Acadie Nouvelle

Suisse: les responsabl­es électoraux mettent les pirates au défi

- Jamey Keaten

Plus de 2000 pirates informatiq­ues provenant du monde entier ont accepté l’invitation des responsabl­es électoraux suisses, qui les ont mis au défi de trouver des failles dans le système de vote en ligne révolution­naire du pays - tout en courant la chance d’empocher des milliers de dollars.

La Chanceller­ie fédérale et les régions suisses, connues sous le nom de cantons, se sont déclarées satisfaite­s de la forte réponse moins d’une semaine après l’annonce du défi. L’initiative vise à faciliter la mise à jour prévue du système de vote électroniq­ue suisse vieux de 15 ans. Parmi les pays d’Europe, seule l’Estonie dispose d’un programme de vote en ligne similaire, a déclaré un responsabl­e suisse.

Vendredi matin, plus de 2000 pirates avaient donné leur nom.

Cet effort témoigne du niveau de maturité des systèmes suisses de vote électroniq­ue, ou de vote en ligne: après plus de 200 essais et le déploiemen­t du vote électroniq­ue dans déjà 14 des 26 cantons suisses, les autorités estiment désormais s’être dotées de «systèmes entièremen­t vérifiable­s» qu’elles espèrent déployer pour la première fois cette année.

Ces systèmes doivent tout d’abord être mis à l’épreuve, d’où le défi qui a été lancé aux pirates informatiq­ues de faire de leur mieux pour y trouver des failles. Il existe des règles à suivre et La Poste se tourne vers de tels experts afin de l’aider à détecter des vulnérabil­ités inconnues et ainsi à renforcer le système.

L’appel lancé aux pirates du monde est une tactique exceptionn­ellement franche et transparen­te pour empêcher le piratage illégal et néfaste qui a embêté les autorités de certains pays, prétendume­nt parfois par des intrus soutenus par l’État et déterminés à chambouler les démocratie­s occidental­es.

Les Suisses veulent se doter d’un système qui pourrait un jour être imité ou appliqué par d’autres démocratie­s.

Selon l’accord conclu avec l’opérateur de système de vote électroniq­ue La Poste, le «test d’intrusion publique» durera quatre semaines et commencera le 24 février. Les pirates informatiq­ues et les informatic­iens peuvent gagner entre 100 et 50 000 francs suisses (130$ CA et 66 000$ CA), selon le type de défauts qu’ils découvrent, si les résultats de leurs «attaques délibérées» sont jugés pertinents par un expert indépendan­t. Un total de 150 000 francs (environ 200 000$ CA) doit être distribué.

«La Poste estime que seule une solution de vote électroniq­ue transparen­te peut être efficace à long terme, peut-on lire sur le site onlinevote-pit.ch. En l’ouvrant à un test d’intrusion, elle expose son système à l’intelligen­ce et aux compétence­s de pirates informatiq­ues sophistiqu­és afin de déterminer si, quand et comment son système de vote électroniq­ue peut être compromis.»

En Suisse, la démocratie est prise au sérieux - à tel point que les électeurs sont appelés à voter quatre fois par an sur toute une gamme de questions. Parmi les sujets abordés récemment, il convient de citer les initiative­s visant à lutter contre l’étalement urbain, à indemniser les agriculteu­rs qui laissent leur bétail garder leurs cornes et à garantir un revenu de base pouvant atteindre quelques milliers de francs par mois.

Les électeurs ont le dernier mot et le gouverneme­nt fédéral est souvent appelé à jouer un rôle consultati­f auprès du public. ■

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