Droit de veto: aux autres municipalités de se regrouper, lance le maire de Tracadie
Pas question pour le maire de la Municipalité régionale de Tracadie, Denis Losier, de laisser tomber le droit de veto de sa ville sur les votes touchant les finances à la Commission des services régionaux de la Péninsule acadienne. Si les autres villes et villages veulent obtenir le même pouvoir, ils n’ont qu’à se regrouper, suggère-t-il.
À la prochaine réunion du 26 septembre, il continuera, au nom de son conseil municipal, de s’opposer à la demande d’emprunt des 13 autres municipalités et des districts de services locaux pour la création d’une flotte de collecte des déchets domestiques.
Sa réaction fait suite aux propos des maires de Bertrand, Yvon Godin, et de Néguac, Georges Savoie, publiés dans notre édition de jeudi.
Le premier requiert l’appui des autres communautés afin de convaincre le ministre de l’Environnement et des Gouvernements locaux, Jeff Carr, de modifier la réglementation qui, pour l’instant, donne trop de pouvoir à une communauté incorporée - comme Tracadie - détenant au moins le tiers de la population d’une région.
Le deuxième laisse entendre que Néguac songe à quitter la CSR-PA en raison du mur physique et démocratique imposé par la MRT dans plusieurs dossiers régionaux.
À mots à peine voilés, ils ont dénoncé le comportement de l’actuel maire Denis Losier.
«Les deux maires attaquent la personne qui est le maire, mais je ne suis que le porte-parole de mon conseil municipal. Ce n’est pas Denis Losier qui vote à la table de la CSR-PA. Ma voix vient d’une résolution de notre conseil. La loi ne me donne aucun pouvoir. C’est mon conseil qui dicte ma position», a répliqué M. Losier.
Et cette position demeure la même: s’opposer à la demande d’emprunt pour le projet de flotte de collecte des ordures de la CSR de la Pénnsule acadienne.
La MRT juge que ça coûterait trop cher à la Péninsule acadienne de gérer son propre service (camions, employés, etc.) plutôt que de retourner en appels d’offres auprès des entrepreneurs privés à travers un service couvrant près de 50 000 citoyens.
«Notre regroupement de 2013 a amené une nouvelle réalité, soit un pouvoir décisionnel important et une influence démocratique au sein de la CSR-PA. La question des déchets a alimenté cette problématique. On a voulu nous imposer l’achat de camions et on a spéculé, sans chiffres à l’appui, que les appels d’offres des entrepreneurs seraient plus élevés. C’est pourquoi Tracadie a choisi de se retirer parce que nous estimons que nous allons faire des économies très significatives avec nos propres appels d’offres. Ce n’est pas vrai que nous allons plier là-dessus. Pourquoi ça ne serait pas acceptable pour toute la Péninsule?», explique-t-il.
À son avis, ce droit de veto doit rester comme il est.
«Si Bertrand ou Néguac avait ce pouvoir, nous aurions suivi», calcule Denis Losier.
«On a le droit aussi de s’opposer. Nous représentons 16 000 citoyens. Ça devrait avoir plus de poids que 600, non? On parle d’une épée de Damoclès sur la tête des autres élus; où est-elle? Ce n’est pas de notre faute si 67% de la Péninsule acadienne ne sont pas organisés comme nous. Ça se joue des deux côtés.»
«Si les règles du droit de veto sont là et qu’elles ne sont jamais utilisées, comment vat-on favoriser les regroupements municipaux? Si ce droit ne vaut rien, aussi bien l’enlever. Et ça, c’est au ministre de le faire.»
Quant aux attaques apparemment plus personnelles, le maire de Tracadie estime que ses adversaires ne comprennent pas sa position, qui reflète celle de son conseil municipal, rappelle-t-il.
«Si mon conseil avait dit oui, j’aurais voté oui. Ça n’aurait pas été légal que moi, je vote à l’encontre de mon conseil. Ces personnes auraient dû attaquer le conseil de Tracadie. J’aurais accepté ça. Mais qu’on s’attaque à Denis Losier? J’ai de la misère avec ça», déplore-t-il, en rappelant qu’il existe des recours légaux pour faire cesser ces commentaires. ■