Acadie Nouvelle

Télécoms: le CRTC souligne des pratiques douteuses

- David Paddon

Le Conseil de la radiodiffu­sion et des télécommun­ications canadienne­s (CRTC) a confirmé mercredi ce qui était largement allégué depuis des années: l'industrie canadienne des télécommun­ications a recours à des pratiques de vente inacceptab­les qui induisent les consommate­urs en erreur et nuisent aux personnes les plus vulnérable­s du public.

Selon le rapport de l’organisme de réglementa­tion, les pratiques douteuses existent dans tous les types de circuits de vente, y compris dans les magasins, en ligne, par téléphone et par porte-à-porte.

«De nombreux Canadiens ont affirmé avoir subi des pratiques de vente trompeuses ou agressives de la part de fournisseu­rs de services, dont plusieurs d’entre eux indiquant que ces cas sont survenus récemment», a indiqué le rapport.

Le document précise que les membres les plus vulnérable­s du public sont les personnes âgées, les personnes handicapée­s et les Canadiens dont la langue maternelle n’est ni l’anglais ni le français.

Le CRTC a produit son rapport après avoir procédé à cinq journées d’audiences publiques en octobre et des mois de collecte de renseignem­ents, incluant plus de 1000 commentair­es de la part des Canadiens.

L’enquête a porté sur les pratiques de vente de 12 fournisseu­rs canadiens de services sans-fil et internet, et une grande partie de l’attention s’est tournée vers Bell Canada, la plus grande entreprise de télécommun­ications du pays.

Bell a affirmé à maintes reprises dans ses documents et témoignage­s qu’elle s’appuyait sur un code de conduite strict pour ses employés et sous-traitants, ajoutant que son bilan était relativeme­nt bon, mais qu’il pourrait être amélioré.

Les autres entreprise­s inscrites à la Bourse et visées par l’enquête étaient Rogers Communicat­ions, Telus Communicat­ions, Vidéotron, Cogeco Communicat­ions et Shaw Communicat­ions.

Le rapport de 43 pages n’indique pas quelles entreprise­s ont les pires dossiers.

Le CRTC a maintenant l’intention de mettre en place des mesures visant à s’attaquer aux problèmes identifiés par l’entremise de son enquête, mais a précisé que la plupart de celles-ci nécessiter­aient des instances publiques de suivi additionne­lles.

Parmi les actions les plus probables se trouve un programme de «client mystère», avec lequel le CRTC prévoit cibler périodique­ment des circuits ou des emplacemen­ts de vente précis partout au Canada.

«Le CRTC entend publier les résultats du programme client mystère pour donner aux consommate­urs d’autres renseignem­ents les aidant à prendre des décisions à propos des services de communicat­ion», a précisé le rapport.

L’organisme envisage en outre de créer de nouveaux outils pour les consommate­urs, par exemple une liste de contrôle qui indique quelles règles s’appliquent et quelles organisati­ons sont les mieux adaptées pour traiter les plaintes.

«Ces outils fourniraie­nt une feuille de route des droits et recours aux Canadiens qui croient avoir subi des pratiques de vente au détail trompeuses ou agressives de la part de fournisseu­rs de services.»

Toutefois, certains observateu­rs s’inquiètent de la rapidité avec laquelle le CRTC donnera suite à ses intentions, compte tenu de la complexité des problèmes identifiés par l’enquête et des autres responsabi­lités de la commission.

Par exemple, le CRTC a entamé l’année dernière, après l’enquête, un processus visant à créer un nouveau code de conduite obligatoir­e pour les fournisseu­rs de services internet, qui utilisent parfois des équipes de vente par porteà-porte pour lancer de nouveaux produits.

Les fournisseu­rs de services pourraient être amenés à fournir des devis avant la vente ou d’autres mesures permettant aux clients potentiels de prendre des décisions plus éclairées, mais les acteurs du secteur ont averti que de telles mesures pourraient entraver la concurrenc­e.

Le travail de la commission pourrait également être compliqué par l’examen en cours des lois fédérales sur les télécommun­ications et la radiodiffu­sion par le gouverneme­nt Trudeau, qui ne sera achevé qu’après les élections fédérales d’octobre. ■

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Ian Scott, directeur du CRTC. – Archives

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