Acadie Nouvelle

L’activité physique pour combattre la maladie d’Alzheimer

- Jean-Benoit Legault

Trois nouvelles études réalisées par un chercheur américain qui s’intéresse à la question de longue date fournissen­t de nouvelles indication­s que l’activité physique serait en mesure de combattre la maladie d’Alzheimer.

Ces études ont été présentées par Ozioma Okonkwo, de l’Université du Wisconsin, lors du récent congrès annuel de l’American Psychology Associatio­n.

La première étude semble démontrer que le cerveau de gens physiqueme­nt actifs utilise le glucose plus efficaceme­nt que celui de gens sédentaire­s. Le glucose est essentiell­ement le carburant du cerveau, et sa consommati­on est un bon indicateur indirect de l’activité de différente­s régions cérébrales.

M. Okonkwo a recruté 23 sujets sédentaire­s à risque élevé de souffrir de la maladie d’Alzheimer. Onze d’entre eux ont été soumis à un programme d’entraîneme­nt de six mois pour améliorer leur santé aérobique et les autres ont servi de contrôle. Au bout de six mois, les membres du premier groupe métabolisa­ient plus efficaceme­nt le glucose que les autres et leur performanc­e lors de tests de fonction cognitive était meilleure.

«C’est intéressan­t, parce qu’une utilisatio­n accrue du glucose, ça voudrait dire que les neurones sont en meilleure santé ou bien que l’apport de glucose par le système vasculaire est meilleur, a commenté le professeur LouisÉric Trudeau, du départemen­t de pharmacolo­gie et physiologi­e de l’Université de Montréal. Il peut y avoir beaucoup d’effets positifs de l’exercice soit directemen­t sur les neurones ou sur le système vasculaire.»

La deuxième étude présentée par le docteur Okonkwo et ses collègues a constaté que les gens ayant une bonne santé aérobique présentaie­nt moins de biomarqueu­rs pour la maladie d’Alzheimer que les autres. Enfin, la dernière étude témoignait de neurones apparemmen­t en meilleure santé chez les sujets en bonne santé aérobique.

Le professeur Okonkwo multiplie les études qui approfondi­ssent l’effet protecteur de l’activité physique face à des maladies neurodégén­ératives comme l’Alzheimer.

L’ensemble de son oeuvre porte à penser que l’activité physique a un impact important sur les procédés biologique­s responsabl­es de l’Alzheimer et qu’ils sont même en mesure de contrer - ou à tout le moins d’atténuer des facteurs de risque aussi puissants que la génétique et le vieillisse­ment.

«On le voit dans plusieurs maladies neurodégén­ératives: l’activité physique semble avoir un effet protecteur, ralentir la progressio­n de la maladie d’Alzheimer, mais aussi de la maladie de Parkinson, et donc c’est une raison de plus pour nous motiver à changer notre mode de vie, a dit le professeur Trudeau. Pour les médicament­s, il y a toujours un effet thérapeuti­que voulu, puis il y a des effets secondaire­s qui sont le prix à payer pour pouvoir utiliser les médicament­s. Pour ce qui est d’une activité physique régulière, il n’y a à peu près pas de désavantag­es, et il y a des avantages qu’on peut voir dans plusieurs maladies.»

Et même si la médecine ne comprend pas encore exactement «comment l’activité physique régulière réussit à améliorer autant de choses dans notre physiologi­e, poursuit-il, globalemen­t, c’est clair que ça fonctionne: plusieurs types de protocoles de mise en forme aident les gens à progresser au niveau cognitif». ■

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