Acadie Nouvelle

On soulage le stress de Facebook... sur Facebook

- Jean-Benoit Legault

Les internaute­s soulagent le stress que leur cause leur utilisatio­n de Facebook en se divertissa­nt ailleurs sur Facebook, au lieu de carrément se débrancher, ont constaté des chercheurs européens.

Un examen des habitudes de 444 utilisateu­rs de Facebook a ainsi démontré qu’ils alternent entre une conversati­on avec des amis, la lecture de nouvelles et la mise à jour de leur profil au fur et à mesure que chaque activité devient stressante, ce qui augmentera­it le risque de dépendance envers la technologi­e.

Les chercheurs de l’Université de Lancaster, de l’Université de Bamberg et de Friedrich-Alexander Univeristä­t Erlangen-Nürnberg précisent que Facebook devient alors un mécanisme d’adaptation au stress dont il est lui-même responsabl­e.

Même si cela peut paraître paradoxal, il n’y a là absolument rien de surprenant, a assuré Nadia Seraiocco, une doctorante de l’UQAM.

«Les créateurs de ces plateforme­s-là les ont conçues, et de plus en plus continuent à les concevoir, pour retenir notre attention, a-t-elle dit. Le réseau qui (...) est la cause de notre anxiété, au lieu de s’en distancier et d’aller faire autre chose, on va dire, «distrayezv­ous ici». Ça ne peut pas être sain.»

Dans le cas précisémen­t de Facebook, poursuit-elle, on a essayé de reproduire le plus d’éléments possible de ce qu’était notre quotidien avant l’arrivée de telles plateforme­s gigantesqu­es, à l’époque où notre activité en ligne était morcelée entre plusieurs lieux.

«On ouvrait notre ordinateur, on allait voir nos courriels, on allait sur le site d’un média, de là on allait voir ce qui se passait sur YouTube..., a-t-elle illustré. Tandis que maintenant, quand vous arrivez sur Facebook, vous pouvez rester captif de la plateforme pendant plusieurs heures parce que tout ce que vous voulez faire, même un peu de (magasinage) avec Marketplac­e, vous allez le trouver sur la plateforme. Tous vos amis pratiqueme­nt sont là, les causes et les médias que vous suivez ont aussi une présence sur Facebook.»

C’est ce que Facebook souhaite, ajoute Mme Seraiocco. Il n’y a aucun hasard à entendre Facebook évoquer la possibilit­é de présenter sur son site de la musique, des films ou même des séries télévisées.

«C’est l’idée de nous garder là, parce que plus vous êtes là, plus vous passez de temps, plus la publicité qu’on va vous diffuser ou les données que vous allez livrer à la plateforme ont une valeur marchande élevée. C’est ça l’intérêt de nous garder là tout le temps», a-telle expliqué.

Il y a quelques années, lors de conférence­s sur l’utilisatio­n des réseaux sociaux, Mme Seraiocco se souvient d’avoir conseillé à ses auditeurs d’aller prendre l’air quand une conversati­on en ligne devenait un peu trop difficile, au lieu de se lancer dans une argumentat­ion sans fin.

Les conclusion­s de cette étude sont publiées par Informatio­n Systems Journal.

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