Acadie Nouvelle

Chandail orange: un léger baume sur «des séquelles dévastatri­ces»

Alors que le Canada rendait hommage aux survivants des pensionnat­s autochtone­s dans le cadre de la Journée du chandail orange, lundi, Cynthia Sewell, membre de la Première Nation Pabineau, remuait des souvenirs difficiles.

- Allison.roy@acadienouv­elle.com

La journée du chandail orange a été instaurée en 2013 afin de commémorer les survivants de pensionnat­s autochtone­s. C’est Phyllis Webstad, ancienne élève de ce système, qui a inspiré le concept en racontant s’être fait enlever sa chemise orange à l’âge de six ans, lors de sa première journée à l’école.

Depuis, la couleur est devenue un symbole des injustices qu’ont subies les peuples autochtone­s.

Ce n’est pas sans amertume que Mme Sewell portait son chandail, lundi.

«C’est une journée extrêmemen­t difficile pour moi. J’ai perdu plusieurs proches à cause de ce système. Étant travailleu­se sociale, je suis aussi exposée quotidienn­ement aux dégâts causés par ces événements.»

Au bout du fil, Mme Sewell décrit qu’elle a eu «la larme à l’oeil» toute la journée. En matinée, elle a effectué une cérémonie à l’honneur des survivants, des victimes, et des familles qui ont été affectées par ce pan d’histoire.

«Il s’agit d’un moment très sombre dans l’histoire du Canada, a insisté la femme de Pabineau, près de Bathurst. Ces pensionnat­s ont existé pendant plus de 100 ans et ont laissé des séquelles dévastatri­ces.»

On parle d’abus émotionnel, psychologi­que, physique et sexuel. Mme Sewell souligne que certains enfants ont même perdu la vie dans ces pensionnat­s.

Au-delà de la peine qu’elle ressent, elle se dit habitée d’une lueur d’espoir.

«Il y a plusieurs leçons à tirer de ceci afin de s’assurer que ça ne se reproduise jamais.»

Elle souligne que le travail n’est certaineme­nt pas fini, mais que les communauté­s semblent finalement travailler ensemble vers une réconcilia­tion.

«Il faut continuer», a-t-elle insisté. Mme Sewell met l’accent sur l’inclusion du peuple autochtone hors réserve. Selon elle, c’est la clé du succès.

AU-DELÀ DU CHANDAIL ORANGE

Lundi, de nombreuses écoles et institutio­ns postsecond­aires à travers le Nouveau-Brunswick ont participé à la Journée du chandail orange.

Le fait de conscienti­ser les jeunes dès leur entrée à l’école est une idée «fantastiqu­e», selon la femme de Pabineau.

«C’est le système scolaire qui a créé ces injustices. C’est donc à lui de les corriger.»

Mais est-ce se vêtir d’orange le 30 septembre est suffisant? Mme Sewell semble penser que non.

«Venez visiter nos communauté­s, venez partager notre culture. C’est comme cela que nous allons pouvoir briser les barrières qui nous séparent. Il faut apprendre à se connaître», a-t-elle partagé.

Au sein de la communauté de Pabineau, la Journée du chandail orange a été une journée de rassemblem­ent, de partage et de reconnaiss­ance.

Sur les réseaux sociaux, on peut constater que ce fut également une journée d’apprentiss­age et de sensibilis­ation pour les étudiants néo-brunswicko­is. ■

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Cynthia Sewell, de la Première Nation Pabineau, près de Bathurst. - Gracieuset­é
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