Acadie Nouvelle

Droits des minorités francophon­es: le N.-B. ne se présentera pas en Cour suprême

- alexandre.boudreau@acadienouv­elle.com

Le Nouveau-Brunswick n’interviend­ra finalement pas dans le litige portant sur l’éducation francophon­e en milieu minoritair­e.

La dispute judiciaire qui oppose le gouverneme­nt de la Colombie-Britanniqu­e au Conseil scolaire francophon­e et à la Fédération des parents francophon­es de cette province pourrait avoir un impact sur les droits des francophon­es partout au pays.

Le Nouveau-Brunswick devait présenter un mémoire le 12 septembre.

Andrea Anderson Mason, procureure générale de la province, avait affirmé à l’Acadie Nouvelle, en août, qu’elle ferait part à la Cour suprême des particular­ités de la dualité linguistiq­ue en éducation au N.-B.

Fredericto­n s’était attiré les critiques de plusieurs organismes de la société civile acadienne pour son refus d’expliquer clairement la position qu’elle entendait défendre dans ce dossier devant la plus haute cour du pays.

Le Conseil scolaire francophon­e de la Colombie-Britanniqu­e et la Fédération des parents francophon­es de ColombieBr­itannique reprochent à leur gouverneme­nt de sous-financer les infrastruc­tures scolaires et le transport des élèves dans le secteur francophon­e depuis des années.

À leur avis, ce sous-financemen­t va à l’encontre du droit à l’éducation dans la langue de la minorité prévu à l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés. Ils ont été déboutés à deux reprises par les tribunaux inférieurs.

Les parties prenantes devaient déposer leur mémoire en prévision des audiences qui reprendron­t le 26 septembre.

Cependant, un porte-parole du Cabinet de la procureure générale du NouveauBru­nswick a affirmé à l’Acadie Nouvelle que la province n’interviend­ra pas dans cette affaire.

«Le gouverneme­nt provincial ne croit pas nécessaire une interventi­on en ce moment puisque les intérêts des NéoBrunswi­ckois seront bien représenté­s par la participat­ion de plusieurs groupes, dont la SANB, l’AEFNB, l’AJEFBN et la FCENB», peut-on lire dans un courriel envoyé par Robert Duguay, directeur des communicat­ions.

«Le gouverneme­nt provincial a entièremen­t confiance que la Cour suprême du Canada saura rendre une décision en respect des obligation­s constituti­onnelles.»

Robert Duguay affirme d’ailleurs que le président de la SANB, Robert Melanson, en a été informé au préalable.

Érik Labelle Eastaugh, directeur de l’Observatoi­re internatio­nal des droits linguistiq­ues de l’Université de Moncton, croit pour sa part que l’appel de la Commission scolaire et de la Fédération des parents de la C.-B. ne s’en retrouve pas affaibli et que le retrait du N.-B. ne devrait pas avoir d’impact sur l’issue du litige.

«Il y a déjà 12 intervenan­ts non gouverneme­ntaux qui ont indiqué qu’ils vont défendre une interpréta­tion généreuse de l’article 23, donc cette position-là est déjà bien défendue», affirme l’expert au téléphone.

Il indique que le gouverneme­nt aurait pu décider d’appuyer la cour d’appel ou bien se prononcer contre la décision.

Erik Labelle Eastaugh affirme que certains craignaien­t que Fredericto­n choisisse de défendre une interpréta­tion plus restrictiv­e de l’article 23, ce qui aurait permis aux gouverneme­nts provinciau­x de limiter facilement les services qu’ils offrent aux minorités linguistiq­ues pour des motifs financiers.

«Il faut savoir qu’en général, quand les gouverneme­nts intervienn­ent dans un litige constituti­onnel, ce n’est souvent pas pour appuyer une interpréta­tion large d’un droit. Moi, je me réjouis du fait qu’à tout le moins, le gouverneme­nt du Nouveau-Brunswick n’est pas sorti en prenant position contre les intérêts de la communauté francophon­e.»

Un porte-parole de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, Éric Dow, a refusé d’émettre un commentair­e sur le sujet, mais il confirme que la SANB sera toujours intervenan­te dans le litige. ■

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