Quand l’art change une vie
En 2019, Ysabelle Vautour a choisi la création artistique comme résolution
Ysabelle Vautour s’est donné comme défi de créer tous les jours, et ce, depuis le début de l’année 2019. Cette résolution originale a changé complètement la trajectoire de cette artiste qui vit avec une déficience visuelle. Aujourd’hui, ses peintures voyagent un peu partout au Nouveau-Brunswick et même jusqu’au New Jersey.
Le Nouvel An est souvent synonyme de résolution. En 2019, Ysabelle Vautour a choisi la peinture et la création artistique comme résolution pour les 365 jours de l’année. Après neuf mois, l’artiste trentenaire confie vivre une aventure passionnante. Elle donne maintenant des ateliers de peinture, présente des expositions et son appartement est rempli de tableaux.
«Je fais quelque chose de créatif tous les jours ou en lien avec ça. Ça me permet de sortir mes émotions. En faisant de l’art, j’ai plus d’énergie et une vie beaucoup plus excitante», a déclaré celle qui compte au moins 400 oeuvres à son actif.
La jeune femme, qui a grandi à GrandBarachois, demeure maintenant à Fredericton. Elle est la preuve même que l’art est accessible. Née avec un handicap visuel faisant en sorte qu’elle a une vision partielle, en plus d’être atteinte de daltonisme, elle raconte qu’à l’école, elle dessinait beaucoup. Elle a participé à plusieurs concours de dessins. À cette époque, elle ne s’intéressait pas à la peinture parce qu’elle se sentait désavantagée à cause de son daltonisme. En grandissant, elle a délaissé le dessin pour s’adonner à un travail beaucoup moins créatif. C’est en répondant à un quiz sur les qualités recherchées dans le travail qu’elle a découvert combien l’art est important dans sa vie professionnelle.
«Je suis allée au Dollar store, j’ai acheté des matériaux pas chers et je me suis dit que j’allais m’essayer et je ne me suis plus arrêtée. C’était vraiment cool!»
En parcourant un article sur l’art thérapie, elle a eu envie de pousser ses recherches un peu plus loin et d’approfondir son apprentissage. Aujourd’hui, elle utilise différents médiums, de l’huile et de l’acrylique, pour réaliser ses oeuvres. Celle qui a étudié en psychologie et en religion du monde n’avait pas vraiment de formation en art visuel à l’exception d’un cours de dessin qu’elle avait suivi à l’université. Depuis le début de l’année 2019, elle a plongé dans les livres sur les arts et visionné des vidéos afin d’en apprendre davantage.
DES PORTES QUI S’OUVRENT
L’organisme ArtsLink NB l’a contactée afin de lui fournir de l’information et l’inviter à devenir membre gratuitement de son association. De nombreuses portes se sont ouvertes pour Ysabelle Vautour qui s’étonne elle-même. Elle a participé à plusieurs compétitions en direct de peinture où elle a réussi à vendre ses oeuvres. Le fait de voir les choses seulement en noir et blanc représenterait même un avantage pour la jeune artiste aujourd’hui. Même si elle ne voit pas les couleurs, elle connaît bien la théorie des couleurs et comment elles s’harmonisent.
«En vendant mes peintures, ça m’a encouragé à continuer. J’ai approché le Collège d’artisanat et de design du Nouveau-Brunswick, à Fredericton. Ils m’ont donné des conseils et m’ont suggéré d’appliquer pour des bourses et des ateliers.»
En moins d’une année, sa vie a complètement changé. Elle a donné aussi des ateliers d’art public à la bibliothèque du collège d’artisanat et de design du Nouveau-Brunswick.
UN FESTIVAL D’ART?
Celle qui travaille aussi pour la Fondation INCA cherche à mettre en place des initiatives concrètes pour aider les personnes qui vivent avec une déficience. À son avis, l’art thérapie en est un bel exemple. Elle songe à créer un festival d’art pour les personnes qui vivent avec des handicaps, un peu comme celui qui existe à Halifax.
«J’ai vu qu’il y avait un festival à Halifax pour les handicapés et j’aimerais essayer de faire quelque chose comme ça ici afin de célébrer les personnes qui ont des handicaps et qui font de l’art. L’art donne une voix et c’est thérapeutique.»
Avant d’entreprendre des études en art thérapie, elle veut acquérir de l’expérience dans le domaine et se créer un portfolio. Bien des projets s’annoncent pour elle au cours de la prochaine année. Elle aura, entre autres, une exposition à l’Église historique de Barachois à l’été 2020.
Quand elle réalise ses peintures, elle s’inspire parfois de modèles, de sa collection d’images ou simplement de son imagination, de manière très intuitive. Ses oeuvres qui suscitent beaucoup d’intérêt sont exposées à plusieurs endroits, dont quelques cafés de la région de Fredericton. Elle peut aussi être contactée à travers sa page Facebook. ■