Fête de la rentrée
C’est la rentrée. Nous sommes des milliers de chroniqueurs à vous l’avoir seriné depuis quelques jours. En plus, la fête du Travail vient aussi nous le rappeler, même si je trouve bizarre que l’on fête le travail pour clôturer la période de vacances. À moins que ce ne soit plutôt le travail qui nous attend… à la rentrée, justement?
Cette fête souligne la «victoire» remportée sur les pénibles conditions de vie qu’imposait le capitalisme débridé jusqu’à ce que nos tinamis socialisses et communisses viennent mettre le holà sur cette exploitation des travailleurs zé travailleuses.
Comme qu’i’ disaient: C’est ben beau l’industrialisation, Chose, mais faut qu’on se r’pose!
Évidemment, tout cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. C’est après d’âpres luttes, des manifs, des grèves, des émeutes, qu’en Europe et en Amérique le patronat, les gouvernements et les États, joliment malmenés par de vigoureux syndicats, finissent par se rendre aux demandes légitimes de la force ouvrière au 19e siècle. Entre autres, la journée de 8 heures, et la semaine de 48 heures! Imaginez…
En Frönce, cette fête du Travail est célébrée le 1er mai. Ironie de l’Histoire, elle s’est greffée à une vieille tradition romantique: celle d’offrir un brin de muguet.
L’histoire du muguet remonterait au 1er mai 1560, lorsque le roi Charles IX, à l’occasion d’une visite royale, en avait reçu un brin d’un chevalier attentionné, pour souligner le printemps, car, depuis l’Antiquité, le muguet est symbole de renaissance et de bonheur. Fort galant, Charly décida d’en offrir aux dames de la cour à cette date tous les ans.
Depuis, le marketing s’est mis de la partie et il se vend maintenant autour de 60 millions de brins de muguet en Frönce ce jour-là. Méchant bouquet de bonheur! C’est sans doute ce qui explique la liesse encore récente des gilets jaunes sur les Champs-Élysées!
En revanche, même si c’est bien gentil le muguet de Ti-Charles-le-Neuf, n’oublions pas que c’est sous son règne qu’eut lieu le célèbre massacre de la Saint-Barthélemy en août 1572. Horriiible! Je m’en souviens comme si c’était hier!
Mais je n’épiloguerai pas sur le sujet car, pour être franc, je voulais écrire sur le bonhomme Trump aujourd’hui! Mais je me suis retenu, vu que je n’avais rien de positif à rajouter à son sujet. Il l’a déjà tout dit lui-même!
Je le cite: il est le meilleur président que les États-Unis n’aient connu. Et le plus clairvoyant, le plus porté à défendre les femmes, les Noirs, les vétérans, les immigrants, les handicapés, les minorités, les victimes de catastrophes naturelles. Personne ne s’y connaît plus que lui en technologie, en drones, en fiscalité, en construction, en sondages, en lecture biblique, en évaluation de foules, en matière judiciaire, en banques, en armement nucléaire et tutti quanti.
De plus, il affirme être l’incarnation de l’humilité. Que rajouter de plus positif, je vous le demande! Surtout qu’il est aussi, selon lui toujours, un «génie extrêmement stable».
Un génie d’une telle ampleur que personne n’est encore parvenu à le diagnostiquer!
Finalement, j’ai décidé de parler de la rentrée scolaire.
Dans mes souvenirs, il pleuvait souvent les jours de retour en classe. Comme si le Ciel lui-même pleurait nos petites exaltations estivales des vacances: on jouait à la cachette, aux cow-boys, on se graissait de glaise et on se baignait dans le fleuve SaintLaurent, on grimpait dans les arbres, on cherchait des tortues, on ramassait des menés. Quelle innocence!
On ne savait rien de la vie. On avançait – vide de tout trucage, comme disent les magiciens – vers l’âge de raison, cet âge étrange où l’on commence à distinguer par soi-même ce qui est vrai et ce qui est faux, ce qui est bien et ce qui ne l’est pas.
Je me demande si les enfants qui entrent en classe ces jours-ci sont plus avancés que nous l’étions. Si l’âge de raison a baissé d’un cran. S’ils savent mieux que nous jouer à faire semblant.
Cependant, je suis beaucoup plus conscient de la réalité de leurs parents que je ne l’étais de celle des miens. Et de la montagne de fournitures de toutes sortes qu’il leur faut absolument trouver pour que leurs petits monstres arrivent en classe bien outillés en crayons, stylos, cahiers, gommes à effacer, règles, ciseaux et tous ces petits riens qui composent le trésor scolaire des enfants. Bref, tous les outils d’apprentissage qui ne peuvent tenir dans un téléphone intelligent!
Et c’est toujours avec sidération que je vois des gamins et gamines lestés comme des dromadaires d’immenses sacs à dos bourrés à ras-bord comme s’ils partaient en caravane de camping sauvage! Génération lumbago?
Et que dire des lunchs et collations! Tant d’allergies et de choix alimentaires à prévoir ou à prévenir, à prescrire ou à proscrire, selon l’orientation idéologique des cohortes d’intervenants de toutes natures qui déversent dans les médias des Himalayas de conseils culinaires à des parents qui n’ont pas le temps de les écouter!
Et que dire de la mode! Quand j’étais un galopin parmi d’autres, la mode, c’était ce que nous portions! Et nous portions ce que nos parents nous disaient de porter. Pas de trucs griffés, de sacs à dos tendance, ou de couleurs du jour. Et j’ai pas souvenance que ça nous traumatisait. Je ne dis pas que c’était mieux à mon époque. Au contraire: je suis en admiration devant le flegme qu’affichent les parents d’aujourd’hui devant toutes ces exigences! Bon courage!
Et vous, enseignants, enseignantes, qui avez à transmettre aux jeunes du monde des connaissances pour affiner leur intelligence et leur conscience; vous qui avez à les guider sur le chemin du développement de l’esprit critique; vous qui êtes appelés à être les mentors qu’ils citeront demain pour expliquer tel succès, telle victoire, telle réussite. Vous: c’est aussi votre rentrée! Bonne chance!
Peut-être que ce n’est pas une fête du Travail qu’on devrait célébrer à la rentrée, mais la fête des parents, des tuteurs et des mentors de toutes ces petites frimousses innocentes!
Bonne rentrée!
Han, Madame?