LES BIBLIOTHÈQUES DANS L’OEIL DU GOUVERNEMENT
Une nouvelle initiative du gouvernement provincial fait sourciller les partisans des bibliothèques publiques.
Une discussion sur l’avenir des bibliothèques publiques de la province est enclenchée. Six «sessions de mobilisation» à l’intention des membres des comités de direction des biblios seront tenues du 20 au 27 août partout au Nouveau-Brunswick.
Des documents internes obtenus par l’Acadie Nouvelle démontrent que les sujets de discussions porteront, entre autres, sur les heures d’ouverture des bibliothèques, les forces et les faiblesses des services et les «sources de financement potentielles susceptibles d’améliorer l’accès aux services».
Ces discussions visent à informer le gouvernement sur la meilleure manière de gérer ce service à l’avenir.
Or, une telle révision des programmes laisse présager des compressions budgétaires, selon plusieurs intervenants du milieu.
Roger Doiron, maire de Richibucto et ancien président de la Commission des bibliothèques publiques du NouveauBrunswick, estime que cette nouvelle initiative est de mauvais augure.
«Si c’est fait dans le but de trouver des moyens d’économiser, je trouve que c’est mal parti. Si on fait une étude, on devrait s’assurer que c’est pour améliorer les services et non pas pour couper», dit-il.
Il croit que le gouvernement devrait plutôt tâcher de moderniser les collections de livres disponibles dans les bibliothèques.
Le maire estime aussi que l’annonce des consultations, faite en date du 8 août, ne laisse que peu de temps aux communautés de se préparer pour les sessions de discussions.
«La période entre l’annonce de l’étude et la tenue des audiences est très courte, surtout en plein été, où plein de gens sont en vacances. Je ne suis pas certain que ce soit le meilleur moyen d’avoir une participation à grande échelle. On va faire notre possible pour s’y préparer, mais on a peu de temps», explique le maire.
Karine Lapointe, de Grande-Digue, est une habituée des bibliothèques. Elle a par contre eu une surprise lors de sa plus récente visite à une bibliothèque du sud-est de la province.
En entrevue téléphonique, elle explique qu’une employée lui a demandé si elle souhaitait appuyer sa bibliothèque en envoyant une lettre au gouvernement.
«Elle m’a dit qu’ils s’attendent à des coupures mais qu’ils ne savent pas exactement ce qui va se passer», dit-elle.
Plusieurs bibliothécaires ont refusé de parler directement du dossier à l’Acadie Nouvelle en citant leur politique de communication.
Odette Albert est également inquiète d’apprendre la nouvelle. L’organisme qu’elle préside, Lire et faire lire Acadie, regroupe des bénévoles qui vont dans les bibliothèques afin de faire la lecture aux jeunes et de leur apprendre à lire.
Mme Albert croit que les bibliothèques revêtent toujours une grande importance dans les communautés, même à l’ère du numérique.
«Si les gens ne lisent que sur les réseaux sociaux, ils n’auront pas beaucoup de vérité. Les livres, je crois que c’est beaucoup mieux documenté. Lire, c’est important pour apprendre à réfléchir, apprendre à se questionner», dit-elle au téléphone.
PAS DE MISES À PIED, SELON LE GOUVERNEMENT
Le gouvernement provincial a fait l’embauche de la firme privée R. A. Malatest & Associates Ltd pour mener ces consultations.
Sarah Bustard, directrice des communications du Service des bibliothèques publiques du Nouveau-Brunswick, ne s’est pas prononcée sur la possibilité de compressions.
«Comme les séances de discussion ne commencent que cette semaine, il serait prématuré de commenter les résultats ou les décisions que le ministère (de l’Éducation postsecondaire, de la Formation et du Travail) prendra une fois les informations examinées», a-t-elle affirmé par courriel.
Elle assure par contre que le ministère ne prévoit pas de mises à pied au terme de
«C’est toujours inquiétant lorsque le gouvernement fait ce genre de choses. C’est toujours pour couper, c’est rare que c’est pour faire autre chose», confie-t-elle.
l’exercice.
Les membres du public ne peuvent pas assister directement aux consultations, qui concernent surtout les membres des multiples associations chargées de gouverner les bibliothèques publiques ainsi que des représentants municipaux.
Les bibliothécaires n’y seront pas non plus. Elles participeront plutôt à un sondage web. La firme chargée de la révision mènera également un sondage téléphonique chez les utilisateurs des bibliothèques. ■