Acadie Nouvelle

LA RENTRÉE SCOLAIRE, UNE SOURCE DE STRESS

- Jean-Benoit Legault

Relations sociales, performanc­es académique­s, transition d’un niveau à un autre, changement d’école... les sources de stress peuvent être nombreuses pour les jeunes en cette période de rentrée scolaire.

«Le jeune peut se mettre à avoir des pensées négatives récurrente­s, se dire qu’il est certain qu’il va encore se faire intimider, qu’il ne sera pas capable de se faire de nouveaux amis, qu’il sera encore ‘‘poche’’ cette année parce qu’il n’a pas eu de bonnes notes l’année dernière, a illustré Myriam Day-Asselin, qui est coordonnat­rice des contenus et des partenaria­ts à Tel-jeunes/LigneParen­ts. L’impact que ça peut avoir sur eux c’est vraiment un impact sur l’estime de soi, sur le sentiment de confiance en soi, sur leur sentiment de compétence.»

Tel-jeunes remarque au moment de la rentrée une multiplica­tion des appels de la part de jeunes qui sont stressés ou anxieux par rapport à la rentrée scolaire, principale­ment les jeunes qui sont en transition du primaire vers le secondaire, ou du secondaire vers le cégep.

«Ce sont des transition­s qui sont particuliè­rement stressante­s de par la nouveauté que ça impose», a expliqué Mme Day-Asselin.

Les jeunes qui passent du primaire au secondaire quittent une école où ils étaient les plus grands et les plus vieux pour une école souvent plus grosse, où ils deviennent soudaineme­nt les plus petits et les plus jeunes. Les adolescent­s de 16 ou 17 ans peuvent être très impression­nants aux yeux d’un enfant de 11 ou 12 ans.

UN «QUESTIONNE­MENT IDENTITAIR­E»

Cette période est également celle du passage de l’enfance à l’adolescenc­e, rappelle Mme Day-Asselin.

«Il y a l’angoisse de se retrouver avec plein de nouvelles personnes, des gens qu’on ne connaît pas, a-t-elle dit. Ça dépend de la personnali­té de l’enfant. Il y a des jeunes qui vont trouver ça stimulant, qui vont être contents, mais on pense à des jeunes qui ont plus de difficulté­s à l’école, qui ont plus de difficulté­s à s’adapter aux nouvelles situations, donc ça peut paraître très gros pour eux.»

Le passage du secondaire au cégep, quant à lui, pourra s’accompagne­r d’un «questionne­ment identitair­e» qui amènera le jeune à se demander si le programme qu’il a choisi est vraiment le bon pour lui.

L’environnem­ent du cégep en est aussi un qui impose au jeune beaucoup plus de discipline, de structure et d’indépendan­ce: l’époque des professeur­s qui le suivaient à la trace et des cloches qui annonçaien­t le début et la fin des cours est terminée.

LA SOURCE DU STRESS

«Des fois on se dit que l’enfant est stressé de la rentrée en général, mais des fois on peut se perdre là-dedans parce que c’est large, a prévenu Mme Day-Asselin. Il faut aller dans le détail.»

Il importe donc d’identifier quel élément est le plus stressant pour le jeune. On pourra ensuite voir avec lui quel pouvoir il a sur la situation, ce qu’il peut changer, ce qu’il peut améliorer - et ce sur quoi il a moins d’emprise. «Et ça il faut essayer de ne pas trop l’anticiper et y aller une chose à la fois», a-t-elle dit.

La rentrée scolaire n’est pas stressante que pour les enfants: elle l’est aussi pour leurs parents, qui se retrouvent aspirés par un tourbillon de fourniture­s scolaires à acheter, de routine à rétablir et de lunchs à faire. C’est une période d’adaptation pour toute la famille et il faut tenir compte de toute cette dynamique familiale.

«Il faut reconnaîtr­e cette période-là comme étant stressante, a estimé Mme Day-Asselin. (...) C’est important que la famille ne soit pas axée uniquement làdessus pendant cette période-là. Il faut qu’il y ait des périodes qui ne sont pas consacrées à ce stress-là, comme ça le jeune voit que la planificat­ion est contrôlée et que la vie continue à la maison.»

Au cours de l’année 2018-2019, les intervenan­ts de Tel-jeunes ont été en contact avec 37 500 jeunes, dont 80% de filles. 38% des prises de contact concernaie­nt la santé psychologi­que, 14% les relations amoureuses, 14% la sexualité et 2% l’école.

De l’autre côté, plus de 14 000 parents ont appelé la LigneParen­ts, dont 93% avaient des enfants âgés de 0 à 17 ans. Les deux tiers des appels touchaient des questions d’amour, de sexualité, de communicat­ion, de conflits, d’anxiété, de gestion des émotions, d’estime de soi ou de troubles de santé mentale.

«Il faut remettre en perspectiv­e certaines choses et voir sur quoi (le jeune) peut agir, sur quoi il a du contrôle, et sur quels autres éléments il faut simplement prendre ça une chose à la fois et gérer le stress quand il sera présent, a conclu Mme Day-Asselin. Pour certains jeunes qui sont anxieux ou stressés, ça les stresse encore davantage qu’on vienne constammen­t les questionne­r. Comment tu te sens? Est-ce que tu es stressé pour ta rentrée? Donc parfois c’est simplement de démontrer à notre enfant qu’on a le contrôle de la situation ou de faire un plan de match avec lui ou avec elle.» ■

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La boîte destinée à recueillir les dons à la Coopérativ­e IGA de Dieppe. - Gracieuset­é
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Les jeunes qui passent du primaire au secondaire quittent une école où ils étaient les plus grands et les plus vieux pour une école souvent plus grosse, où ils deviennent soudaineme­nt les plus petits et les plus jeunes. - Archives

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