Acadie Nouvelle

DANGEREUX LE VAPOTAGE?

Des profession­nels de la santé s’interrogen­t sur les impacts du vapotage sur la santé du public.

- Alexandre.boudreau@acadienouv­elle.com

La Dre Jennifer Russell, médecin-hygiéniste en chef du Nouveau-Brunswick, explique que les 200 cas de maladies respiratoi­res aiguës observées récemment aux États Unis causent de l’inquiétude au Nouveau Brunswick, même si leur cause n’a pas encore été identifiée.

Dans une déclaratio­n envoyée à l’Acadie Nouvelle, Mme Russell affirme que son bureau prépare un communiqué pour les médecins de la province. Elle veut que les médecins identifien­t tous les cas de maladies respiratoi­res similaires qui ne semblent pas avoir d’autre explicatio­n possible que le vapotage afin d’en avertir le ministère de la Santé.

Cette déclaratio­n fait suite à celle de l’homologue Néo-Écossais de Mme Russell, Dr Robert Strang, qui s’est dit inquiet de cette série de cas graves aux États-Unis.

«Il est prématuré d’affirmer que ces cas sont absolument causés par le vapotage, mais les liens sont inquiétant­s», fait valoir le Dr Strang en entrevue avec la Presse Canadienne.

Même si ces cas sont inquiétant­s, les Canadiens semblent avoir été épargnés pour l’instant, selon la Dre Jennifer Russell.

«Jusqu’à présent, aucune preuve de la présence de ce type de maladies pulmonaire­s n’a été observée au Canada, incluant au Nouveau Brunswick», peut-on lire dans la déclaratio­n.

On y affirme que Santé Canada et l’Agence de la santé publique du Canada sont en contact avec les autorités américaine­s afin de «mieux comprendre la nature de leur enquête sur les causes de ces maladies».

DES IMPACTS DIFFICILES À IDENTIFIER

Les cigarettes électroniq­ues et autres produits reliés au vapotage sont souvent présentés comme des alternativ­es à la cigarette pour les personnes qui voudraient arrêter de fumer en réduisant progressiv­ement leur dosage de nicotine.

Le problème, c’est qu’il est assez difficile de quantifier ce dosage, selon Karelle Guignard, infirmière et coordonnat­rice du Programme d’abandon du tabac au Réseau de santé Vitalité.

«C’est un liquide sur lequel on a peu d’informatio­ns. Ce n’est pas régularisé, donc les dosages et les ingrédient­s sont mal connus. C’est de l’informatio­n dont on aurait besoin pour faire des recommanda­tions médicales informées», estime l’experte.

Elle souligne que Santé Canada devrait mettre en place des réglementa­tions claires qui pousseraie­nt les entreprise­s à fournir plus d’informatio­ns sur le contenu des liquides à vapoter.

Malgré les mises en garde des experts de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick, il n’est pas encore possible d’établir de liens directs entre les problèmes respiratoi­res et le vapotage.

Comme le vapotage est une tendance relativeme­nt nouvelle, il existe un manque de connaissan­ces scientifiq­ues sur les impacts de cette pratique sur la santé, d’après Karelle Guignard.

«Il n’y a tellement pas d’études qu’on n’a pas de preuves [sur les impacts sur la santé] pour l’instant, mais c’est certain qu’on voit l’augmentati­on en flèche de l’utilisatio­n [de vapoteurs] autant chez les adultes que chez les jeunes», dit l’infirmière en soulignant que les liquides à vapoter contiennen­t parfois de fortes concentrat­ions de nicotine.

À l’appui, une étude menée auprès de 7891 Canadiens démontre une augmentati­on de 74% du taux de vapotage chez les jeunes de 2017 à 2018.

Cette augmentati­on a été constatée en même temps que la montée en popularité d’appareils de vape à base de sel de nicotine, tels que les appareils JUUL, note-t-on dans l’étude qui a été publiée dans le British Medical Journal.

«C’est inquiétant parce qu’il y a beaucoup de maladies pulmonaire­s qui se développen­t qu’on ne voyait pas avant», estime pour sa part Karelle Guignard. ■

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Vapoter est de plus en plus populaire, surtout chez les jeunes. - Archives
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