Appel avec l’Ukraine: la Maison-Blanche a tenté de dissimuler des informations
Le président Donald Trump a abusé du pouvoir de sa fonction afin de «solliciter l’intervention d’un pays étranger» lors de la prochaine élection présidentielle américaine, affirme le lanceur d’alerte au coeur de l’enquête de destitution menée par le Congrès.
La Maison-Blanche a ensuite tenté de «verrouiller» les informations pour les dissimuler, selon la plainte du responsable.
Le document de neuf pages rendu public jeudi expose les circonstances d’un appel téléphonique au cours de l’été, lors duquel le président Trump a encouragé son homologue ukrainien à enquêter sur un rival politique, le démocrate Joe Biden. Ce document suggère aussi que l’avocat personnel de M. Trump, Rudy Giuliani, a joué un rôle central dans cette affaire et laisse entrevoir un effort concerté de dissimulation de la part de la Maison-Blanche, notamment en déplaçant la transcription de la conversation vers un système informatique distinct.
«Dans les jours qui ont suivi l’appel téléphonique, plusieurs responsables américains m’ont appris que de hauts responsables de la Maison-Blanche étaient intervenus pour «verrouiller» tous les enregistrements de l’appel téléphonique, en particulier la transcription officielle mot-à-mot de l’appel, comme il est de coutume dans la «Situation Room» de la Maison-Blanche», indique la plainte.
Avec ses détails précis et son récit détaillé, la plainte auparavant secrète accélérera probablement le processus de destitution et accentuera davantage la pression sur M. Trump pour qu’il réfute ses arguments, et sur ses collègues républicains pour le défendre.
La plainte fournit aux démocrates une feuille de route pour rechercher des témoins et des preuves.
LE RÔLE DE GIULIANI
Le document devrait aussi raviver les questions relatives aux activités de M. Giuliani qui, selon la plainte, a alarmé les responsables gouvernementaux en contournant les «processus décisionnels en matière de sécurité nationale». M. Giuliani, un fidèle partisan de M. Trump, a communiqué à plusieurs reprises avec les conseillers du président ukrainien dans les jours qui ont suivi l’appel téléphonique.
M. Trump a de nouveau insisté jeudi sur le fait que toute cette affaire avait des motivations politiques. Après la publication de la plainte, il a immédiatement lancé sur Twitter un message accusant les démocrates de vouloir détruire le Parti républicain.
La plainte du lanceur d’alerte est en partie liée à un appel téléphonique en juillet entre M. Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy, lors duquel M. Trump a tenté de convaincre M. Zelenskiy d’enquêter sur l’ancien vice-président Joe Biden, un probable candidat démocrate à la présidentielle de 2020. Au lendemain de l’appel, selon le dénonciateur, des avocats de la MaisonBlanche se sont inquiétés «d’avoir vu le président abuser de ses fonctions pour son bénéfice personnel».
Le comité du renseignement de la Chambre a publié une version expurgée de la plainte de dénonciation jeudi, avant le témoignage de Joseph Maguire, le directeur par intérim du renseignement national. Ce dernier a reconnu que la plainte alléguait des actes répréhensibles graves de la part du président, mais a insisté sur le fait que son rôle n’était pas de juger de la crédibilité des allégations.
Dans la plainte, le dénonciateur anonyme affirme que, même s’il n’a pas personnellement assisté à la conversation entre MM. Trump et Zelenskiy, de nombreux responsables de la Maison-Blanche ont partagé des informations concordantes à ce sujet.
SUPPRIMER LA TRANSCRIPTION
Ces responsables ont déclaré au lanceur d’alerte que ce n’était pas la première fois «sous cette administration qu’une transcription présidentielle était placée dans ce système (sécurisé) dans le but de protéger des informations sensibles sur le plan politique plutôt que sensibles pour la sécurité nationale», dit la plainte.
Le lanceur d’alerte affirme que des responsables de la Maison-Blanche ont tenté de supprimer la transcription exacte de l’appel qui avait été produite par la «Situation Room» de la Maison-Blanche, selon la plainte. ■