Dame Nature au rendez-vous pour le 36e défilé de la Fierté à Montréal
Des milliers de personnes ont envahi dimanche après-midi le boulevard René-Lévesque, au centre-ville de Montréal, pour le 36e défilé de la Fierté à Montréal. L’ambiance était à la fête le long du parcours de 2,7 km, où une trentaine de chars allégoriques et de fanfares ont défilé, accompagnés de 12 000 marcheurs.
Tous les chefs des partis provinciaux et fédéraux étaient présents, sauf le chef conservateur Andrew Scheer et celui du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, qui brillaient par leur absence. La mairesse de Montréal, Valérie Plante a marché aux côtés des premiers ministres Legault et Trudeau.
Le défilé de la Fierté vient clore 11 jours de festivités dans la métropole, la fête devrait toutefois continuer jusque tard en soirée au parc des Faubourgs, dans Le Village, dans le cadre du «méga T-Danse», au rythme de la musique proposée par des DJ.
«C’est un défilé très important pour l’avancement des droits LGBT, pour atteindre la pleine acceptation et reconnaissance sociale», a expliqué le président fondateur de Fierté Montréal, Éric Pineault, en entrevue à La Presse canadienne.
«On est devenu un des six plus grands festivals au Québec, tous festivals confondus. Alors, c’est une belle croissance. On voit que la population est derrière nous», ajoute-t-il visiblement heureux.
Selon le président de Fierté Montréal, près de la moitié des spectateurs sont des gens venus expressément pour le Festival de Fierté Montréal tandis que l’autre moitié est composée de gens qui viennent en famille.
Quant aux touristes, près de 25% proviennent de l’extérieur du Québec, principalement d’Europe.
«C’est vraiment drôle lorsqu’on sait qu’on est collé sur les États-Unis et l’Ontario, songe à voix haute M. Pineault. C’est quand même un bon signe. Ça démontre qu’à l’international le message passe bien aussi.»
LES RETOMBÉES ÉCONOMIQUES
Les retombées économiques directes de l’événement sont estimées à plus de 15 millions $, selon Fierté Montréal. L’organisme croit même avoir atteint les 2,5 millions d’entrées à ses divers événements, ce que le bilan devra ensuite confirmer.
Le festival de Fierté Montréal a commencé le 8 août dernier, proposant 256 événements où la musique et la danse étaient bien évidemment à l’honneur, tout comme les traditionnels spectacles de drag-queen. Les visites guidées du village ont aussi gagné en popularité, souligne M. Pineault.
«Ça fait déjà quatre ans qu’on fait ces visites-là. C’est très en demande et c’est l’association des guides de Montréal qui prend en charge ce volet.»
ENCORE LA CIBLE DE PROPOS DISCRIMINATOIRES
Malgré toute cette ambiance qui était à la fête, il reste encore beaucoup de travail de sensibilisation à faire, de l’aveu du président de Fierté Montréal.
«Cette année, on voit un nombre record de propos transphobes et homophobes sur nos plateformes sociales. C’est du jamais vu! Plus notre notoriété augmente, plus ces commentaires apparaissent.»
S’il s’agissait du 36e défilé de la Fierté dans les rues de Montréal, il faut savoir que le mouvement a été amorcé il y a 40 ans dans la métropole, avec une interruption pendant quatre années dans les débuts de ce défilé qui n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis.
«La première marche s’est tenue en 1979. Elle était organisée par M. John Banks que nous allons honorer tout juste avant le défilé de cette année. Il y a eu plusieurs organismes, dont Diversité, qui ont pris la relève (...) et c’est Fierté Montréal qui l’organise depuis 2007.»
MONTRÉAL CANDIDATE DU WORLD PRIDE 2023
Même s’il reste encore du travail à faire M. Banks a de quoi être fier devant tout le chemin parcouru.
La ville de Montréal est candidate pour la tenue du Word Pride en 2023.
«Si je peux me permettre l’analogie, le World Pride, c’est un peu les Jeux olympiques de notre communauté, explique Éric Pineault. C’est un grand rassemblement mondial. Cette année, c’était à New York et ça se promène comme ça aux deux, trois ans partout dans le monde.»
Mais deux autres villes sont aussi en lice pour cet événement d’envergure qui pourrait considérablement faire augmenter le nombre de visiteurs durant les 11 jours de festivités à Montréal.
«À New York, le maire a annoncé 3 millions de festivaliers», dit-il un peu rêveur, mais pas moins confiant.
D’ailleurs, toute l’équipe de Fierté Montréal devra voter aux prochaines élections fédérales par anticipation puisque ses membres seront à Athènes la veille, le 20 octobre, pour la conférence où sera annoncée la ville gagnante parmi les candidates: soit Montréal (Canada), Houston (États-Unis) et Sydney (Australie). ■
«Ce serait une édition de Fierté Montréal qu’on pourrait dire sous stéroïdes», affirme son président en rigolant.