Les lynx du Canada se font plus nombreux dans le nord du N.-B.
La population n’a toutefois rien à craindre, selon un spécialiste
La population de lynx du Canada est à la hausse au Nouveau-Brunswick, particulièrement dans le nord de la province. Les amateurs du plein air n’ont cependant rien à craindre: ces grands chats sauvages ne sont pas une menace pour les humains.
Mathieu LeBouthillier a eu droit à toute une rencontre, il y a deux semaines, sur le chemin des Ressources, entre Bathurst et Saint-Quentin.
Retournant chez lui à la suite d’un quart de travail, il a croisé un grand chat sauvage. Il a arrêté sa voiture afin de prendre des photos avec son téléphone portable. Il a même réussi à sortir du véhicule et s’approcher un peu sans que le félin s’enfuie. L’animal semblait plus curieux que craintif, tournant son regard directement vers l’homme pendant qu’il prenait un cliché.
Ces rencontres risquent de devenir plus communes dans le nord de la province.
Jonathan Cormier, biologiste spécialiste des chats sauvages du gouvernement provincial, précise d’entrée de jeu que le grand chat vu par M. LeBouthillier est un lynx du Canada, et pas un lynx roux (bobcat) comme l’ont suggéré certains commentateurs sur la page Facebook de M. LeBouthillier. La longueur des poils autour de ses oreilles permet de l’identifier comme tel.
Le lynx du Canada habite dans les climats plus froids. Le nord du NouveauBrunswick se situe dans le sud de son aire de répartition.
Certains signes laissent conclure que «la population de lynx est à la hausse» dans la province, selon M. Cormier.
«Nos employés sondent les pistes de différents animaux à travers la province. Ils comptent le nombre de pistes de chaque animal. Nous voyons une tendance à la hausse pour les pistes de lynx (du Canada).»
L’animal étant toujours relativement rare au Nouveau-Brunswick, le biologiste ne connait pas le nombre exact de sa population.
M. Cormier affirme que les personnes qui se promènent dans la forêt n’ont pas à craindre les lynx du Canada. Depuis le début de sa carrière, il n’a jamais entendu parler d’une attaque.
«Je n’ai jamais entendu parler d’un cas où un lynx - ou un bobcat - est venu en contact avec une personne. Ils nous voient bien avant que nous les voyions. Ils sont habituellement partis bien avant que nous arrivions.»
L’aire de répartition du lynx au Nouveau-Brunswick a été réduite au cours de l’histoire en raison de l’établissement des humains et de la déforestation. Pour cette raison, la chasse au lynx est interdite dans la province. Il s’agit d’une des deux seules provinces de son aire de répartition où c’est le cas, l’autre étant la NouvelleÉcosse. L’espèce est aussi disparue de l’Îledu-Prince-Édouard depuis la fin des années 1880.
À l’échelle nationale, le lynx du Canada est loin d’être à risque. Une évaluation de l’espèce en 2010 a permis de la classer comme étant «en sécurité». Le ministère de l’Environnement et des Changements climatiques du Canada souligne que sa population fluctue au rythme de sa proie principale, le lièvre d’Amérique. Même en période creuse, on estime qu’il y en a environ 110 000 au pays.
Le lynx roux, lui, habite surtout dans le sud de la province. Il est encore plus évasif que le lynx du Canada. Même s’il travaille souvent dans la forêt et s’y rend fréquemment pour le loisir, M. Cormier n’a vu qu’un de ces grands félins dans sa vie.
Les biologistes de Fredericton estiment qu’il y a 2500 à 3000 lynx roux dans la province. Environ 200 sont capturés chaque année pour leur fourrure dans le cadre d’une chasse qui s’étend de minovembre à la fin février. ■