Acadie Nouvelle

LES RETOURS DE 1755

- Sylvie Mousseau sylvie.mousseau@acadienouv­elle.com @SylvieMous­seau1

Difficile d’imaginer un 15 août sans la musique du groupe 1755… Même si en 1984, la formation légendaire a tiré sa révérence et que les membres ont quelques années de plus derrière la cravate, leur musique résonne encore aujourd’hui, tout en continuant d’offrir des spectacles chaque été.

«C’est 1755 qui a amené l’Acadie dans la rue et qui a réveillé la fierté acadienne pour plusieurs personnes!», rappelle le chanteur Pierre Robichaud.

La musique de ce groupe mythique a été chantée par de nombreux artistes profession­nels et amateurs. Autour d’un feu de camp et dans les partys de cuisine, rien de mieux qu’une chanson de 1755 pour démarrer la fête. Cette musique à cheval entre le traditionn­el et la modernité va bien au-delà des modes et du goût du jour.

RETOUR EN ARRIÈRE

Après une retraite de dix ans, la formation s’est réunie à nouveau au premier Congrès mondial acadien, en 1994. Les retrouvail­les ont été émouvantes à la fois pour le public et pour les membres du groupe. Cette année-là, le quintette a participé non seulement au spectacle télévisé du 15 août, mais il s’est produit au Colisée de Moncton devant plus de 7000 personnes.

«C’était très spécial lors de notre retour de voir la foule répondre avec autant d’enthousias­me. Même le gérant du Colisée de Moncton, dans le temps, m’avait confirmé qu’on avait la plus grande assistance qu’il n’avait jamais eue. La réaction de la foule ce soir-là était incomparab­le. L’ambiance était électrique», a exprimé Pierre Robichaud.

Roland Gauvin et Ronald Dupuis ont été profondéme­nt marqués par ce premier Congrès mondial acadien.

«C’était plus qu’un spectacle normal parce qu’il y avait un attachemen­t en plus de voir les noms des familles acadiennes. On l’a vécu dans les autres congrès, plus fort dans certaines régions que d’autres, mais celui-là, on le sentait encore plus parce que c’était la première fois», a commenté Roland Gauvin.

Le solo de batterie de Ronald Dupuis qui a été filmé a été vu par des milliers de gens sur le web. Les jeunes collègues du batteur, dans ses autres groupes, l’appellent gentiment «The Legend».

En 1999, la ville de Shediac a contacté de nouveau la formation pour son 100e anniversai­re. «Depuis 1999, le téléphone sonne tous les ans et le monde nous demande d’aller jouer. On a réalisé en 1999 qu’on avait quelque chose de spécial et tant que le monde veut nous avoir, ça nous fait plaisir d’y aller», a souligné Pierre Robichaud.

DES DÉBUTS DIFFICILES

Roland Gauvin qui a touché à différents secteurs de l’industrie musicale estime que le groupe n’aurait peut-être pas cessé ses activités en 1984, si les programmes d’aide actuels avaient existé à l’époque. Quand ils ont commencé, l’industrie musicale était pratiqueme­nt inexistant­e en Acadie.

«On avait un bureau sur la St-George (l’édifice du défunt Plan b) avec un gérant et Gérald Leblanc (parolier du groupe), comme secrétaire. On avait une maison d’édition et notre propre système de son. C’était un peu nous l’industrie de la musique», raconte le chanteur et guitariste.

À cette époque, les programmes d’aide à la musique se faisaient plutôt rares. Il se souvient d’avoir cogné à la porte d’un organisme acadien pour recevoir de l’appui afin d’aller participer à une émission de télévision à Montréal et on leur a répondu qu’on ne finançait pas les groupes de taverne.

Pour réaliser leur grande tournée 100 pour 200, ils ont dû faire des pieds et des mains pour obtenir du soutien financier.

«Tout de suite, je suis un peu jaloux dans le sens que quand on a commencé, on aurait aimé avoir accès à des programmes comme nos artistes ont en ce moment. Je crois qu’on n’aurait pas arrêté en 1984. Une des choses qui a fait que 1755 a connu le succès qu’il a connu, selon moi, ce n’est pas nécessaire­ment parce qu’on était des Acadiens. Je pense qu’on arrivait avec quelque chose d’original. C’était rafraîchis­sant, festif et avec beaucoup d’humour. Ça passait bien, mais c’était une période vraiment difficile.» ■ Thibodeaux. «Soyez fiers de qui vous êtes et prenez garde à vous autres», lance le musicien à chaque fin de spectacle. Il a toujours eu le coeur d’un nationalis­te acadien. À son avis, les rencontres de famille sont fondamenta­les au CMA.

«Je pense que le CMA est encore pertinent avec ce qui se passe présenteme­nt au Canada et dans le monde. Avec la montée des mentalités plus extrémiste­s, je pense que de plus en plus il faut être vigilant et il faut travailler très fort à sauvegarde­r nos acquis. Pour continuer de parler français, il faut, selon moi, avoir une identité française et être fier de parler sa langue et sa culture, donc un événement comme le CMA permet de manifester ça, de se regrouper en famille pour continuer à établir ses liens et ses racines», a commenté le musicien qui prône une Acadie inclusive.

Pour Ronald Dupuis qui s’est engagé sur la voie du blues et du rock, notamment avec Glamour Puss, la musique acadienne c’est 1755. «Quand je joue avec 1755, je vis à 100% l’Acadie.»

À leur avis, le premier congrès a permis au groupe de solidifier sa présence auprès des génération­s futures. Aujourd’hui, ils sont vus un peu comme les Beatles ou les Beau Dommage de l’Acadie.

Ils donneront plusieurs spectacles au CMA, en commençant par la fête du 15 août à Dieppe et le spectacle du 25e anniversai­re du CMA, le 16 août. La formation sera aussi en spectacle à la rencontre des LeBlanc à Shediac, le 17 août, et à Cap-Pelé, le 23 août. Pour cette série de spectacles, Donald Boudreau sera remplacé par Robert LeBlanc.

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- Gracieuset­é Le groupe 1755 offre plusieurs spectacles pendant le CMA.
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