COURAGEUSES RAMEUSES
Camaraderie, entraide et une grande dose de complicité unissent un groupe de femmes à bord d’un bateau-dragon chaque mardi et jeudi. Elles chantent et pagaient à l’unisson, dans une solidarité quasi fusionnelle. Mais tout n’a pas toujours été rose: la majorité d’entre elles a survécu à un cancer du sein. C’est d’ailleurs le point commun qui unit les membres de ‘tit Bateau.
Deux fois par semaine, de la mi-avril à octobre, si la température le permet, les membres de ‘‘tit Bateau se retrouvent à la marina de Shediac. Elles y affinent leurs techniques et leurs stratégies pour se préparer aux maintes compétitions estivales prévues à leur agenda.
Ces femmes font des courses tant à Moncton et à New Glasgow, qu’en Australie, en Italie et à Singapour.
Elles sont des survivantes du cancer du sein. Certaines sont en rémission depuis seulement un an et demi, d’autres depuis 30 ans.
L’Acadie Nouvelle a rencontré Johanne Huard et Susan O’Neill, capitaine et coprésidente de l’équipe ‘tit Bateau, qui existe depuis 15 ans.
‘tit Bateau participe évidemment aux courses réservées aux femmes survivantes du cancer du sein. La majorité des compétitions auxquelles elles participent sont toutefois destinées au grand public.
«Des fois, on rame contre des jeunes hommes tous musclés qui se disent être capables de battre une gang de matantes, mais on les clanchent!», lance Mme Huard en riant de bon coeur.
Elle confie que l’esprit d’entraide et de soutien propre à cette équipe offre aux femmes un espace pour discuter et se soutenir mutuellement.
«En tant que survivante du cancer du sein, quand tu as d’autres femmes qui ont traversé le même genre d’expérience, tu en parles et tu sais qu’elles vont te comprendre», avoue-t-elle.
Elles ont d’ailleurs une signification bien à propos pour le titre de leur équipe. Le «’tit» de ‘tit Bateau est un synonyme de sein en anglais.
«C’est notre genre d’humour», s’amuse la capitaine.
L’équipe de ‘tit Bateau est composée de 25 survivantes du cancer du sein, en plus de huit pagayeurs de soutien.
La seule différence qui existe entre ces deux classifications est que les pagayeurs de soutien n’ont pas été touchés par le cancer du sein.
«Je suis une pagayeur de soutien. Je suis une membre de l’équipe et tout aussi impliquée», fait valoir Susan O’Neill, coprésidente de l’équipe.
Johanne Huard fait partie de l’équipe depuis 14 ans. Alors en traitement de radiothérapie, une affiche promotionnelle de ‘tit Bateau à l’hôpital a capté son attention.
Elle a attendu de guérir du cancer et par conséquent, de se remettre des traitements avant tenter le coup avec ‘tit Bateau.
Quant à Mme O’Neill, elle a longtemps été une fidèle supportrice d’une amie, membre de l’équipe.
Intriguée, un jour elle a eu envie de se laisser prendre au jeu.
«Ça ne serait pas merveilleux s’ils pouvaient me laisser pagayer juste quelques fois», s’était-elle dit.
Elle a donc posé cette question à la présidente de ‘tit Bateau de l’époque. Cette dernière lui aurait répondu qu’il était hors de question qu’elle vienne seulement de temps en temps.
«Parce que si tu viens seulement quelques fois, on va vouloir que tu deviennes un membre à part entière», avait répondu la présidente à Mme O’Neill.
Le reste fait partie de l’histoire et Mme O’Neill est maintenant coprésidente. ■