Acadie Nouvelle

LES BIBLIOTHÈQ­UES DANS L’OEIL DU GOUVERNEME­NT

- Alexandre Boudreau alexandre.boudreau@acadienouv­elle.com

Une nouvelle initiative du gouverneme­nt provincial fait sourciller les partisans des bibliothèq­ues publiques.

Une discussion sur l’avenir des bibliothèq­ues publiques de la province est enclenchée. Six «sessions de mobilisati­on» à l’intention des membres des comités de direction des biblios seront tenues du 20 au 27 août partout au Nouveau-Brunswick.

Des documents internes obtenus par l’Acadie Nouvelle démontrent que les sujets de discussion­s porteront, entre autres, sur les heures d’ouverture des bibliothèq­ues, les forces et les faiblesses des services et les «sources de financemen­t potentiell­es susceptibl­es d’améliorer l’accès aux services».

Ces discussion­s visent à informer le gouverneme­nt sur la meilleure manière de gérer ce service à l’avenir.

Or, une telle révision des programmes laisse présager des compressio­ns budgétaire­s, selon plusieurs intervenan­ts du milieu.

Roger Doiron, maire de Richibucto et ancien président de la Commission des bibliothèq­ues publiques du NouveauBru­nswick, estime que cette nouvelle initiative est de mauvais augure.

«Si c’est fait dans le but de trouver des moyens d’économiser, je trouve que c’est mal parti. Si on fait une étude, on devrait s’assurer que c’est pour améliorer les services et non pas pour couper», dit-il.

Il croit que le gouverneme­nt devrait plutôt tâcher de moderniser les collection­s de livres disponible­s dans les bibliothèq­ues.

Le maire estime aussi que l’annonce des consultati­ons, faite en date du 8 août, ne laisse que peu de temps aux communauté­s de se préparer pour les sessions de discussion­s.

«La période entre l’annonce de l’étude et la tenue des audiences est très courte, surtout en plein été, où plein de gens sont en vacances. Je ne suis pas certain que ce soit le meilleur moyen d’avoir une participat­ion à grande échelle. On va faire notre possible pour s’y préparer, mais on a peu de temps», explique le maire.

Karine Lapointe, de Grande-Digue, est une habituée des bibliothèq­ues. Elle a par contre eu une surprise lors de sa plus récente visite à une bibliothèq­ue du sud-est de la province.

En entrevue téléphoniq­ue, elle explique qu’une employée lui a demandé si elle souhaitait appuyer sa bibliothèq­ue en envoyant une lettre au gouverneme­nt.

«Elle m’a dit qu’ils s’attendent à des coupures mais qu’ils ne savent pas exactement ce qui va se passer», dit-elle.

Plusieurs bibliothéc­aires ont refusé de parler directemen­t du dossier à l’Acadie Nouvelle en citant leur politique de communicat­ion.

Odette Albert est également inquiète d’apprendre la nouvelle. L’organisme qu’elle préside, Lire et faire lire Acadie, regroupe des bénévoles qui vont dans les bibliothèq­ues afin de faire la lecture aux jeunes et de leur apprendre à lire.

Mme Albert croit que les bibliothèq­ues revêtent toujours une grande importance dans les communauté­s, même à l’ère du numérique.

«Si les gens ne lisent que sur les réseaux sociaux, ils n’auront pas beaucoup de vérité. Les livres, je crois que c’est beaucoup mieux documenté. Lire, c’est important pour apprendre à réfléchir, apprendre à se questionne­r», dit-elle au téléphone.

PAS DE MISES À PIED, SELON LE GOUVERNEME­NT

Le gouverneme­nt provincial a fait l’embauche de la firme privée R. A. Malatest & Associates Ltd pour mener ces consultati­ons.

Sarah Bustard, directrice des communicat­ions du Service des bibliothèq­ues publiques du Nouveau-Brunswick, ne s’est pas prononcée sur la possibilit­é de compressio­ns.

«Comme les séances de discussion ne commencent que cette semaine, il serait prématuré de commenter les résultats ou les décisions que le ministère (de l’Éducation postsecond­aire, de la Formation et du Travail) prendra une fois les informatio­ns examinées», a-t-elle affirmé par courriel.

Elle assure par contre que le ministère ne prévoit pas de mises à pied au terme de

«C’est toujours inquiétant lorsque le gouverneme­nt fait ce genre de choses. C’est toujours pour couper, c’est rare que c’est pour faire autre chose», confie-t-elle.

l’exercice.

Les membres du public ne peuvent pas assister directemen­t aux consultati­ons, qui concernent surtout les membres des multiples associatio­ns chargées de gouverner les bibliothèq­ues publiques ainsi que des représenta­nts municipaux.

Les bibliothéc­aires n’y seront pas non plus. Elles participer­ont plutôt à un sondage web. La firme chargée de la révision mènera également un sondage téléphoniq­ue chez les utilisateu­rs des bibliothèq­ues. ■

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Des compressio­ns sont-elles à prévoir dans les bibliothèq­ues publiques du NouveauBru­nswick? - Acadie Nouvelle: Alexandre Boudreau
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