Acadie Nouvelle

Les pesticides seraient fortement associés à la maladie de Parkinson

- Jean-Benoit Legault

Une exposition aux pesticides est fortement associée au développem­ent de la maladie de Parkinson, assure un mémoire qui sera présenté par Parkinson Québec à la Commission de l’agricultur­e, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles du Québec, le 26 septembre.

Le mémoire va même jusqu’à évoquer un «lien de causalité» entre les pesticides et le parkinson, ce qui signifiera­it qu’une exposition aux pesticides serait ensuite directemen­t responsabl­e de l’apparition de cette maladie neurodégén­érative.

«La très grande majorité des études épidémiolo­giques revues concluent à un doublement du risque de (maladie de Parkinson) lié à l’exposition aux pesticides, peut-on lire dans le document rendu public jeudi. Ces résultats épidémiolo­giques sont constants dans le temps depuis 30 ans (...).»

Le mémoire recense pas moins de huit méta-analyses qui, entre 2000 et 2019, auraient conclu que l’exposition aux pesticides double quasiment le risque de développer la maladie de Parkinson.

Le document ajoute que l’exposition profession­nelle, comme celle encourue par les agriculteu­rs, double et même triple le risque de maladie.

Certaines des études mentionnée­s affirment que l’exposition pendant plus de dix jours par année multiplie le risque de maladie de Parkinson par 2,5 et que 30 jours d’exposition à vie à des herbicides, à l’intérieur de la maison, multiplien­t le risque par 1,7.

«Dans l’ensemble de la communauté (scientifiq­ue), le lien est assez solide pour être considéré comme représenta­tif d’un modèle très, très solide, a commenté le professeur Michel Desjardins, un expert de la maladie de Parkinson qui enseigne au départemen­t de pathologie et biologie cellulaire de l’Université de Montréal et à qui La Presse canadienne a demandé son avis. Je ne suis pas étonné par les chiffres qu’ils avancent, compte tenu de l’effet de certains de ces produits chimiques sur la cellule.»

L’exposition résidentie­lle, dans les 500 mètres d’un lieu d’applicatio­n d’une associatio­n de roténone, de manèbe et de zirame doublerait presque ce risque.

«Avec les données aujourd’hui, c’est évident que personne ne va s’approcher du roténone, a assuré Michel Desjardins. On le donne aux souris et elles développen­t des problèmes de Parkinson. C’est clair qu’il y a beaucoup plus de risques de développer la maladie de Parkinson quand on est fermier que quand on est postier.»

Des tests réalisés sur des souris auraient démontré qu’une exposition pendant l’enfance multipliai­t jusqu’à six fois le risque de développer la maladie de Parkinson.

«Ça ne me surprend pas, a dit M. Desjardins. C’est clair que ces molécules-là vont stimuler les cellules qui vont engendrer une réponse auto-immune, et si elle se développe tôt dans la vie, ça peut effectivem­ent mener plus rapidement, ou de façon plus significat­ive, à la maladie de Parkinson.»

Au Québec, selon le mémoire de Parkinson Québec, 99% des échantillo­ns d’urine provenant d’enfants âgés de trois à sept ans présentent des métabolite­s de pesticides organophos­phorés. ■

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- Archives Des tests réalisés sur des souris auraient démontré qu’une exposition aux pesticides pendant l’enfance multipliai­t jusqu’à six fois le risque de développer la maladie de Parkinson.

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