Ces tiers partis qui s’invitent au scrutin du 21 octobre
Ils ont à coeur la protection des animaux, de l’héritage chrétien au pays, le bien-être des anciens combattants ou l’implantation d’un régime marxiste-léniniste au pays.
Ils ont parfois eu le mérite d’ajouter à leur plateforme électorale des idées qui sortent de l’ordinaire, comme celle de nationaliser les restaurants Tim Hortons du Canada, de forcer les Canadiens de Montréal (le Club de hockey) à mettre sous contrat un minimum de dix joueurs québécois chaque année ou d’affirmer que les changements climatiques sont un simple canular.
Dans le cadre de l’élection fédérale 2019, Élections Canada a autorisé 21 différentes formations politiques à prendre part au scrutin.
Il va de soi qu’aucun de ces tiers partis ne représente une véritable menace dans les différentes circonscriptions pour les principaux partis politiques et ne risque éventuellement de former le prochain gouvernement.
De fait, libéraux et conservateurs se sont échangé le pouvoir au pays depuis l’élection de John A. Macdonald en août 1867.
Au Nouveau-Brunswick, ce sont 11 différents partis politiques qui apparaissent sur les bulletins de vote de l’une ou l’autre des 10 circonscriptions et qui ont commencé à être distribués vendredi, au jour 1 du vote par anticipation.
À l’exception du plafond des dépenses électorales permises qui diffère d’une formation politique à une autre et des invitations à participer aux débats électoraux qui se font plutôt rares, les tiers partis ainsi que leurs candidats disposent sensiblement des mêmes privilèges que les partis traditionnels.
C’est dans la circonscription de Fredericton où l’on retrouve le plus grand nombre d’aspirants-députés et la plus grande variété d’idées politiques, avec la présence de candidats du Parti vert, libéral, conservateur, libertarien, communiste, populaire, pour la protection des animaux et du NPD.
Ailleurs, l’Alliance nationale des citoyens, le Parti de l’héritage chrétien et celui de la coalition des anciens combattants du Canada meublent également le paysage électoral fédéral au Nouveau-Brunswick.
Dans les circonscriptions rurales comme celle d’Acadie-Bathurst ou de MadawaskaRestigouche, seules les formations politiques ayant des candidats qui ont été élus à la Chambre des communes se font la lutte dans le cadre du scrutin.
«Nous sommes inclusifs, les critères de la loi fédérale sur les élections sont très souples et facilitent la création de partis politiques et la présence de candidats des tiers partis», a expliqué Roger Ouellette, politologue à l’Université de Moncton.
«Certains tiennent à faire passer un message politique, toutes sortes de motivations peuvent en fait expliquer leurs démarches. Grâce aux médias sociaux, c’est maintenant beaucoup plus facile pour eux d’avoir une présence et de faire circuler leurs messages.»
Selon le politologue, ce phénomène est somme toute très marginal et se limite souvent à un simple vote de protestation de la part des électeurs. «J’estime que la démarche de ces tiers partis est généralement sérieuse, même s’ils n’aspirent pas à prendre le pouvoir», a affirmé quand lui Denis Duval, également politologue à l’Université de Moncton.
«Le scrutin majoritaire uninominal à un tour comme le nôtre ne permet cependant pas de faire élire ces candidats-là et le financement pour pouvoir faire une campagne électorale à la hauteur est difficile pour les tiers partis.»
Toujours selon lui, la présence d’un certain cynisme politique qui s’est installé auprès des électeurs a favorisé l’émergence de cette nouvelle classe de partis politiques.
«Tant qu’à voter pour des clowns, choisissez les plus drôles!», scande d’ailleurs depuis le début de la campagne électorale le Parti rhinocéros, le plus ancien des tiers partis officiellement reconnus et toujours actifs.
Dans la région de Moncton, Brad MacDonald a décidé de porter les couleurs du Parti pour la protection des animaux du Canada.
«C’est une première expérience du genre pour moi, c’est assez irréel. Je rencontre tout plein de gens qui ont plein de différentes choses à raconter», a affirmé le candidat du premier parti politique en Amérique du Nord à défendre les intérêts des animaux aux élections municipales, provinciales et fédérales.
«Les principaux partis fédéraux n’ont rien dans leur programme favorisant la protection et le bien-être animal, ça m’a incité à me lancer dans la course. J’apprécie aussi le fait que je n’ai pas à suivre une ligne de parti, comme les autres candidats des grands partis doivent faire», a ajouté Brad MacDonald.
Se trouvant passablement plus à gauche sur l’échiquier politique et sur la carte géographique, il y a Jacob Patterson, un candidat du Parti communiste du Canada qui brigue les suffrages dans Fredericton.
«La réception des gens à mon endroit est meilleure que je l’avais imaginé au départ», raconte le jeune candidat âgé de 21 ans, qui a eu l’occasion de faire campagne récemment à l’Université du Nouveau-Brunswick avec la chef du parti, Elizabeth Rowley.
«L’expérience est enrichissante, même si la campagne se déroule sans trop de ressources et de présences dans les médias», relate l’ancien étudiant de l’Université St-Thomas.
Selon lui, la province du NouveauBrunswick a un immense besoin d’emplois bien rémunérés.
«Des centres d’appels qui ferment, les emplois sous-payés, à temps partiel et non syndiqué n’ont pas leur place ici», estime le candidat qui affirme ne rien trouver de bon dans les programmes des grands partis politiques. - SL