Quels enjeux seront déterminants pour l’élection?
Le jour du vote arrive à grands pas. Nous avons demandé l’avis de quelques experts sur les enjeux qui seront déterminants pour l’élection fédérale du 21 octobre.
Les enjeux de la prochaine élection fédérale ont fait l’objet d’un panel d’experts à l’Université de Moncton, mercredi.
En entrevue après l’événement, le politologue Roger Ouellette fait valoir que le Nouveau-Brunswick n’a parfois pas le poids électoral nécessaire pour attirer l’attention des partis nationaux sur certains enjeux.
Il rappelle que le Nouveau-Brunswick ne représente que 10 sièges sur 338 à la Chambre des communes.
Il est donc difficile d’obtenir l’oreille des partis en ce qui concerne des dossiers comme celui des transferts fédéraux aux provinces en matière de santé.
«On a une population vieillissante qui n’est pas en croissance démographique, donc on n’a pas plus d’argent qui rentre, mais nos coûts explosent, alors que l’Alberta a une population jeune en pleine croissance, et ils voient une augmentation des transferts du gouvernement fédéral en santé», rappelle-t-il.
Il estime que les partis politiques fédéraux sont lents sur la détente.
«Certains disent que c’est intenable et que le gouvernement fédéral devra s’occuper de cela, peu importe le parti politique, mais pour le moment, à mon avis, c’est un enjeu important qui n’a pas l’attention des partis politiques.»
Le politologue est d’avis que la population vieillissante du Nouveau-Brunswick pose plusieurs autres défis. Reste à voir si les partis politiques nationaux pourront les relever.
«La question de l’immigration est déterminante. À cause du vieillissement de la population, l’Atlantique a besoin d’accueillir des immigrants, mais c’est très difficile, donc il faut établir des stratégies.»
Il estime que le gouvernement fédéral devra travailler de concert avec les provinces pour régler cet enjeu.
Chez certains électeurs, Roger Ouellette croit que la taxe sur le carbone, imposée par le gouvernement fédéral, pourrait en froisser quelques-uns.
«Ça nous distingue des autres provinces, et c’est quelque chose qui irrite», indique le politologue, qui croit que cet enjeu pourrait faire pencher le vote vers les conservateurs, notamment dans les régions anglophones du sud de la province.
SÉDUIRE L’ÉLECTORAT
Stéphanie Collin, professeure d’administration publique à l’Université de Moncton, s’est penchée sur les promesses électorales des partis politiques.
Elle fait partie de l’équipe qui gère le polimètre, en partenariat avec l’Université Laval. Il s’agit d’un outil qui permet de comptabiliser les promesses électorales des gouvernements et de voir si les partis les respectent.
On y a comptabilisé les promesses de Blaine Higgs au Nouveau-Brunswick, de François Legault au Québec et de Justin Trudeau à Ottawa.
Elle estime que d’habitude, les promesses des partis portent sur des enjeux qui leur attireront des votes.
«C’est certain qu’un parti politique veut se faire élire, donc il n’a pas le choix d’écouter ce que les citoyens veulent. Lorsqu’il est au pouvoir, il veut se faire réélire, donc il a intérêt à réaliser les promesses faites aux gens qui ont voté pour lui. De façon générale, les partis politiques présentent des enjeux qui importent à leur base électorale.»
Selon le polimètre, le gouvernement de Justin Trudeau a été en mesure de réaliser complètement ou partiellement - 93% de ses promesses électorales.
Cependant, ce n’est pas ce chiffre que beaucoup d’électeurs garderont en tête le jour du scrutin.
«Le bilan est élevé, mais on se rend compte qu’un résultat de 93% ne va pas nécessairement amener les gens à voter pour Trudeau. Les gens sont surtout préoccupés parc ce qui est proche d’eux, de ce qui leur importe.»
Elle constate que le gouvernement libéral de Justin Trudeau n’a pas pu réaliser certaines promesses sur des enjeux qui importent à bon nombre d’électeurs.
«Dans l’imaginaire collectif, je crois que les gens retiennent souvent les promesses qui leur tiennent à coeur. Les gens retiennent les promesses fortes.»
Il y a quatre ans, dans leur programme électoral, les libéraux de Justin Trudeau avaient promis que l’élection de 2015 serait la dernière avec le mode de scrutin uninominal à un tour, connu en anglais comme first past the post.
«Beaucoup de personnes ont voté pour Justin Trudeau en raison de sa promesse de réforme du scrutin par exemple, et il a rompu cette promesse-là. il a déçu beaucoup de gens. Il avait dit qu’il allait faire un pas de plus en environnement, et il a acheté l’oléoduc TransMountain», analyse-t-elle.
Selon Stéphanie Collin, les changements climatiques pourraient avoir plus d’importance sur le résultat du vote que lors des élections précédentes.
«Je sais que les gens s’en préoccupent de plus en plus, étant donné qu’ils le vivent: la crise du verglas, l’érosion des côtes, le gaz de schiste… l’environnement est sûrement un enjeu qui préoccupe les gens du N.-B.», exprime-t-elle en entrevue.
Elle estime aussi que le dossier de l’assurance-emploi et le vieillissement de la population occupent l’esprit des électeurs. ■