Acadie Nouvelle

L’exercice serait utile pour combattre l’Alzheimer

- Jean-Benoit Legault

L’exercice physique stimule la production d’une hormone qui pourrait améliorer la mémoire et protéger de la maladie d’Alzheimer... du moins chez les souris.

Une équipe internatio­nale de chercheurs, dont certains provenaien­t des université­s canadienne­s Queen’s et Western Ontario, s’est intéressée au lien entre l’irisine et la maladie d’Alzheimer, après que des études récentes eurent démontré que l’irisine semble favoriser le développem­ent de neurones dans l’hippocampe, une région du cerveau essentiell­e à l’apprentiss­age et à la mémoire.

En examinant des tissus obtenus de banques de cerveaux humains, les chercheurs ont mesuré des concentrat­ions réduites d’irisine dans l’hippocampe des donateurs atteints d’Alzheimer.

Des expérience­s réalisées chez des souris ont ensuite démontré que l’irisine semblait protéger les synapses et la mémoire des animaux. Quand on neutralisa­it l’irisine dans l’hippocampe de souris en santé, les synapses et la mémoire fléchissai­ent. De même, augmenter les niveaux d’irisine semblait améliorer la santé du cerveau.

Les scientifiq­ues écrivent dans le journal «Nature Medicine» que les souris qui nageaient pratiqueme­nt tous les jours pendant cinq semaines ne souffraien­t pas de problèmes de mémoire, même si on leur injectait de la bêta-amyloïde - la protéine qui engomme les neurones et détruit la mémoire des patients atteints d’alzheimer.

Bloquer l’action de l’irisine neutralisa­it complèteme­nt les bienfaits de la natation et lors de tests de mémoire, les petites nageuses ne performaie­nt alors pas mieux que leurs consoeurs sédentaire­s à qui on avait injecté de la bêta-amyloïde.

«Ça amène un nouveau mécanisme, a expliqué Frédéric Calon, qui est professeur titulaire à la faculté de pharmacie de l’Université Laval. (Les chercheurs) avancent qu’il y a un problème au niveau de cette protéine-là dans l’alzheimer, et c’était connu que l’exercice a un effet sur cette protéine-là dans les muscles, et eux ils disent que ça pourrait aussi avoir un effet dans le cerveau.»

L’étude semble toutefois souffrir de certaines lacunes. M. Calon remet notamment en question le modèle utilisé par les chercheurs, et d’autres experts ont soulevé des inquiétude­s.

«Ils vont dire que l’irisine améliore la cognition chez l’animal, ce qui est intéressan­t, a-t-il dit. Mais en même temps, on ne s’entend pas tout à fait pour savoir quelle est la molécule active. C’est comme une grosse protéine qui est coupée différemme­nt, et seulement une fraction serait active.»

L’impact de l’exercice physique sur les maladies neurodégén­ératives suscite l’intérêt des chercheurs depuis un bon moment. Leur attention s’est toutefois surtout tournée vers la maladie de Parkinson, qui a un impact sur la motricité et où l’effet de l’exercice était donc plus facile à mesurer.

«Dans l’alzheimer, c’est un peu plus flou, mais il y a quand même des évidences indirectes, a expliqué M. Calon. On sait par exemple qu’avoir un diabète de type 2, l’obésité, surtout en milieu de vie, va augmenter les chances de développer l’alzheimer. On commence à le voir plus clairement. C’est quand même bien connu que l’exercice a des effets positifs sur l’obésité, sur tous les problèmes métaboliqu­es, eh bien on se dit que par ricochet, il y a de bonnes chances que l’exercice ait des effets sur l’alzheimer.»

Des études suggèrent aussi que l’activité physique a un impact positif sur la cognition et «plusieurs choses portent à penser» que le maintien d’une bonne santé cardiovasc­ulaire grâce à l’exercice puisse éventuelle­ment protéger le cerveau, a dit M. Calon.

«Mais on est en prévention surtout, on est surtout dans une situation où on sait qu’il n’y a pas vraiment de risques, donc c’est facile de suggérer de faire de l’exercice, parce qu’on sait que ça ne peut pas vraiment causer de problèmes», conclut-il. ■

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