UNE PETITE FORCE DE LA NATURE!
La jeune athlète de Tracadie vient de battre trois records canadiens junior
Il est 6h. L’Asile athlétique ouvre ses portes. Un groupe d’irréductibles de la bonne forme s’incruste dans cette vaste salle d’exercice de Tracadie. Parmi eux, un petit bout de femme qu’on remarque à peine. Mais il ne faut pas se fier aux apparences...
Karine St-Coeur est si forte, en fait, qu’elle ferait presque rougir de honte une fourmi.
Cette petite bête lève 40 fois son poids, dit-on.
Elle détient depuis deux semaines trois records canadiens dans la catégorie junior féminine en dynamophilie. On peut admirer ses performances sur de courts vidéos qu’elle a récemment placés sur sa page Facebook.
Déterminée, la longue couette de cheveux qui fait juste un tour, aucune barre ne lui résiste. Impressionnant pour une personne qui ne pèse même pas 100 livres et qui ne mesure même pas 5 pieds.
«98,5 livres, pour être plus exact. Et 4 pieds 11», corrige gentiment Karine StCoeur.
Chaque matin, l’adolescente âgée de 17 ans prépare ses muscles, s’installe devant la barre, arrime des plaques de fonte et soulève cette masse. Encore et encore.
Elle fait ça pendant deux heures, des fois trois, avant d’aller suivre ses cours en 12e année à la polyvalente W.-A.-Losier. Cinq fois par semaine.
Et les résultats sont là. À Terre-Neuve-etLabrador, aux Championnats de l’Est canadien de dynamophilie, elle a fait sienne les marques nationales en flexion de jambes (92,5 kilos), en soulevé de terre (120 kg) et au cumulatif des trois exercices – le troisième étant le développé couché – avec un total de 265 kilos.
Ou si vous préférez, 584 livres. Près de six fois son poids.
Pour cette jeune femme qui détestait à s’en confesser les cours d’activité physique, c’est tout un revirement de situation.
«J’ai commencé à m’entraîner il y a trois ans, raconte-t-elle. En 2017, Adam Boucher (un dynamophile) m’a demandé si j’étais intéressée à participer à une compétition amicale à Lamèque. À ce moment, je ne m’entraînais pas encore régulièrement. Je n’avais pas encore eu la piqûre.»
Le déclic s’est fait, ce qui est assez étonnant quand on considère que Karine, de son propre aveu, ne vient pas d’une famille de sportifs. Se trouvant bien petite, elle cherchait seulement à prendre un peu de muscle. C’est à cet instant que la force brute est devenue sa passion.
Cette année, elle a d’abord pris part aux championnats provinciaux avant de se qualifier pour l’est du Canada. Son beau parcours n’est pas fini, puisque ses prestations l’ont inscrite pour les nationaux, à Winnipeg, au début de mars.
«Je ne m’attendais pas à beaucoup, explique-t-elle. J’ai repris l’entraînement seulement en juillet en raison d’une blessure. Mais grâce aux soins, j’ai pu passer outre la douleur. Je suis très satisfaite de ma performance à Terre-Neuve. Mon total de charge me qualifierait dans toutes les autres catégories de poids. De me rendre là, je suis vraiment comblée.»
La dynamophilie a permis à Karine St-Coeur d’adopter une discipline de vie très importante. Levée à 5h, elle est à la porte du gym à 6h, avant de se rendre à l’école à 8h. Une bonne alimentation l’accompagne quotidiennement. Beaucoup de repos aussi. Elle suit à la lettre les conseils avisés de son entraîneur, Collin Fraser, de Moncton. Pendant les entraînements, elle fait attention pour ne pas se surmener, dans un sport qui exige énormément d’énergie et une technique parfaite à délivrer une force pure maximale en un seul essai.
«Ça m’apporte un sentiment de bien-être que je peux difficilement décrire, confie-telle. Ça me permet de bien commencer ma journée et de décompresser. J’apprends à bien organiser mon horaire. Même si un entraînement va moins bien, je sais que je vais quand même en sortir plus forte. Tout ça me motive énormément. Et j’ai constaté que ça me permettait de mieux réussir à l’école.»
Avec l’appui de la famille, de la communauté et de ses amis qui l’accompagne à l’Asile athlétique, Karine St-Coeur apprécie chaque moment de cette belle carrière qui s’amorce plutôt bien, il faut l’admettre.
Cette petite fourmi est prête à aller là où la dynamophilie voudra bien l’amener. ■