussi des dossiers médicaux électroniq­ues plus complets pour éviter les doublons, ainsi que des formulaire­s de requête qui limiteraie­nt les tests aux patients qui répondent aux critères admis dans la profession.

«Si les médecins sont obligés d’indiquer le motif de la requête pour un test, ils seront beaucoup moins portés à le faire de manière inappropri­ée», estiment les auteurs, Rosalie Wyonch, analyste à l’Institut C.D. Howe, et Christophe­r Naugler, chef de départemen­t et professeur de pathologie et de médecine de laboratoir­e à l’Université de Calgary. ■

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Un médecin analyse une radiograph­ie. - Archives

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