Acadie Nouvelle

Marie-Jo Thério refuse d’entrer dans un moule

- Sylvie Mousseau sylvie.mousseau@acadienouv­elle.com @SylvieMous­seau1

Tant dans sa musique que dans son parcours de vie, Marie-Jo Thério a toujours eu l’esprit voyageur. Si ses racines acadiennes et les paysages maritimes traversent l’ensemble de son oeuvre, il reste que l’auteure-compositri­ce-interprète de Moncton a toujours voulu faire éclater l’image de l’Acadie.

«Je n’ai jamais obéi à ce que devait être une certaine image de l’Acadie, mais je me suis toujours réclamée quand même d’être d’une grande famille même si j’ai toujours eu énormément d’affection pour l’exploratio­n et le voyage, ce qui est aussi, je pense, très acadien et qui est souhaitabl­e pour n’importe quel artiste de n’importe où dans le monde», a déclaré l’artiste, affirmant du même souffle qu’on n’est pas moins acadien quand on voyage.

En 1994, lors du premier Congrès mondial acadien, Marie-Jo Thério était une jeune chanteuse de 28 ans qui cherchait sa voie. Elle n’avait pas encore sorti d’album.

«Je n’étais pas encore non plus complèteme­nt affirmée comme une chanteuse avec une signature, une audace et un sens du risque. Ce sont des choses qui sont venues peu de temps après où j’ai vraiment commencé à embrasser ma propre aventure musicale et à griffonner ma propre signature et surtout le sens du risque.»

Celle qui était montée sur la scène du spectacle du 15 août en 1994 pour interpréte­r Évangéline avec la soprano Rosemarie Landry confie avoir vécu un grand moment d’émotion.

Elle estime que le premier CMA a donné un grand coup de fouet au peuple acadien. Elle considère que l’Acadie doit énormément à Jean-Marie Nadeau qui a eu l’idée de ce fameux congrès.

«On devrait lui rendre un peu ce qu’on lui doit à ce niveau-là même si les gens qui sont aujourd’hui en train de préparer, de vivre le congrès, de faire le point, sont aussi très importants.»

LE GOÛT DU RISQUE

Marie-Jo Thério, qui est aussi comédienne qu’on peut voir notamment dans la comédie télévisée À la Valdrague, n’a jamais refait la même chose. Elle n’a pas voulu suivre de mode ou se plier aux exigences de l’industrie de la musique. Elle considère qu’elle en a parfois payé le prix.

Sa musique se fonde principale­ment sur ses racines, son identité et sa ville natale. Les poètes, la culture et la vie en Acadie ont nourri sa musique. On a qu’à penser aux chansons À Moncton, Café Robinson ou encore Les matins habitables sur un poème de Gérald Leblanc et plus récemment son projet audacieux Chasing Lydie sur sa grand-tante Lydia LeBlanc qui a émigré au Massachuse­tts. Elle propose une musique éclatée, mais bien ancrée dans son territoire d’origine.

«L’Acadie a toujours été dans le mouvement cellulaire qui a activé la création de la musique ou des chansons. L’Acadie pour moi, c’est comme un parent qui nous a donné naissance, mais ce n’est pas parce qu’on nous a donné naissance qu’on doit gérer l’existence de l’enfant qui devient adulte. Il y a un moment où il faut pouvoir se détacher de la maison. Pour moi, l’artiste c’est quelqu’un qui doit avoir un mouvement propre, qui ne doit pas obéir à sa maman. C’est quelqu’un qui doit aimer totalement et s’il y a quelque chose du fond de nos entrailles qui surgit, il ne faut surtout pas l’empêcher de faire.»

Celle qui a quitté Moncton à l’âge de 17 ans pour s’établir à Montréal et voyager a toujours eu une musique éclatée. Elle a toujours fait des allers-retours entre le Québec, la France, le Costa Rica et Moncton.

Selon la chanteuse, l’Acadie doit s’ouvrir sur le monde plus que jamais.

«C’est de pouvoir vraiment s’intéresser aux voisins qui arrivent et pas seulement se demander s’ils vont parler français ou anglais. Il ne faut jamais oublier que nous les Acadiens, on a été sur tous les ports en attente d’être accueillis dans des terres qui nous ont souvent laissés sur le port et donc je pense que s’il y a un peuple qui doit être à l’affût de cet immense bouleverse­ment qu’on est en train de vivre sur cette planète, c’est le nôtre.»

HOMMAGE À GÉRALD LEBLANC

Marie-Jo Thério, qui offrira un spectacle à l’Espace Extrême Frontière, rendra hommage au regretté poète Gérald Leblanc. Le nom de ce village urbain en plein coeur de Moncton érigé pendant le CMA s’inspire d’un titre de ses recueils.

«On va revisiter les chansons que les gens connaissen­t, on va essayer de le faire en honorant l’espace Extrême frontière qui a besoin d’être honoré, parce que c’est Gérald Leblanc qui nous a laissé tout un héritage. On va essayer de le faire dans cette optique avec quelques invités.»

L’auteure-compositri­ce-interprète a un nouveau projet musical en tête qu’elle entend peaufiner cet automne. Quand on lui demande d’en préciser un peu la nature, elle répond simplement: «ce sera du Marie-Jo Thério», suivi d’un sourire un peu espiègle.

La chanteuse sera en spectacle, le 19 août, sur la scène de l’Extrême frontière à compter de 20h. Elle partagera la scène avec Chloé Breault, Vishtèn et Yann Perreau. ■

«Je n’avais pas du tout vu venir la grande marée qui allait s’emparer de nous, une telle émotion humaine et de se laisser emporter (…). On arrivait tous d’horizons différents… Je voyais des couleurs apparaître sur les maisons. Je voyais des gens qui pouvaient avoir une certaine timidité dans leur rapport à l’Acadie qui tout d’un coup devenait très manifesté», a relaté la chanteuse qui arrivait alors de la Russie.

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- Acadie Nouvelle: Sylvie Mousseau Marie-Jo Thério n’a jamais voulu suivre de mode ou se plier aux exigences de l’industrie de la musique au cours de sa carrière.
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