Acadie Nouvelle

Aide médicale à mourir: Nicole Gladu et Jean Truchon se disent soulagés

- Stéphanie Marin

«Cela va ouvrir les portes du paradis à tous ceux comme moi.» Voilà comment Jean Truchon a accueilli le jugement de la Cour supérieure du Québec, rendu mercredi, qui a élargi l’aide médicale à mourir, la rendant accessible à un plus grand nombre de personnes au pays.

Avec Nicole Gladu, M. Truchon a porté sur ses épaules la contestati­on judiciaire des régimes fédéral et québécois de l’aide médicale à mourir.

Le jugement rendu mercredi a invalidé le critère du Code criminel fédéral qui restreigna­it l’aide médicale à mourir à ceux dont «la mort naturelle est raisonnabl­ement prévisible» et celui de la Loi québécoise concernant les soins de fin de vie qui exigeait que la personne soit «en fin de vie». D’autres exigences demeurent toutefois en vigueur.

En raison de ces critères, ni Mme Gladu ni M. Truchon n’avaient pu l’obtenir, même s’ils sont tous deux atteints de maladies dégénérati­ves incurables et qu’ils doivent vivre tous les jours avec de grandes souffrance­s physiques.

Ils sont tous deux confinés à des fauteuils roulants. M. Truchon a perdu l’usage de ses quatre membres et Mme Gladu ne voit plus ses douleurs allégées par les médicament­s et ne peut rester dans la même position trop longtemps, vu la douleur constante.

Ils peuvent désormais requérir l’aide médicale à mourir.

Jeudi, en conférence de presse à Montréal au bureau de leur avocat JeanPierre Ménard, Mme Gladu s’est dite extrêmemen­t soulagée, car le jugement lui a rendu «sa liberté».

Elle dit qu’elle va prendre le temps de réfléchir et de digérer le jugement.

C’est une question de mois, a-t-elle ajouté, sereine.

M. Truchon a répondu que pour lui, «la mort est un privilège». Il veut vivre cet hiver et le prochain printemps, «et après, on verra», a-t-il soufflé.

UN JUGEMENT HISTORIQUE

Le jugement est «historique», dit Me Ménard, rappelant qu’il s’agit du premier portant sur ces pièces législativ­es.

«Une avancée immense pour le Québec», juge pour sa part M. Truchon. L’homme s’exprime avec difficulté et lors du point de presse, c’est son ami de longue date, Alain Côté, qui répétait ses propos.

Pour ses clients, le jugement «apporte une lumière au bout du tunnel», a indiqué Me Ménard.

Mais il trouve déplorable que les gouverneme­nts provincial et fédéral se soient traîné les pieds et «aient forcé deux citoyens à faire tout cela». Les deux gouverneme­nts auraient pu demander respective­ment l’opinion de la Cour d’appel du Québec ou de la Cour suprême du Canada sur la validité de ces lois.

«On a eu un bon résultat, mais ça n’explique pas leur lâcheté», a lancé sans détour l’avocat.

«Mais je vais certaineme­nt me prévaloir de cette liberté qui vient de m’être accordée», a-t-elle déclaré.

Ses clients l’ont d’ailleurs chaleureus­ement remercié. «Pour avoir fait tomber la barrière des moyens financiers», a souligné M. Truchon. Me Ménard n’a pas envoyé de facture à ses clients pour tout le travail qu’il a abattu dans cette affaire.

LE MEILLEUR TIMING

La décision de la juge Christine Baudouin est tombée le jour du déclenchem­ent des élections fédérales.

«Il ne pouvait avoir meilleur timing», a lancé Mme Gladu avec enthousias­me.

L’ancienne journalist­e a repris son chapeau pour envoyer un message à ceux qui livrent les nouvelles au public.

«Allez-y. Demandez aux politicien­s de s’engager. Et d’enlever les entraves.»

Jeudi matin, le chef libéral Justin Trudeau a d’ailleurs répondu à une première question à ce sujet.

Il a répondu être très attentif à ce que disent les tribunaux sur les façons dont la loi pourrait être améliorée, insistant sur le fait qu’il faut que le gouverneme­nt trouve le juste équilibre entre la protection des plus vulnérable­s et le respect des droits et des choix des individus.

Le Procureur général du Canada et la Procureure générale du Québec avaient tous deux défendu leurs lois devant la Cour. Ils n’ont pas encore décidé s’ils allaient en appeler du jugement.

 ??  ?? Nicole Gladu, à gauche, et Jean Truchon, à droite, qui ont porté sur leurs épaules la contestati­on judiciaire des régimes fédéral et québécois de l’aide médicale à mourir, ont assisté à une conférence de presse au bureau de leur avocat, Jean-Pierre Menard. - La Presse canadienne: Graham Hughes
Nicole Gladu, à gauche, et Jean Truchon, à droite, qui ont porté sur leurs épaules la contestati­on judiciaire des régimes fédéral et québécois de l’aide médicale à mourir, ont assisté à une conférence de presse au bureau de leur avocat, Jean-Pierre Menard. - La Presse canadienne: Graham Hughes
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada