LES BIENFAITS DE PRISONS PLUS HUMAINES
La vérificatrice générale du NouveauBrunswick, Kim MacPherson a publié un rapport accablant à propos des traitements en santé mentale dans les prisons provinciales en 2018. Un comité gouvernemental devait fournir un rapport en juin. L’Acadie Nouvelle a demandé à le consulter, mais n’a rien reçu.
«Les choses n’ont pas changé depuis le rapport, affirme le représentant du Syndicat canadien de la fonction publique, Michael Davidson. Comme les problèmes ne sont pas résolus, la situation empire. Ça complique le travail des agents des services correctionnels.»
La vérificatrice générale n’a pas encore contrôlé si le gouvernement avait pris en compte ses recommandations. «Notre habitude est d’effectuer un exercice de suivi quatre ans après la publication de notre rapport», a expliqué sa secrétaire de direction par courriel.
Mme MacPherson a révélé que des détenus des prisons du Nouveau-Brunswick étaient remis en liberté sans avoir reçu de traitements en santé mentale adéquats et qu’ils n’avaient pas reçu d’évaluations de troubles psychologiques ou psychiatriques. Elle pointait également l’absence de rôle et de responsabilités définis pour ces problèmes au sein du système carcéral provincial.
DE MEILLEURS SERVICES AU FÉDÉRAL
Pourtant 70% des détenus sont aux prises avec des problèmes de dépendances et de santé mentale, a indiqué la vérificatrice générale dans son rapport. À titre de comparaison, les Canadiens sont seulement 20% dans ce cas, selon la même source.
Les employés des prisons fédérales fournissent de meilleurs traitements dans ce domaine à leurs détenus (ceux qui sont condamnés à plus de deux ans d’incarcération). «L’examen des dossiers des délinquants sélectionnés révèle que la majorité d’entre eux ont reçu des services de santé [mentale] pendant leur incarcération», ont écrit les auteurs d’un rapport de 2018 pour Service correctionnel Canada.
«Dans les prisons provinciales, il y a 250 détenus pour un responsable de programme, indique la professeure de criminologie à l’Université de Moncton, Marie-Andrée Pelland. Au fédéral, le nombre de délinquants par responsable est au minimum dix fois moindre.»
DES QUESTIONNEMENTS ET DES FORMATIONS
Le psychiatre-chef du centre de santé mentale de Shepody au pénitencier fédéral de Dorchester, Louis Thériault constate une absence de ses confrères et une très faible présence de psychologues dans les prisons provinciales. Il observe aussi à l’intérieur de ces établissements l’inexistence de médicaments pour les patients atteints de troubles psychiatriques. «Leurs comportements ne peuvent plus être sous contrôle», indique-t-il.
Bien qu’aucune amélioration tangible ne soit visible dans le traitement de la santé mentale dans les prisons provinciales, Mme Pelland affirme que le rapport de la vérificatrice générale est pris très au sérieux par les fonctionnaires du Nouveau-Brunswick. «Ils ont questionné leurs pratiques et ont mis en place des formations», affirme-t-elle.
MOINS DE SANTÉ MENTALE, PLUS DE RÉCIDIVES
«Le défi est de savoir comment faire bien avec très peu de moyens, résume-t-elle. Comme il n’y a pas de nouveaux budgets, il faut établir des priorités. Il y a encore beaucoup de travail à faire.»
«En milieu fédéral, on a développé une clinique de santé mentale à l’extérieur des prisons. On continue à suivre les anciens délinquants qui ont des troubles pendant une période allant de un à trois ans, mentionne M. Thériault. On a démontré que lorsqu’on procède de la sorte, on diminue la récidive criminelle de 70%. Mais la province n’a pas les fonds pour faire ça.» - CT ■