GROUPE OCÉAN PEUT PARTIR AVEC LA CALE SÈCHE
La victoire peut sembler morale pour Groupe Océan, mais cela a tout l’air d’un match nul.
La Cour fédérale lui a donné partiellement raison contre le gouvernement Higgs en invalidant son ordre de saisie de la cale sèche à Bas-Caraquet déposée la semaine dernière.
L’entreprise québécoise récupère donc la structure de 1550 tonnes, mais le juge lui a imposé le paiement d’une garantie de dépôt de 260 000$ à la province.
Pendant ce temps, le bâtiment demeurera à sec pour encore plusieurs semaines.
La décision est tombée en début d’aprèsmidi, jeudi, à Montréal. L’audience avait débuté mercredi, 24 heures après avoir été remise en raison de l’unilinguisme anglais des représentants de Fredericton.
Ainsi, l’entreprise québécoise pourra faire flotter la structure d’une valeur de 13 millions $ jusqu’à ses installations de Québec pour y finaliser les travaux.
Cependant, ce déplacement pourrait prendre des semaines à se concrétiser. Selon Philippe Filion, directeur des affaires publiques et corporatives chez Groupe Océan, la compagnie maritime a manqué sa fenêtre d’opportunité ouverte par les grandes marées de la fin de semaine dernière en raison de ce différend judiciaire.
Selon ses propos, il faudra désormais attendre les prochaines grandes marées, ce qui devrait prendre encore au moins un mois (à la prochaine nouvelle lune), avant de mettre à l’eau la cale sèche.
Groupe Océan demeure amère devant l’obstruction du gouvernement Higgs, qu’il accuse d’avoir été de mauvaise foi et d’avoir utilisé un programme politique pour bloquer assez longtemps la mise à l’eau du bâtiment.
«La cour nous a donné raison, mais elle n’a pas statué sur le fond de la question. Nous demeurons convaincus que le gouvernement a posé des actions non fondées et a agi de mauvaise foi avec nous», indique M. Filion.
Chose certaine, la cale sèche demeurera encore à Bas-Caraquet pour plusieurs semaines, ainsi que tout l’équipement de Groupe Océan stationné au quai de Caraquet (deux navires-remorques, une barge et plusieurs camions).
Avec les restes de l’ouragan Dorian qui doit frapper la région en fin de semaine, pas question d’effectuer des manoeuvres qui mettrait la vie des travailleurs en danger.
«Le gouvernement Higgs concède qu’on peut partir avec la cale sèche. Mais nous avons manqué les hautes marées. Il a résisté juste assez longtemps. Et là, il nous la laisse pour 260 000$, un montant ridicule quand on sait que la cale a coûté 13 millions $. Cela va nous occasionner des frais importants et des délais tout aussi importants pour respecter nos contrats. Nous allons tout faire pour récupérer ces pertes financières, qui se chiffrent à des centaines de milliers de dollars. Nous allons faire valoir notre droit de récupérer ces sommes», poursuit M. Filion, qui n’exclut pas d’éventuelles poursuites contre le gouvernement Higgs.
«Même s’il est un gouvernement, il ne peut faire fi des aspects légaux. Nous demeurons convaincus que Fredericton a un programme politique contre Groupe Océan», continue le porte-parole de l’entreprise québécoise spécialisée dans la réparation et la construction maritime.
Le gouvernement Higgs a déposé un ordre de saisie de la cale sèche, le 28 août. Se disant propriétaire du bâtiment, il a demandé que les travaux soient complétés à Bas-Caraquet avant que Groupe Océan en prenne possession en tant que locataire.
Groupe Océan a répliqué par une injonction. Elle a signifié que les travaux électriques à compléter demandaient une spécialité maritime qui n’était pas disponible au Nouveau-Brunswick.
Le gouvernement avait ordonné la mise en place d’obstacles - dont une excavatrice - sur la route de la cale vers la mer, lesquels ont été par la suite enlevés. Depuis, Groupe Océan a déplacé la structure à une quarantaine de pieds du rivage.
Il resterait pour encore 160 000$ d’ouvrage à compléter sur l’ensemble, estime Philippe Filion.
La réaction du gouvernement Higgs est attendue vendredi. ■