Chantier naval: les élus de Caraquet préoccupés
Les élus de Caraquet commencent à être à bout d’arguments positifs - et de patience - dans le dossier du chantier naval de Bas-Caraquet. Les questions de l’avenir de la rampe de halage, toujours en attente de construction, et de la cale sèche ont suscité de vifs échanges de la part des conseillers et du maire Kevin Haché, mardi, lors de la réunion du conseil municipal.
La conseillère Mariette Paulin a parti le bal à la fin de la réunion extraordinaire convoquée par la ville durant laquelle Caraquet a notamment obtenu l’autorisation d’emprunter 3,6 millions $ pour son nouveau Centre régional des générations.
«Il faut mettre de la pression, a-t-elle lancé. Nous avons attendu la bonne volonté des intervenants dans le dossier du chantier naval et il n’y a pas de bonne volonté. Ça donne l’impression auprès de la population qu’on a lâché. Si ça avait été à Saint-Jean, ça ferait longtemps qu’il aurait eu cet argent.»
D’autres élus ont cherché à avoir l’heure juste dans cette histoire auprès du maire.
Pour un, Yves Roy a rappelé que ce dossier ne touche pas seulement Caraquet et BasCaraquet, mais bien toute la Péninsule.
«J’ai récemment parlé de ce sujet au vicepremier ministre (Robert Gauvin) et il m’a indiqué que le dossier n’était pas fermé. Je le crois», a-t-il signifié.
Le maire a tenté de calmer un peu les inquiétudes de ses collègues autour de la table. Il a soutenu que les municipalités de Caraquet et de Bas-Caraquet travaillent étroitement à un plan d’affaires viable pour le chantier.
Les deux communautés continuent de contribuer annuellement 80 000$ chacun sur une période de 10 ans dans cette industrie.
Il a aussi soutenu que toute cette histoire ne se limite pas seulement à la rampe de halage ou encore à la cale sèche. Cette dernière structure est au coeur d’une bataille juridique entre le gouvernement provincial (propriétaire du chantier) et l’entreprise québécoise Groupe Océan (locataire de la cale de 1550 tonnes construite au coût de 13 millions $).
Le maire a reconnu que les inquiétudes des élus étaient justifiées. Il a aussi souligné que des investissements de près de 25 millions $ (installations, un nouveau ber cavalier et des ajouts technologiques) avaient été faits pour relancer cette industrie et qu’il n’était pas question de laisser tomber cette expertise.
Mais M. Haché aussi ne s’est pas gêné pour écorcher quelque peu les décideurs politiques à Fredericton. Il a rappelé que la construction de la rampe de halage, pourtant écrite noir sur blanc dans le contrat avec Groupe Océan signé en 2014, aurait dû débuter il y a 18 mois. Cependant, le gouvernement libéral de l’époque n’avait pas donné suite au projet évalué à de 5 à 7 millions $.
Ensuite, M. Haché a comparé la situation actuelle touchant la cale sèche à «un père qui veut enlever une bébelle à son enfant».
«Le bras de fer entre le gouvernement et Groupe Océan n’est pas de notre affaire. Mais on comprend que ça peut faire du tort. C’est comme une chicane de famille. Il y a le papa qui est le propriétaire et l’enfant qui veut sa bébelle. Il va y avoir des amertumes. Chacun dit que l’autre ne joue pas franc jeu. Oui, ça peut faire du tort, mais je rappelle que ce sont des gens d’affaires. Toute dispute laisse des séquelles. Mais de notre côté, nous n’abandonnerons jamais», a analysé Kevin Haché, qui demande à la communauté de demeurer confiante dans la relance de cette industrie.
«Les gens oublient que nous avons fait de belles choses avec ce qu’il y a présentement à Bas-Caraquet. Et nous allons continuer à en faire de très belles. Nous allons tout faire pour que ça continue d’avancer», a-t-il ajouté. ■