Des diplômés pris dans un mille-feuille administratif
Un infirmier diplômé à l’étranger a besoin d’obtenir une immatriculation de l’Association des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick (AIINB) pour exercer sa profession dans la province.
Pour cela, il doit d’abord soumettre une candidature au Service national d’évaluation infirmière (SNEI). Cet organisme fédéral à but non lucratif se charge d’émettre des rapports sur la correspondance entre les compétences des candidats et celles qui sont requises par les différentes provinces canadiennes (à l’exception du Québec et des territoires).
«En général, la plupart des postulants terminent ce processus en un an ou moins», indique la directrice de la SNEI, Gayle Waxman.
Florian Euzen, lui, n’a pas pu en venir à bout.
Comme les autres candidats, ce Français d’origine a dû demander à son école et à ses précédents patrons d’envoyer des dossiers directement au SNEI.
«Il a fallu que je retrouve mes anciens employeurs dont certains avaient fermé leur structure», raconte-t-il.
Problème, l’organisme sans but lucratif basé à Philadelphie, avec lequel la SNEI a signé un contrat de sous-traitance, la CGFNS (Commission on Graduates of Foreign Nursing Schools) a refusé la plupart des courriers du dossier de M. Euzen.
«Au bout d’un moment, mes anciens employeurs m’ont dit que les envois leur prenaient du temps et des ressources humaines et qu’ils n’allaient pas en refaire», relate le jeune homme.
Des courriels de la CGFNS informaient M. Euzen, dans un français approximatif ou en anglais, que les courriers de son dossier n’étaient pas bien scellés. Le jeune homme ne comprend pas pourquoi.
«Je n’ai pas pu voir ces lettres, mais mes anciens employeurs m’ont certifié qu’ils avaient tout fait, mis le tampon, etc.»
PEU DE CANDIDATS ADMIS
Dans les deux dernières années, 78 candidats ont réussi à obtenir un rapport de la SNEI pour une immatriculation au Nouveau-Brunswick, selon les chiffres de l’organisme. Seuls 23 d’entre eux ont ensuite décidé de poursuivre leur demande auprès de l’AIINB, d’après les rapports annuels de l’association.
L’aventure n’était toutefois pas finie pour ces candidats. Ils ont dû passer une deuxième évaluation personnalisée, en Nouvelle-Écosse. La plupart d’entre eux se sont ensuite vus prescrire un rattrapage des connaissances qui leur manquaient pour correspondre aux critères provinciaux, notamment par le biais d’un stage. Il ne leur restait plus enfin... qu’à passer l’examen National Council Licensing Examination (NCLEX).
Ils sont uniquement sept (la majorité étant anglophones) à avoir réussi ce parcours du combattant durant les années 2017 et 2018, d’après un rapport annuel de l’AIINB. Au mieux, ils auront dépensé au total 1470$ pour leur immatriculation.
Les seules améliorations à son processus qu’annonce l’AIINB pour l’instant sont le rapatriement de la deuxième évaluation de la Nouvelle-Écosse vers le NouveauBrunswick, ainsi que l’annulation de cette étape pour certains postulants.
«Au Nouveau-Brunswick, on n’a pas beaucoup d’expérience, constate la viceprésidente aux services cliniques de Vitalité, Johanne Roy, à propos de l’accueil des infirmiers diplômés à l’étranger. Le processus entre les premières étapes et le travail dans la province peut durer de trois à cinq ans. Ça n’a pas de bon sens!» ■