Acadie Nouvelle

BAINS DE FOULE POUR LES POLITICIEN­S

- Edouard.merlo@acadienouv­elle.com

Derrière ses allures de carnaval et, ses bruyants manifestan­ts aux couleurs acadiennes, le tintamarre de Dieppe s’illustre aussi par ses revendicat­ions lui donnant une saveur politique.

La fête bat son plein dans les rues de Dieppe, tandis que jeunes et moins jeunes s’activent pour crier haut et fort leur francophon­ie. Des dizaines de milliers de personnes, armés d’ustensiles de cuisine ou d’instrument­s de musique, font résonner la ville afin de clamer leur attachemen­t à l’Acadie.

Parmi les participan­ts, Ève Léger, âgée de 17 ans, est fière de participer à un événement de cette échelle, et revendique même un combat.

«Dans ces dernières années, des partis comme l’Alliance des gens du NouveauBru­nswick attaquent la culture francophon­e dans la province. On veut montrer notre présence et lutter pour notre droit à parler et à vivre en français. On veut le pouvoir en tant que francophon­e, pour être sûr d’être entendu et respecté, quelle que soit la langue que l’on parle», s’exclame-t-elle en agitant son drapeau acadien.

Cette même passion anime Georgette Michon, originaire de Saint-Simon.

«On veut faire savoir qu’on existe. Oui, il faut toujours se battre pour notre langue. C’est important le français. Même à Dieppe, qui est à majorité francophon­e, on doit faire face à des obstacles, où il m’est arrivé de ne pas pouvoir être servi en français», lance-telle.

Pourtant, pour Nicolas Gionet, venu faire découvrir le tintamarre à ses deux enfants, l’essentiel ce soir est de faire la fête.

«Faire du bruit, c’est vraiment le fun pour les enfants, c’est comme un gros party pour eux. Je pense qu’on est bien comme francophon­e. C’est sûr qu’il faut continuer à se battre, mais aujourd’hui, c’est important juste de s’amuser et de parler en français avec tout le monde», déclare-t-il.

Et pour porter et défendre les couleurs de l’Acadie, nul besoin de parler le français. Wenda Aulia, d’origine indonésien­ne, habite à Moncton depuis plus d’un an et assiste à son deuxième tintamarre.

«J’adore ça, et c’est encore plus excitant que l’année dernière», lâche-t-elle avec un grand sourire.

«Moi-même en tant que nouvelle arrivante, je pense qu’il faut tous se soutenir, quelle que soit sa communauté. Comme les gens au Canada m’ont soutenu en tant qu’immigrante, je veux faire la même chose en retour», confie-t-elle.

Les personnali­tés politiques étaient bien présentes pour assister à ce tintamarre.

Le premier ministre du Canada Justin Trudeau était de passage pour l’événement ainsi que Andrew Scheer, chef de l’opposition officielle.

Et, coiffé d’un chapeau aux couleurs de l’Acadie, le premier ministre du NouveauBru­nswick, Blaine Higgs, se permet de blaguer.

«Beaucoup ne s’attendaien­t pas à me voir ici aujourd’hui avec ce chapeau acadien» a-t-il lancé à la foule.

Le premier ministre du NouveauBru­nswick, en a profité pour souligner l’importance du bilinguism­e, «un atout économique pour faire des affaires dans le monde».

Pour Mathieu Wade, sociologue à l’Institut d’études acadiennes de l’Université de Moncton, il n’y a rien d’étonnant à voir des personnali­tés politiques présentes pour l’événement.

«Pour les personnali­tés politiques, c’est une magnifique occasion d’avoir une belle photo parmi des marées de drapeaux acadiens. Ils n’ont rien à perdre et ne s’engagent à rien quand ils viennent», indique-t-il.

D’après lui, le tintamarre était à ses débuts une manifestat­ion aux accents politiques.

«Le tintamarre était un geste politique pour justement affirmer son identité acadienne, notamment dans les villes à majorité anglophone comme Moncton», déclare le sociologue.

Selon Mathieu Wade, le tintamarre a quelque peu évolué.

«Aujourd’hui, le côté festif l’emporte un peu sur l’aspect politique, mais il y a quelque chose en arrière-plan de politique, d’afficher cette identité qui peine à avoir une existence publique», affirme le spécialist­e. ■

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 ??  ?? Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, avec le premier ministre du Canada, Justin Trudeau. À la une, on peut voir M. Trudeau en compagnie du chef conservate­ur fédéral Andrew Scheer. - Acadie Nouvelle: Édouard Merlo
Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, avec le premier ministre du Canada, Justin Trudeau. À la une, on peut voir M. Trudeau en compagnie du chef conservate­ur fédéral Andrew Scheer. - Acadie Nouvelle: Édouard Merlo
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