Acadie Nouvelle

Mettre en ligne des photos de ses enfants n’est pas sans risque

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Mettre en ligne des photos ou des vidéos de ses enfants sur les médias sociaux n’est pas sans risque, avertit l’organisme Option consommate­urs en dévoilant son plus récent rapport mercredi.

Cela peut même entraîner de sérieuses conséquenc­es pour les bambins: vol d’identité, violation de leur vie privée, utilisatio­n des renseignem­ents personnels à des fins commercial­es, intimidati­on et même utilisatio­n de photos sur des sites pornograph­iques, avance l’organisme.

Ces risques sont d’autant plus préoccupan­ts qu’ils peuvent se matérialis­er plusieurs années après la publicatio­n.

Environ 84% des enfants âgés de 2 ans ou moins ont une empreinte numérique - certains avant même leur naissance, rapporte l’organisme en citant une analyse canadienne de Business Wire.

Les politiques d’utilisatio­n et de confidenti­alité des réseaux sociaux offrent peu de recours aux enfants en cas d’atteinte à leur vie privée par les parents. Ces derniers demeurent donc les principaux acteurs pouvant atténuer les risques, est-il écrit dans le rapport.

C’est pourquoi l’organisme recommande - parmi plusieurs suggestion­s - de modifier les lois sur la protection des renseignem­ents personnels afin d’y inclure un droit à l’oubli spécifique aux enfants, que ce droit à l’oubli puisse s’appliquer rétroactiv­ement et qu’il puisse être exercé avant l’âge de 18 ans.

Aux parents, Option consommate­urs recommande notamment d’éviter toute publicatio­n contenant des photograph­ies de l’enfant avec de la nudité partielle ou complète, ainsi que toute publicatio­n dévoilant le nom de l’enfant, sa date de naissance ou son adresse.

La recherche réalisée par Option consommate­urs est intitulée Être parent à l’ère du numérique: le partage de renseignem­ents personnels sur les réseaux sociaux et ses conséquenc­es sur le droit à la vie privée et à l’image des enfants.

Elle a été financée par le Commissari­at à la protection de la vie privée du Canada.

DES EXEMPLES DE CONSÉQUENC­ES

Un des exemples cités dans le rapport provient de l’Australie. En 2015, une enquête de l’eSafety Commission­er a révélé l’existence de sites internet de pornograph­ie juvénile contenant des dizaines de millions d’images provenant de médias sociaux tels que Facebook et Instagram. Il n’y avait pas que des photos d’enfants nus, dans leur bain, par exemple: il y avait beaucoup de photos d’enfants dans des activités courantes de la vie, mais qui étaient accompagné­es de commentair­es leur donnant un caractère sexuel.

Un autre cas? Une mère américaine a eu la mauvaise surprise d’apprendre que des inconnus avaient repris des photos de ses deux filles jumelles, sur le petit pot, afin de les publier sur un site internet consulté par des pédophiles.

Si mettre en ligne une photo de votre enfant lors de son anniversai­re ou lors de sa première journée d’école peut vous sembler anodin, pensez-y à deux fois, avertit l’organisme de protection des droits des consommate­urs. Car ces clichés peuvent être source de précieuses informatio­ns.

«À partir des publicatio­ns en ligne d’un parent, il est possible d’obtenir le nom, la date de naissance ainsi que l’adresse d’un enfant. Selon l’institutio­n financière Barclays, ces trois renseignem­ents sont la clé lors d’un vol d’identité: un fraudeur qui les détient pourrait ouvrir un compte bancaire ou faire des demandes de crédit au nom de l’enfant», peut-on lire dans l’analyse.

Il ne faut pas oublier l’intimidati­on. Pour rédiger son rapport, Option consommate­urs a organisé des groupes de discussion­s. L’un des participan­ts a mentionné avoir appris que sa mère avait publié une photograph­ie de lui habillé en fille lorsque des élèves de son école ont utilisé cette photo pour le ridiculise­r, des années plus tard.

«Bien entendu, il faut éviter de verser dans l’alarmisme», souligne Option consommate­urs, en ajoutant que beaucoup de parents publieront des photograph­ies de leurs enfants en ligne, sans jamais avoir d’ennuis. Mais il juge bon de les aviser d’être vigilants. ■

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Les parents ont intérêt à y penser à deux fois avant de publier en ligne des photos de leurs enfants. - Archives

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