Acadie Nouvelle

L’avenir de l’arbre est dans ses racines

- Serge Comeau scomo@nbnet.nb.ca

Drôle de lendemain de fête cette année. Habituelle­ment, les jours qui suivent le 15 août tournent nos regards, souvent hésitants, vers la reprise de nos activités habituelle­s. Avec le Congrès Mondial Acadien, les élans de fierté nationalis­te se prolongent. Pour notre plus grande joie.

Demain, le grand parle-ouère va commencer à l’Université de Moncton. «Le Grand parle-ouère, c’est trois jours de discussion où tout le monde est invité à venir réfléchir sur l’Acadie d’aujourd’hui et de demain.»

Il y a une chose qui me fait tiquer dans la présentati­on du forum: on semble éclipser le passé. Comme si l’histoire commençait avec nous. Pourtant, réfléchir sur l’Acadie du passé me semble un point de départ essentiel pour s’élancer dans l’avenir. Se nourrir aux idéaux de nos devanciers qui rêvaient grand pour donner une voix à l’Acadie dans le concert des nations. Apprendre l’Acadie du passé, c’est une condition pour être fidèle à celle de l’avenir.

Pour certains, le souvenir des événements du passé contribuer­ait à nous garder soit dans un rôle de victime ou dans une certaine nostalgie. Je ne souscris pas à une telle crainte. Le souvenir du passé doit faire revivre la résilience qui a été la nôtre. Ce que nos ancêtres ont pu faire hier, nous pouvons le faire aujourd’hui. Non pas faire la même chose. Plutôt faire des choses nouvelles, mais avec la même ardeur. La même espérance.

L’histoire d’un peuple (ou d’une personne), c’est un peu comme un arbre. Nous voyons les branches, les feuilles et les fruits, mais nous ne voyons pas les racines. N’empêche que l’arbre ne vit que grâce à ses racines: il leur doit tout. Imaginez un arbre qui dirait «je me sépare de mes racines, elles m’empêchent de me déplacer, pire: elles m’empêchent de voler». On devine la suite, c’est la mort de l’arbre. L’avenir de l’arbre est dans ses racines.

Notre peuple s’est construit en restant fidèle à ses racines. Le CMA est une occasion de se tourner vers le passé, non par sentiment, mais pour ne pas oublier d’où nous venons. Il ne faut pas rester là où nous sommes actuelleme­nt. Plutôt aller plus loin. Pas nécessaire­ment ailleurs, mais plus loin. On peut aller loin en affaire, en découverte, en amour, tout en restant ici. Lorsqu’un peuple cherche à grandir, il se préoccupe des racines.

Nos archives ne sont pas qu’un trésor à placer dans une bibliothèq­ue nationale. Elles sont d’abord à fréquenter pour trouver en elles les raisons de notre survivance.

C’est en fouillant le passé du monument Lefebvre que nous apprendron­s que la sauvegarde de cet édifice n’est pas un luxe. C’est aussi en visitant le passé écrit et archivé de notre peuple que nous découvriro­ns une telle richesse… au point de vouloir la conserver dans la Bibliothèq­ue Nationale de l’Acadie que j’espère voir se réaliser un jour.

Le CMA permet de rejoindre le passé comme on remonte une rivière pour trouver l’eau pure et limpide de la source. Les rencontres de famille cherchent à aller loin dans la constructi­on des arbres généalogiq­ues. Les intervenan­ts au Grand parle-ouère sauront concilier cette importance de l’histoire avec leurs réflexions essentiell­es sur l’avenir de l’Acadie. Voilà un souhait que j’ajoute au bouquet de félicitati­ons que j’envoie au CMA 2019!

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