Saint-Léolin: le projet de ferme verticale commence à prendre forme
Le projet de ferme verticale dans l’ancienne école Le Maillon de SaintLéolin commence à prendre forme.
Les propriétaires de la future ferme verticale, Daniel et Chantal Ratté, sont arrivés dans la Péninsule acadienne il y a quelques jours. Le couple d’entrepreneurs est originaire du Québec, mais ils ont habité jusqu’à tout récemment en Floride. Leur arrivée ne passe pas inaperçue dans le village. Un panneau électrique au centre de la municipalité leur souhaite la bienvenue.
«En Floride, on trouve beaucoup de chaleur lorsqu’on parle de la température, mais ici, c’est très différent, on trouve qu’il y a beaucoup plus de chaleur humaine. L’accueil a été extraordinaire jusqu’à maintenant», dit Daniel Ratté.
L’école Le Maillon a fermée ses portes en 2012. L’édifice demeure en bon état, mais les entrepreneurs ont beaucoup de travaux à effectuer afin de le remettre aux normes et pour l’adapter aux besoins d’une ferme verticale.
Les premières tours verticales, sur lesquelles la production de légumes aura lieu, seront fort probablement installé dans l’ancienne bibliothèque de l’école. Au départ, ils prévoient de produire des têtes de laitues et d’autres légumes en feuilles.
L’agriculture verticale consiste à produire des fruits et des légumes dans des structures verticales, dans un environnement contrôlé. Au lieu du soleil, les plantes sont nourries avec les rayons de lampes DEL. Le niveau d’humidité et l’ajout de nutriments sont contrôlés à partir d’un système informatique moderne.
«Il faut installer le système de ventilation et de contrôle de l’humidité. Il faut faire les changements en ce qui concerne l’électricité, faire des réparations à la toiture et ainsi de suite. C’est beaucoup de travail. Il faut vraiment établir la base avant de commencer, mais une fois que c’est fait, faire pousser de la salade, ce sera presque un détail.»
La décision d’établir une entreprise à Saint-Léolin est un peu le résultat du hasard. Le couple souhaitait revenir habiter au Canada. Il cherchait un lieu abordable et tranquille pour développer un projet d’entreprise. Il s’est avéré qu’un édifice vacant correspondant à leurs besoins était disponible dans la Péninsule acadienne.
Le projet a cependant connu plusieurs embûches administratives avant même que les entrepreneurs déposent leurs valises au Nouveau-Brunswick. Pour Daniel Ratté, Guy Cormier, maire de SaintLéolin, a été un allié primordial.
«Honnêtement, sans l’aide du maire, je ne suis pas certain qu’on serait ici. On serait probablement en Alberta, en Ontario ou ailleurs. J’avais ciblé des édifices un peu partout. L’école, on l’a seulement vu par vidéo avant de l’acheter. Le maire a fait un travail extraordinaire pour nous aider à travailler avec les ingénieurs pour qu’on soit aux normes et qu’on puisse avoir les permis nécessaires.»
Les entrepreneurs ont déjà investi plusieurs milliers de dollars dans la réalisation de leur projet. Ils sont à la recherche d’investisseurs et de l’aide du gouvernement. Encore une fois, le maire Cormier travaille sans relâche pour les mettre en contact avec les bonnes personnes.
«Le maire nous a fait rencontrer plein de gens. Nous sommes en contact avec le député fédéral et des députés provinciaux. Nous avons rencontré le maire et le directeur général de Caraquet et on est en train de nous organiser un rendez-vous avec le vice-premier ministre, Robert Gauvin.»
CONTRÔLE DE QUALITÉ
Lorsque la ferme sera mise en service, le contrôle de qualité sera essentiel. Par exemple, les sources de contamination externes seront surveillées, y compris les téléphones cellulaires. Daniel et Chantal Ratté ont suivi une formation spécialisée en Analyse des dangers et points critiques pour leur maîtrise.
«Ça veut dire qu’à chaque étape, tout est contrôlé. S’il arrive une épidémie, je serais capable de savoir qui a cueilli le légume, quel jour, à quelle heure et dans quel tour. Un autre exemple, si on a un problème avec la ventilation, il faut connaître l’horaire de maintenance pour savoir qui était responsable ce jour-là et à quelle heure. Il faut pouvoir dire ce qu’on va faire pour éviter que ça se reproduise.»
LES BONNES PERSONNES
Depuis la fermeture de l’école Le Maillon, plusieurs projets ont été proposés pour donner une nouvelle vie à l’édifice, mais sans succès. Sa réouverture était une grande priorité pour le maire Guy Cormier et le conseil municipal.
«J’ai été extrêmement chanceux de tomber sur eux. Quand tu parles avec des gens, tu peux voir si l’intérêt est réel. Quand j’ai parlé avec M. Ratté, j’ai dit au conseil que je pense que nous avons enfin trouvé les gens qu’il nous faut. Il y a eu beaucoup de défis du côté administratif, mais je n’ai jamais lâché. À deux ou trois reprises, M. Ratté a même dit que si ça ne marche pas, qu’il devrait aller voir ailleurs. J’ai travaillé fort de mon bord, je me disais que ce n’était pas vrai que quelqu’un allait empêcher ce projet.»
Le maire Cormier estime que le projet de Daniel et Chantal Ratté pourrait constituer la première étape vers le renouvellement de la municipalité d’un peu plus de 600 habitants.
«À l’ancienne mine Brunswick (fermée définitivement en 2013), 72 personnes de la municipalité y travaillaient. C’était de bons emplois. Depuis la fermeture, ce n’est plus pareil. Beaucoup de ces gens vivent toujours ici, mais ils sont à la retraite. Avec ce projet, je pense sincèrement que ce sera une bonne occasion de faire revenir des jeunes chez nous.» ■