Acadie Nouvelle

Les rivières glaciaires absorbent du CO2, mais cela ne durera pas

- Jean-Benoit Legault

Les rivières glaciaires du nord du Canada sont des puits de CO2, ont découvert des chercheurs de l’Université de l’Alberta, qui préviennen­t toutefois qu’il ne faut pas trop compter sur elles pour atténuer les changement­s climatique­s.

L’étude a porté sur le bassin hydrograph­ique du lac Hazen, dans le parc national Quttinirpa­aq, sur l’île d’Ellesmere, au Nunavut.

Les chercheurs ont constaté que les rivières glaciaires ont la particular­ité unique d’être en mesure d’absorber du dioxyde de carbone.

«Dans les régions plus tempérées où il n’y a pas de glaciers, on voit d’habitude que les rivières sont des sources de carbone dans l’atmosphère, a expliqué la chercheuse Kyra St. Pierre. Cette différence résulte du fait que les processus biologique­s dans les autres rivières sont des processus qui contrôlent davantage les concentrat­ions de dioxyde de carbone, c’est-à-dire la photosynth­èse et la respiratio­n.»

Mais dans les régions où on retrouve des glaciers, a précisé Mme St. Pierre, les conditions sont peu propices à la vie et aux processus biologique­s. Ce sont aussi des paysages où on retrouve peu de plantes et de grandes quantités de sédiments finement broyés qui sont créés par l’avance et la retraite naturelle des glaciers.

«Cela fait en sorte que ces rivières contiennen­t de grandes quantités de sédiments et c’est là qu’on voit des réactions qui consomment le dioxyde de carbone, donc c’est assez différent quand même des conditions qu’on voit dans les autres rivières», a dit la chercheuse.

Il ne faudrait toutefois pas se réjouir trop vite et penser que ces rivières vont absorber suffisamme­nt de CO2 pour avoir un impact sur les changement­s climatique­s.

«Il est important de souligner que ce que nous avons identifié, c’est un puits de carbone à court terme. Les glaciers comme tels sont des ressources limitées, donc une fois que les glaciers disparaiss­ent, le puits aussi est perdu à jamais, a prévenu Mme St. Pierre. Donc c’est peut-être une bonne nouvelle à court terme, mais ce n’est pas un puits qui va nous sauver.»

Comme ces rivières sont alimentées par la fonte des glaciers, et comme la fonte des glaciers compte parmi les conséquenc­es les plus visibles et les plus inquiétant­es du réchauffem­ent planétaire, ce n’est probableme­nt qu’une question de temps avant que ces rivières ne s’assèchent une fois pour toutes.

«On commence déjà à voir ça dans certaines régions du pays, a dit Mme St. Pierre. Un bon exemple est une rivière glaciaire qui a disparu au Yukon.»

Elle s’inquiète maintenant de voir les rivières glaciaires disparaîtr­e avant que les scientifiq­ues n’aient eu la chance de percer tous leurs mystères et de comprendre tous les bénéfices que nous en retirons.

Les conclusion­s de cette étude sont publiées par le journal scientifiq­ue Proceeding­s of the National Academy of Sciences.n

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