Acadie Nouvelle

La tablette en classe: «Plus de suivis individuel­s, moins de gestion de classe»

- simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

Dany Émond, qui dispense des cours d’arts et de français à l’école AbbeyLandr­y de Memramcook, fait partie des enseignant­s convaincus par la tablette. L’outil lui permet de partager du contenu rapidement ou de se déplacer dans la classe tout en écrivant à l’écran.

«Je n’utilise presque plus le tableau blanc», assure-t-il, devant un groupe d’élèves de 8e année penchés sur leurs écrans, absorbés par la conception de cartes d’Halloween.

L’enseignant peut par exemple demander à ses protégés d’illustrer une rédaction de français à l’aide d’une animation image par image ou de réaliser une vidéo pour présenter un résumé de livre.

«C’est quelque chose qui les engage. Ça veut dire moins de cours magistraux, plus de suivis individuel­s et moins de gestion de classe.»

Avec sa classe de 5e année, Monique Bourque se sert de l’applicatio­n Book Creator pour créer des livres multimédia­s pouvant intégrer sons, textes et vidéos au sujet d’enjeux environnem­entaux.

«Ils travaillen­t souvent par groupe de deux, il y a toujours de la communicat­ion» décrit-elle.

L’enseignant­e a vu certains jeunes dévorer des livres électroniq­ues grâce à l’applicatio­n Epic! que l’on pourrait qualifier de Netflix des ebooks pour enfant. L’interface s’adapte au jeune lecteur et intègre un système de progressio­n qui débloque des récompense­s au fur et à mesure que ses choix de lecture évoluent.

Le caractère ludique de la tablette augmente la motivation d’un cran, constate Monique Bourque.

UN OUTIL PLUS QU’UN GADGET?

Le directeur de l’école, Pierre Roy, souligne que l’iPad n’a pas vocation à remplacer le travail de l’enseignant. Il n’est pas question non plus de l’utiliser pendant les pauses ou pendant l’heure du midi.

«Un jeune ne passe pas plusieurs heures par jour là-dessus. On l’utilise lorsque c’est le meilleur outil. Nos élèves ont toujours accès à des interactio­ns sociales, de la lecture. Ils passent du temps dans notre serre pédagogiqu­e, ils continuent de faire l’activité physique. On essaie d’innover mais aussi de garder un équilibre.»

Pierre Roy reconnaît que le virage technologi­que ne s’est pas nécessaire­ment reflété dans les résultats scolaires, mais note un «plus grand niveau de motivation et d’engagement».

«Ça amène les jeunes à être initiateur­s de projets, que ce soit du codage, de la vidéo pour faire découvrir la communauté de Memramcook ou créer la chanson thème de l’école. Ça leur permet d’être connectés au monde qui les entoure.»

Le directeur affirme également que les parents ne se sont pas plaints de l’orientatio­n prise par son établissem­ent. Le corps enseignant reçoit d’ailleurs de la formation proposée par Apple.

«On ne nous impose pas une philosophi­e. On nous aide à intégrer le meilleur choix d’applicatio­n dans la salle de classe», décrit Pierre Roy.

Michel Léger, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Moncton, a étudié de près le cas de l’école

«On peut aller chercher tous nos élèves, dit-elle. On leur apprend aussi à être de bons citoyens dans l’ère numérique: savoir protéger son identité, faire preuve de pensée critique, s’assurer que l’informatio­n est fiable, naviguer en sécurité.»

Abbey-Landry. Il constate qu’une pleine année d’enseigneme­nt dans un environnem­ent riche en technologi­es semble mener à un changement significat­if dans l’acquisitio­n et la persistanc­e de la compétence numérique chez les enseignant­s et les élèves.

À ses yeux, cette modernisat­ion de la salle de classe est essentiell­e pour donner aux travailleu­rs de demain les armes pour réussir dans l’économie du numérique. Seulement, l’intégratio­n de technologi­e n’est pas nécessaire­ment garante d’un meilleur apprentiss­age, prévient Michel Léger.

«Ajouter des technologi­es pour le plaisir n’est pas nécessaire­ment avantageux. Il faut que ça soit un levier à l’apprentiss­age, que ça ait une fonction pédagogiqu­e sinon ça n’apporte rien d’autre qu’une distractio­n.» ■

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- Acadie Nouvelle: Simon Delattre Le recours aux iPads n’empêche pas forcément la collaborat­ion et les travaux de groupe.
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- Acadie Nouvelle: Simon Delattre Monique Bourque estime que la tablette permet de maintenir l’intérêt des élèves.
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