Scary Stories to Tell in the Dark: long et ennuyeux
Doit-on exposer nos enfants à l’horreur? Cette question divise depuis la parution d’une trilogie de livres intitulée Scary Stories to Tell in the Dark, en 1981. Le sujet revient à l’avant-plan ces jours-ci alors que l’adaptation de ces trois romans d’épouvante est présentée au cinéma.
Controversés classiques de la littérature anglo-saxonne, les trois volumes de la série Scary Stories regroupent environ 80 courtes nouvelles rédigées par Alvin Schwartz qui ont toutes le même objectif: faire peur.
Ces histoires, qui s’inspirent de T.S. Elliot, de Mark Twain, de légendes urbaines et du folklore notamment, s’adressent à un jeune public.
Depuis la sortie de l’oeuvre (le dernier volume a été publié en 1991), de nombreux organismes militent afin que les écrits de Schwartz soient évincés des bibliothèques scolaires américaines. Jusqu’ici sans succès.
Leur mission s’annonce doublement difficile étant donné qu’une adaptation cinématographique de Scary Stories - coécrite et produite par le grand Guillermo del Toro - est présentée en salle depuis une semaine, ce qui devrait décupler la popularité de l’oeuvre originale.
Tourné en Ontario par le réalisateur norvégien André Ovredal (à qui l’on doit notamment le magnifique Troll Hunter), le film nous offre quelques bons moments de tension et a su créer quelques «monstres» originaux - probablement sous l’influence de del Toro.
Son scénario emprunte toutefois entièrement à certains classiques de l’horreur comme The Ring (2002), It (2017) et The Orphanage (2007).
Et, bien honnêtement, en raison de son caractère morbide, je crois que le film devrait être réservé aux jeunes âgés de plus de 13 ans.
LA MALÉDICTION DE SARAH
Le soir de l’Halloween 1968, dans une petite ville de la Pennsylvanie, quatre amis pénètrent dans une maison réputée pour être hantée.
C’est dans ce domicile que vivait soit-disant une jeune femme difforme, honnie par sa famille, qui passait ses journées enfermée.
Pour passer le temps, la jeune femme en question - prénommée Sarah - écrivait des histoires d’horreur. La légende veut que tous ceux qui ont entendu lesdites histoires sont morts peu après...
Sur place, les quatre jeunes découvrent une pièce cachée et un livre rempli de récits effrayants. En l’ouvrant, ils réalisent, stupéfaits, qu’une histoire s’écrit sous leurs yeux.
Quand ils se rendent compte que ce qui vient d’être écrit s’est réellement produit - et a mené à la disparition d’un adolescent -, les quatre jeunes vont tenter de comprendre ce qui a bien pu arriver à Sarah.
Ils devront faire vite, car ils pourraient bien être les prochaines victimes de la malédiction...
ATYPIQUE ET LONG
Parce qu’il s’adresse à un public juvénile et en raison du matériel dont il s’inspire, Scary Stories n’est pas un film d’horreur conventionnel.
Ici, pas d’effusion de sang, de massacre à la tronçonneuse ou de bêtes affamées.
L’oeuvre est en fait une longue histoire très convenue qui est entrecoupée de courtes scènes d’horreur - quand un des personnages principaux se retrouve cité dans le livre de Sarah.
Si la qualité des scènes d’épouvante oscille de passable à plus que correcte, celles-ci compte pour à peine 10% du temps d’écran. Pour le reste, on accompagne notre joyeuse petite bande d’amis dans sa quête afin d’élucider le mystère de Sarah.
Le hic, c’est que cette enquête et tout ce qui l’entoure sont extrêmement longs et banals, en plus de manquer cruellement d’originalité.
Nos héros qui se rendent dans les locaux du journal local et de l’hôpital psychiatrique afin de consulter les archives... La malédiction de Sarah qui s’incarne par le pire cauchemar de ses victimes... La maison hantée... La jeune femme cachée aux yeux du monde par sa famille...
Tout ça n’a rien de bien nouveau et semble par moment tiré tout droit d’un épisode de Scooby-Doo...
Le film alterne d’ailleurs constamment entre rationnel (l’enquête) et le fantastique (la malédiction et l’horreur). Tellement qu’à un certain moment, on ne sait plus trop si on doit espérer un dénouement qui soit réaliste.
Le pire reste toutefois les longueurs entre les rares scènes d’horreur.
Peut-être qu’un petit anglophone qui a lu les livres de Schwartz sera assis sur le bout de son siège impatient de découvrir laquelle des histoires de l’auteur prendra vie sous ses yeux.
Mais pour le francophone que je suis, le film m’a semblé interminable et m’a profondément ennuyé. ■