Acadie Nouvelle

L’ancien président français Jacques Chirac s’éteint à l’âge de 86 ans

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L’ancien président de la République française Jacques Chirac s’est éteint à l’âge de 86 ans.

«Nous venons d’apprendre le décès de Monsieur Jacques Chirac, je vous demande de bien vouloir, en hommage à sa mémoire, observer une minute de silence» a déclaré le président de l’Assemblée nationale française, Richard Ferrand, jeudi.

Victime d’un premier accident vasculaire cérébral en 2005, sa santé avait décliné au cours des dernières années. Il avait été hospitalis­é en décembre 2015 pour affaibliss­ement et il retournait à l’hôpital en septembre 2016 à la suite d’une infection pulmonaire. Certaines personnali­tés, comme Christine Boutin, avaient même annoncé sa mort.

Né le 29 novembre 1932 à Paris, il est trop jeune pour participer à la Résistance contre l’occupant nazi. Après avoir épousé Bernadette Chodron de Coursel, il intègre l’École nationale d’administra­tion (ÉNA) où il se convertit au gaullisme.

M. Chirac devra beaucoup à Georges Pompidou. Alors premier ministre, celui-ci l’engage au sein de son cabinet. Dès lors, son ascension est fulgurante. Il traînera longtemps l’image d’arriviste prêt à tout pour aider les maîtres du jour. Il sera même caricaturé comme tel dans une aventure d’Astérix, Astérix et Compagnie, où il personnifi­e le méchant de service, Caius Saugrenus.

Élu député en 1967, il occupe successive­ment le secrétaria­t d’État aux Affaires sociales - où il mène des négociatio­ns secrètes avec la puissante centrale syndicale CGT en mai 1968 -, le secrétaria­t d’État à l’Économie et aux Finances (1968-1971), le ministère des Relations avec le Parlement (1971-1972), avant de s’imposer au ministère de l’Agricultur­e (1972-1974).

À 42 ans, il a pour ambition le poste de premier ministre. Et pour y arriver, il trahira celui qu’il aurait dû normalemen­t appuyer, Jacques Chaban-Delmas, au profit de celui qui deviendra président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, en 1974. Juste récompense, il le nomme à Matignon, dont il finira par claquer la porte avec fracas, deux ans plus tard.

À partir de ce moment, il vise la magistratu­re suprême. S’étant constitué en 1976 une machine de guerre, le Rassemblem­ent pour la République (RPR), il est élu maire de Paris en 1977, poste qu’il n’abandonner­a qu’en 1995 lorsqu’il aura atteint l’Élysée.

Dans les années 1980, il se voit barrer la route de l’Élysée à deux reprises par le socialiste François Mitterrand. La deuxième fois, il affronte le président alors que lui-même est le premier ministre de cohabitati­on.

Il tente de nouveau sa chance en 1995. Trahi par celui qu’il avait installé à Matignon à sa place, Édouard Balladur, il doit mener campagne tambour battant, cherchant même à rallier les voix d’une certaine gauche. Contre toute attente, la stratégie fonctionne et il est élu au détriment du socialiste Lionel Jospin.

Les Français seront vite déçus: élu pour lutter contre la «fracture sociale», Jacques Chirac prend très vite le tournant de la rigueur, au nom de l’entrée dans l’euro. En décembre 1995, le plan Juppé de réforme de la «Sécu» pousse des millions de Français dans la rue. Le divorce est consommé.

En 1997, le président décide de dissoudre l’Assemblée nationale et propulse du même coup Lionel Jospin à Matignon.

La bourde est monumental­e, mais l’animal politique bouge encore. Et c’est un tremblemen­t de terre politique qui lui donne sa deuxième chance. Le 21 avril 2002, le président du Front national Jean-Marie Le Pen se qualifie pour le second tour de la présidenti­elle. Jacques Chirac est réélu avec 82% des suffrages.

Il connaît ensuite une lune de miel avec les Français lorsqu’il s’oppose à la guerre américaine en Irak au début de 2003. Mais, très vite, le climat politique se gâte. Malgré un premier camouflet aux élections régionales de 2004, il décide de consulter les Français par référendum sur la Constituti­on européenne. La réponse tombe le 29 mai 2005: c’est «non».

La page chiraquien­ne se tourne en 2007 lorsqu’il apporte «tout naturellem­ent» son soutien à Nicolas Sarkozy, un homme qu’il ne porte pourtant pas dans son coeur. Cinq ans plus tard, il se déclarera favorable à la candidatur­e du socialiste François Hollande contre M. Sarkozy. Sincérité? Boutade? Personne ne semble réellement le savoir.

Refusant l’inactivité, l’ancien président lance en juin 2008 la Fondation Chirac pour la diversité des cultures et le développem­ent durable. ■

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Le président Chirac en plein discours, au palais de l’Élysée, en septembre 2005. - Archives

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