Acadie Nouvelle

La Banque du Canada maintient son taux directeur à 1,75%

La Banque du Canada a maintenu son taux directeur à son niveau actuel mercredi, alors qu’elle s’affaire à mesurer l’ampleur des dégâts attribuabl­es à l’intensific­ation des conflits commerciau­x sur les économies nationale et mondiale.

- Andy Blatchford

La décision de mercredi, qui était largement attendue par les observateu­rs, laisse le taux directeur de la banque centrale à 1,75% et fait suite à un solide rebond de l’économie canadienne au deuxième trimestre.

Cependant, dans la déclaratio­n politique qui accompagna­it sa décision, la banque a fait valoir qu’une partie de la vigueur observée au début de l’année serait probableme­nt temporaire, ce qui l’incite à prédire un ralentisse­ment de l’activité économique au second semestre de 2019. En outre, elle a souligné certaines faiblesses, notamment une contractio­n marquée de l’investisse­ment des entreprise­s canadienne­s coïncidant avec l’accroissem­ent des tensions commercial­es.

L’intensific­ation de la guerre commercial­e entre les États-Unis et la Chine pèse davantage sur l’élan économique mondial que ce que la banque avait prédit lors de sa réunion du 10 juillet, a précisé la banque.

«L’économie du Canada tourne près de son potentiel et l’inflation est à la cible», a-t-elle affirmé dans son communiqué, qui contenait ses premiers commentair­es publics depuis son rapport de politique monétaire de juillet.

«Cependant, l’escalade des conflits commerciau­x et l’incertitud­e qui en découle pèsent sur les économies mondiale et canadienne.»

Le niveau actuel des mesures de relance reste approprié et la banque continuera à surveiller l’évolution de la situation internatio­nale avant sa réunion du 30 octobre, a-t-elle poursuivi dans le communiqué.

«Pendant que la banque s’emploie à mettre à jour sa projection à la lumière des nouvelles données, le conseil de direction portera une attention particuliè­re à l’évolution de la situation mondiale et à son incidence sur les perspectiv­es de croissance et d’inflation au Canada», a-t-elle conclu dans ses déclaratio­ns au sujet de sa décision prévue à la fin du mois prochain.

La banque centrale a souligné que la vigueur inattendue du deuxième trimestre avait été alimentée par les rebonds de la production et des exportatio­ns d’énergie. L’activité du secteur du logement a également rebondi plus rapidement que prévu, bien que la banque ait averti que cela pourrait accentuer davantage le niveau d’endettemen­t des ménages, déjà surmenés.

La déclaratio­n a aussi noté que, bien que les salaires aient augmenté, les dépenses de consommati­on étaient étonnammen­t faibles au deuxième trimestre.

UNE BAISSE EN OCTOBRE?

Les économiste­s s’attendaien­t généraleme­nt à que le gouverneur Stephen Poloz laisse le taux inchangé, même si d’autres banques centrales ont commencé à effectuer ou à signaler des réductions.

De nombreux d’entre eux s’attendent en outre à ce que la banque baisse les taux lors de sa prochaine annonce à ce sujet, le 30 octobre, principale­ment en raison de l’accroissem­ent des risques commerciau­x et de la détériorat­ion de l’économie mondiale.

Jeudi, le sous-gouverneur de la Banque du Canada Lawrence Schembri expliquera plus en détail la pensée du conseil de direction lors d’un discours et d’une conférence de presse à Halifax.

Grâce aux plus vigoureuse­s données nationales, la banque centrale peut se permettre d’attendre et de voir comment se déroulera le dernier cycle de négociatio­ns commercial­es entre les États-Unis et la Chine avant de choisir une réponse, a souligné Alicia Macdonald, économiste principale du Conference Board du Canada.

«Comme nous l’avons vu au cours des derniers mois, la situation sur le front du commerce mondial est assez fluide. Les choses (...) peuvent parfois changer toutes les heures», a indiqué Mme Macdonald lors d’une entrevue.

«Je pense qu’ils ne veulent pas s’engager d’une manière ou d’une autre à ce stade, car nous ne savons tout simplement pas comment vont se dérouler les prochains pourparler­s commerciau­x entre la Chine et les États-Unis.»

Douglas Porter, économiste en chef de la Banque de Montréal, a écrit dans un rapport à ses clients qu’il prévoyait toujours une réduction des taux lors de la réunion du 30 octobre.

M. Porter a expliqué que, dans les huit prochaines semaines, la banque évaluerait deux mois complets de rapport sur l’emploi et sur l’inflation, et examinerai­t l’impact d’une autre réduction probable des taux par la Réserve fédérale américaine.

«Manifestem­ent, une grande partie de la décision dépendra largement, en fin de compte, du déroulemen­t de la guerre commercial­e entre les États Unis et la Chine, mais étant donné que nous ne sommes pas optimistes sur ce front, nous envisageon­s une réduction des taux à la fin du mois d’octobre», at-il écrit. ■

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Avec sa décision de mercredi, la banque centrale établissai­t son taux directeur à 1,75% pour une septième fois de suite. - La Presse canadienne: Adrian Wyld

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