Acadie Nouvelle

Des militants espèrent faire de l’environnem­ent l’enjeu principal de la campagne électorale

Deux militants canadiens influents estiment que les électeurs doivent penser aux changement­s climatique­s comme si le Canada était un pays en guerre contre les émissions de gaz à effet de serre.

- Mia Rabson

Stephen Lewis, ancien chef du Nouveau Parti démocratiq­ue (NPD) en Ontario, qui a présidé une conférence internatio­nale sur les changement­s climatique­s en 1988, à l’initiative du premier ministre Brian Mulroney, fait valoir qu’il «n’y a jamais eu un tel moment dans l’histoire de l’humanité».

Il souligne que déjà, à l’époque, des conclusion­s scientifiq­ues similaires à celles des dernières années avaient été tirées, mais que trois décennies de maigres actions ont placé l’humanité dans une position beaucoup plus inquiétant­e.

M. Lewis estime qu’il faudrait faire des changement­s climatique­s l’enjeu principal de la prochaine campagne électorale fédérale.

M. Lewis et l’écologiste de longue date David Suzuki joignent leurs voix pour mener une série de discussion­s de campagne visant à encourager les jeunes à s’impliquer et à faire de cette élection un moyen de sauver la planète de ce que l’ex-chef du NPD en Ontario appelle «l’auto-immolation».

Bien qu’ils aient tous deux été affiliés directemen­t ou indirectem­ent à des mouvements politiques de centre gauche dans le passé, ils ne veulent pas être poussés à dire aux gens pour quel parti voter.

«Cela devient un enjeu qui n’est plus une question partisane de savoir si la droite ou la gauche a la bonne politique», a déclaré M. Suzuki. «C’est maintenant quelque chose que nous devons embrasser en tant que pays. Nous devons y faire face comme si c’était la guerre.»

LA DIVISION DU VOTE PROGRESSIS­TE

Mais pour de nombreux leaders environnem­entaux, choisir une allégeance cet automne reste une énigme majeure. Aucun des deux partis en avance dans les sondages n’a un plan suffisant pour atteindre à tout le moins les objectifs relativeme­nt timides du Canada en matière de réduction des émissions.

Tzeporah Berman, directrice du programme internatio­nal de Stand. Earth, souligne que le portrait brossé par les sondages a significat­ivement changé au cours de la dernière année, alors que les Canadiens sont touchés par un nombre croissant et une gravité accrue d’inondation­s, de sécheresse­s, d’incendies de forêt et de tempêtes attribuabl­es aux changement­s climatique­s.

«L’idée d’un gouverneme­nt conservate­ur qui ne prend pas le changement climatique au sérieux est très effrayante à ce moment de l’histoire. Mais d’un autre côté, le plan actuel du gouverneme­nt libéral visant à permettre à la production de pétrole et de gaz d’augmenter, et même de faciliter cette progressio­n en achetant l’oléoduc Trans Mountain et en approuvant LNG Canada, montre un manque incroyable d’ambition», fait-elle valoir.

«Je crains que cela ait un impact significat­if sur le fractionne­ment du vote progressis­te.»

Le plan des conservate­urs sur les changement­s climatique­s, dévoilé au printemps, a été largement critiqué par des experts en environnem­ent, qui ont déploré l’absence d’objectifs précis en matière de réduction des émissions et l’annulation prévue de deux des plus importants programmes susceptibl­es de réduire les émissions: la taxe sur le carbone et une norme imposant des carburants moins polluants.

Les libéraux n’ont pas encore publié de nouveau plan environnem­ental pour la campagne - il pourrait arriver plus tard cette semaine -, mais leurs politiques actuelles laissent le Canada approximat­ivement à mi-chemin des objectifs de réduction des émissions spécifiés dans l’accord de Paris, qui, selon des scientifiq­ues internatio­naux, ne sont pas déjà pas suffisants pour renverser la tendance mondiale. ■

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L’écologiste de longue date, David Suzuki. - La Presse canadienne: Sean Kilpatrick

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