Acadie Nouvelle

De Longueuil à Moncton

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Depuis trois ans, le Réseau de santé Vitalité compte sur une viceprésid­ente aux services cliniques qui vit dans la région de Montréal et qui ne passe que quelques jours par semaine à Moncton. Ce n’est pas un scandale. Mais c’est très loin d’être une situation idéale.

Le rôle des vice-présidents d’une organisati­on comme le Réseau de la santé Vitalité ne consiste pas uniquement à assister une fois par mois à une réunion du conseil d’administra­tion. Ils jouent un rôle majeur de leadership et de gestion.

Johanne Roy n’est d’ailleurs pas uniquement vice-présidente aux services cliniques. Elle occupe notamment des fonctions importante­s à la direction du Centre hospitalie­r universita­ire Dr-Georges-L.-Dumont.

Personne ne doute de ses qualificat­ions. Nous parlons ici d’une femme expériment­ée qui a occupé des emplois de cadres supérieurs dans divers hôpitaux québécois depuis le début des années 1990. Elle a été directrice générale adjointe de l’Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal, un poste qui vient avec d’importante­s responsabi­lités.

C’est ce qui fait dire au président-directeur général du Réseau de santé Vitalité, Gilles Lanteigne, que «le réseau est chanceux d’avoir une personne du calibre de Mme Roy pour ce poste névralgiqu­e».

Il a raison. C’est le genre de fonctions qui ne peut être occupé par n’importe qui. On ne joue pas avec le bon fonctionne­ment d’un hôpital ni avec la vie des gens.

Le fait que Mme Roy est Québécoise en agace plus d’un. N’y a-t-il pas un Acadien quelque part qui possède les compétence­s pour occuper la fonction?

Précisons toutefois que Vitalité n’est pas la première ni la dernière à se tourner vers d’autres provinces pour obtenir une expertise dont elle a besoin.

Des organisati­ons comme Assomption Vie, l’Université de Moncton et UNI Coopératio­n financière ont été dirigées par le passé par des Québécois. Le gouverneme­nt du Nouveau-Brunswick se tourne régulièrem­ent vers des conseiller­s et firmes de l’extérieur avec, il est vrai, des résultats pas toujours concluants.

Notons toutefois que le programme Chances égales pour tous n’aurait peut-être jamais vu le jour si le premier ministre Louis J. Robichaud n’avait pu compter sur l’aide de fonctionna­ires prêtés par des gouverneme­nts d’autres provinces.

Pour revenir au domaine de la santé, personne ne se plaint quand un médecin remplaçant (un locum) est dépêché du Québec pour permettre à une salle d’urgence néobrunswi­ckoise de rester ouverte. L’important est que les services sont offerts et qu’ils sont de bonne qualité.

Ce ne sont donc pas les compétence­s de Johanne Roy ni sa citoyennet­é québécoise qui font chicoter. C’est plutôt le fait qu’elle vive au Québec et que le Réseau de santé Vitalité doit payer ses déplacemen­ts en avion et son hébergemen­t, en plus de son salaire.

Si on se fie à ses notes de frais, elle ne reste jamais plus que quelques jours à la fois dans la région. Une situation qui doit certaineme­nt en frustrer plus d’un au sein de l’hôpital Dr-Georges-L.-Dumont et du Réseau de santé Vitalité.

Le PDG Gilles Lanteigne a beau se faire rassurant, il réalise que la situation n’est pas idéale.

D’abord, l’arrangemen­t avec Mme Roy est temporaire. Elle occupe le poste sur une base intérimair­e. M. Lanteigne a confié à l’Acadie Nouvelle que son organisati­on déploie des trésors d’efforts et d’imaginatio­n pour trouver la perle rare, «quelqu’un de haut niveau qui a de l’expérience dans le milieu universita­ire et dans de grandes institutio­ns».

S’il était complèteme­nt à l’aise avec la situation actuelle, M. Lanteigne aurait abandonné ses recherches il y a longtemps. Sans lire dans ses pensées, on devine qu’il préférerai­t avoir, plus tôt que tard, un viceprésid­ent en poste à temps plein à Moncton qu’il n’aurait pas besoin de faire venir au Nouveau-Brunswick par avion quelques jours par semaine.

Bref, ce n’est pas l’arrangemen­t avec Mme Roy qui est problémati­que. C’est le fait qu’il dure depuis si longtemps, au point où ce qui est inhabituel est devenu à la longue une normalité.

Dans ce dossier, le véritable enjeu n’est pas le fait que Vitalité dépense quelques dizaines de milliers de dollars chaque année pour faire venir une Longueuill­oise dans notre province. C’est plutôt l’incapacité du Réseau de santé Vitalité à convaincre des candidats de haut niveau d’occuper ce poste, qu’ils soient Acadiens, Québécois ou autres.

Le Réseau de santé Vitalité joue un rôle crucial dans le bon fonctionne­ment de notre système de santé.

Le fait qu’il peine à recruter des dirigeants de calibre, de la même manière qu’il éprouve des difficulté­s à pourvoir des postes d’infirmière­s, de médecins, de spécialist­es et autres profession­nels de la santé, devrait toutefois nous préoccuper.

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