Seule au coeur de la pire catastrophe énergétique de l’histoire… à 14 ans
Il y a 16 ans, une adolescente de Dunlop, dans la région Chaleur, se retrouvait coincée au coeur de la plus grande catastrophe énergétique de l’histoire de l’Amérique du Nord.
Âgée de quatorze ans à peine, et seule à l’aéroport de Hamilton en Ontario, Louise Arsenault et environ 50 millions de personnes sont prises de court par une panne d’électricité.
Plusieurs petits incidents sont à l’origine de la panne sans précédent, mais en gros, une trop grande demande énergétique combinée à la chute d’arbres sur certaines lignes ont fait en sorte de concentrer tout le transport d’électricité sur un réseau restreint qui, après avoir surchauffé, a causé la déconnexion de la centrale nucléaire ontarienne Bruce B de la grille énergétique.
Du coup, l’Ontario et huit États américains se retrouvent sans électricité.
Aujourd’hui, Louise Arsenault plonge dans ses souvenirs du 14 août 2003 et raconte, entre autres, les leçons qu’elle a apprises lors de cet après-midi marquant et dans les jours qui ont suivi.
Mme Arsenault revenait d’un séjour chez sa tante, en Colombie-Britannique, lorsque le courant a été coupé.
Elle décide alors de faire confiance à son intuition et de naviguer le «black-out» auprès d’une famille dont elle fait la connaissance sur le moment.
«C’est la première fois que je voyageais seule, souligne-telle en entrevue à l’Acadie Nouvelle. Je venais juste d’avoir 14 ans deux mois plus tôt.»
La femme de Dunlop explique pourtant qu’elle n’a pas eu peur lorsqu’on lui a annoncé que son avion ne partirait pas.
«Je n’ai pas paniqué, mais je me demandais ce qui se passait. Nous n’avions pas beaucoup d’informations.»
Elle se souvient, par contre, de la chaleur suffocante causée par l’absence de climatisation et de la longue file de passagers qui cherchaient à obtenir des explications.
«Je n’avais ni cellulaire ni parent avec moi, alors je me suis dit: “OK, je vais me mettre en ligne et je pourrai peut-être mettre la main sur un coupon pour l’hôtel”.»
Une fois en ligne, une femme tape la jeune fille sur l’épaule et d’un accent familier, lui propose de rester avec elle et ses enfants dans leur chambre d’hôtel jusqu’à ce que les choses entrent dans l’ordre.
Louise accepte l’invitation sans hésiter.
«Je pense que tout le monde a une petite voix qui leur parle en dedans. C’est la voix de la raison et je crois qu’il faut l’écouter.»
48 HEURES DANS LE NOIR
Le black-out a duré par endroit pendant 14 jours, mais là où se trouvait Mme Arsenault, en Ontario, le courant a été rétabli après environ 48 heures.
«Je me souviens que le carrousel à bagages de l’aéroport ne fonctionnait pas. Quand on se promenait, tous les commerces étaient sans vie. On a été au restaurant Subway parce qu’il fallait manger et je me souviens que les légumes étaient chauds et le pain mou. Quand on est arrivés à l’hôtel, notre chambre était au 4e étage, donc il a fallu monter nos valises dans les escaliers en tenant des lampes de poche entre nos dents.»
La mère de Louise était morte d’inquiétude pendant ce temps. La jeune femme souligne que sa mère lui a même proposé de faire 18 heures de route pour aller la récupérer.
«Quand je lui ai dit que je restais avec une famille, elle paniquait. Elle était comme: “quoi? qui?”»
FIN HEUREUSE
Malgré les inquiétudes qu’ont pu avoir les parents de Louise, le séjour en Ontario s’est avéré enrichissant pour la jeune fille.
Seize ans plus tard, la jeune femme souligne que cette mésaventure lui a inculqué plusieurs leçons précieuses.
«J’ai appris à faire confiance aux étrangers, à mon intuition et à ignorer mes peurs, mais surtout j’ai appris que l’on récolte toujours ce que l’on sème, a-t-elle partagé. Je ne savais pas qu’en faisant un sourire à cette famille, ce jour-là, qu’un lien serait formé pour la vie.»
La mère qui avait pris la petite Louise sous son aile ce 14 août 2003 est en effet originaire de Rogersville, près de Miramichi.
«Le hasard a voulu qu’elle soit en voyage en Ontario elle aussi», a lancé Louise.
Elle s’appelle Jeannine Caissie. Mme Caissie et ses enfants, Lynn Martin et Daniel Martin, ont récemment eu l’occasion de renouer avec la femme de Dunlop.
«On a soupé ensemble la semaine dernière. C’était la première fois en 16 ans qu’on était réunis tous les quatre.» ■