Acadie Nouvelle

RÉSIGNÉS À S’ENDETTER

- lili.mercure@acadienouv­elle.com

Le campus de l’Université Moncton bourdonne d’activité en cette semaine de rentrée scolaire. Les étudiants semblent enthousias­tes d’entamer la nouvelle session en force. Pourtant, la plupart se retrouvero­nt avec une facture salée à la fin de leur parcours. Ce lourd fardeau financier est souvent banalisé.

Les jeunes diplômés sont en moyenne aux prises d’une dette qui s’élève à 35 000$ et ils prennent de 8 à 10 ans pour la payer. Cette statistiqu­e est tirée de la Fédération des étudiantes et étudiants du Campus universita­ire de Moncton (FÉÉCUM).

Des étudiants interviewé­s sur le campus n’ont pas bronché en entendant cette statistiqu­e. Ils ne sont pas inquiets: contracter un prêt pour ses études est une étape normale du parcours scolaire.

Cette étudiante en première année au baccalauré­at a reçu un prêt du gouverneme­nt de 5000$. Quant à sa camarade de classe, Kayla Richard, elle a contracté un prêt de 11 000$ pour l’année scolaire.

Selon Pascale Rioux, présidente de la FÉÉCUM, peu d’étudiants sont conscients du fardeau financier que représente un prêt étudiant.

«Ils vont faire une demande pour un prêt ou une marge de crédit bancaire. Ils vont surtout comprendre dans quoi ils se sont embarqués lorsqu’ils termineron­t leurs études», explique-t-elle.

Des parents vont aussi inciter leur enfant à contracter un prêt pour payer leurs études.

«Ils m’ont encouragé parce que mon frère a fait la même chose. C’est une aide qui est offerte, so j’en ai pris avantage», indique Eric Beaulieu, étudiant de première année en comptabili­té.

Ces étudiants interviewé­s ont souligné avoir reçu peu, voire aucune informatio­n relative au paiement des prêts étudiants lorsqu’ils étaient au secondaire.

«On a su comment s’inscrire, mais on n’a pas su ce qu’on devait faire après», note Nicolas Dionne, étudiant de deuxième année en génie civil.

Mme Rioux déplore ce manque d’informatio­n concernant l’une des plus importante­s décisions financière­s qu’un jeune adulte aura à prendre dans sa vie.

«Je ne crois pas qu’on met beaucoup l’accent sur le prix d’une année universita­ire et quels types de répercussi­ons cela peut avoir», fait-elle valoir.

«Ça fait en sorte que lorsqu’ils font une demande pour un prêt étudiant, ils n’ont pas tous l’informatio­n en poche pour faire des choix judicieux», continue-t-elle.

Les bourses d’études - des montants d’argent donnés par les gouverneme­nts aux étudiants après une évaluation de leur situation financière - sont davantage mises de l’avant, selon elle.

En revanche, les taux d’intérêt des prêts ne sont pas abordés. Le Guide d’informatio­n 2019-2029 du gouverneme­nt provincial stipule que le taux d’intérêt fixe est à 5%, tandis que celui variable est à 2,5%.

Elle croit que les université­s devraient parler de ce que représente un prêt étudiant en termes financiers lorsqu’ils sont en période de recrutemen­t dans les écoles secondaire­s.

Même ceux qui poursuiven­t des études

«Moi je pense que ça fait partie de la vie. Tu sors des études, t’auras des dettes

anyway», lance Megan Simon, étudiante en science infirmière.

débouchant sur les emplois les mieux rémunérés pourraient avoir une mauvaise surprise.

«Dans les faits, le taux d’endettemen­t est tellement élevé comparativ­ement au salaire que tu vas recevoir, ça ne s’équilibre pas.»

La dette étudiante pourrait mettre des bâtons dans les roues des jeunes diplômés.

La présidente de la FÉÉCUM souligne que le remboursem­ent des prêts - qui débute six mois après la fin des études - pourrait retarder l’achat d’une maison.

«Ça peut devenir un fardeau monétaire parce que ce ne sont pas toutes les instances financière­s qui vont vouloir leur prêter s’ils sont déjà endettés», appuie-t-elle.

Elle ajoute que la dette étudiante peut aussi repousser l’idée de fonder une famille.

Un programme avait été implanté par le précédent gouverneme­nt pour les étudiants moins fortunés. Ceux dont les parents gagnent moins que 60 000$ bénéficiai­ent de la gratuité scolaire.

Une bourse de 3000$ par année du fédéral était accordée à ces étudiants, elle l’est toujours d’ailleurs. Le gouverneme­nt provincial payait l’autre partie, faisant en sorte que l’entièreté des droits de scolarité était couverte.

Les progressis­tes-conservate­urs ont modifié le programme en avril afin d’y inclure les université­s privées. Aujourd’hui, les étudiants qui fréquenten­t les université­s publiques peuvent recevoir jusqu’à 3000$ du gouverneme­nt provincial.

Ils devront toutefois assumer les frais supplément­aires, le cas échéant.

En juin, l’Université de Moncton a augmenté ses frais de scolarité de 8% pour les étudiants étrangers et ceux du Nouveau Brunswick qui entament leur première année en septembre: leur facture s’élèvera à 6423$. Les autres, les étudiants néobrunswi­ckois qui sont inscrits depuis l’an dernier ou avant, ont subi une hausse de 2%: ils payeront désormais 6066$. Les étudiants du baccalauré­at en science infirmière devront aussi payer des frais supplément­aires de 500$ pour leur formation clinique.

De plus, le gouverneme­nt a éliminé les bourses de 1500$ octroyées aux étudiants qui font leur stage dans le secteur public, soit ceux en éducation, en science infirmière, en travail social, en nutrition et finalement en gestion du loisir, en sport et en tourisme. ■

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- Acadie Nouvelle: Lili Mercure Nicolas Dionne, étudiant de deuxième année en génie civil à l’Université de Moncton. À la une, Megan Simon et Kayla Richard, étudiantes de première année en science infirmière à l’U de M.
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