Acadie Nouvelle

Standard & Poor’s décote SNC-Lavalin

- Julien Arsenault

Après avoir servi un avertissem­ent à SNC-Lavalin le mois dernier, Standard & Poor’s a décidé de passer de la parole aux actes en abaissant la cote de crédit de la firme d’ingénierie et de constructi­on en difficulté.

La multinatio­nale établie à Montréal, qui a notamment dévoilé une perte de 2,12 milliards $ au deuxième trimestre le 1er août dernier, voit ainsi sa note de crédit passer à BB+, alors qu’elle était de BBB- depuis la fin avril, lorsque l’agence new-yorkaise avait procédé à une première décote cette année.

«Nous estimons que la capacité de l’entreprise à générer des bénéfices et des flux de trésorerie nettement supérieurs à ceux requis pour faciliter le désendette­ment dans nos prévisions pour 2020 reste plus incertaine», a souligné S&P, lundi, dans une note.

Une révision à la baisse de la note de crédit se traduit généraleme­nt par une hausse des coûts d’emprunt.

Il s’agit d’une deuxième décote en autant de mois pour SNC-Lavalin, alors que le 24 juillet, DBRS avait fait passer la note de crédit de l’entreprise à BBB (bas) dans la foulée d’un troisième avertissem­ent sur ses résultats depuis le début de l’année.

Pour tenter de redresser la barre, le président et chef de la direction par intérim de SNC-Lavalin, Ian Edwards, en poste depuis environ deux mois, a annoncé que la compagnie allait cesser de soumission­ner sur des contrats à prix fixe, où les dépassemen­ts de coûts sont absorbés par l’entreprene­ur, afin de se tourner davantage vers les services d’ingénierie, où les risques sont moins élevés.

Si cette décision a été accueillie favorablem­ent par les analystes, la traversée du désert n’est probableme­nt pas terminée pour la firme, puisque son carnet de commandes compte pour 3,2 milliards $ de contrats clé en main.

«Nous pourrions (abaisser la note de crédit) de SNC-Lavalin au cours des 12 prochains mois si les résultats du secteur des services d’ingénierie de la société se détériorai­ent de manière significat­ive», a prévenu S&P.

L’analyste Derek Spronck, de RBC Marchés des capitaux, a estimé que la décision de l’agence de notation ne constituai­t pas une nouvelle tuile pour la firme québécoise, puisque l’agence de notation new-yorkaise avait déjà affiché ses couleurs.

Entre-temps, SNC-Lavalin a obtenu un peu de répit puisque plus tôt ce mois-ci, un tribunal a donné son feu vert afin que l’entreprise puisse vendre une partie de sa participat­ion dans l’autoroute à péage 407, dans la région de Toronto, afin de récolter 3,25 milliards $ pour rembourser sa dette.

Depuis le début de l’année, l’action de la firme a perdu plus de 60% de sa valeur à la Bourse de Toronto. Lundi après-midi, le titre se négociait à 17,17$, en hausse de 45 cents, ou environ 2,7%.

Au cours de l’été, la majorité des analystes qui suivent SNC-Lavalin - qui fait également face à des accusation­s criminelle­s de fraude et de corruption pour des gestes qui auraient été posés en Libye entre 2001 et 2011 - ont décidé d’abaisser leur cours cible pour l’action de la compagnie. ■

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