Les libéraux survivront-ils dans le sud-ouest de la province?
Après sa cuisante défaite d’il y a quatre ans, le Parti conservateur du Canada compte faire des gains au NouveauBrunswick lors du scrutin fédéral. Ses meilleures chances d’y arriver se trouvent dans le sud-ouest de la province.
Emporté par la vague libérale qui a balayé l’entièreté du Canada atlantique en 2015, le Parti conservateur est passé de huit députés au Nouveau-Brunswick à zéro.
Même les châteaux forts conservateurs réputés les plus solides, comme Fundy-Royal ou Nouveau-Brunswick-Sud-Ouest, n’ont pu tenir le coup.
Cette fois-ci, les conservateurs de ces régions misent sur ceux qui ont été déçus par le premier mandat de Justin Trudeau pour regagner leur place.
Rob Moore, qui a été ministre sous Stephen Harper, est l’un des trois députés conservateurs défaits il y a quatre ans qui sont de retour pour un match-revanche.
«Nous étions au gouvernement depuis neuf ans. Les gens ont décidé en majorité qu’ils voulaient du changement. Beaucoup de députés (libéraux) ont été élus en raison de la popularité de Justin Trudeau. À l’époque, il était un peu comme une vedette de rock», raconte-t-il.
M. Trudeau ne suscite toutefois plus le même engouement sur le terrain, selon M. Moore.
«Justin Trudeau n’a pas fait ce qu’on attendait de lui lorsqu’il a été élu, il y a quatre ans. Il n’est pas ce que les gens pensaient qu’il était et j’entends ça tous les jours quand on fait du porte-à-porte.»
La nomination d’un député de l’Ontario à la tête de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique, la réforme de la fiscalité des petites entreprises et la taxe sur le carbone sont autant de décisions qui font mal à la marque libérale dans la région, selon Rob Moore.
M. Moore a représenté Fundy-Royal, à Ottawa, pendant 11 ans, avant d’être battu par la libérale Alaina Lockhart. Ses collègues les anciens députés Rodney Weston (SaintJean-Rothesay) et John Williamson (NouveauBrunswick-Sud-Ouest) tentent aussi de récupérer les sièges qu’ils ont perdus en 2015.
D’après le politologue J.P. Lewis de l’Université du Nouveau-Brunswick, campus de Saint-Jean, il pourrait s’avérer «très difficile» pour le Parti libéral de préserver ces circonscriptions, surtout Fundy-Royal et Nouveau-Brunswick-Sud-Ouest.
«Ces élections ne semblent pas provoquer le même enthousiasme que la dernière fois lorsque le taux de participation était en hausse de 10% dans ces trois circonscriptions. Si la participation est en baisse, ça aide assurément les conservateurs», explique-t-il.
Le vote conservateur a diminué dans la région en 2015, mais il ne s’est pas effondré. Les conservateurs ont surtout été dépassés par tous ceux qui se sont rangés derrière le Parti libéral, souligne M. Lewis.
Durant son mandat, le député de SaintJean-Rothesay, Wayne Long, s’est illustré à plusieurs reprises en se prononçant ouvertement contre son parti. Cette image de rebelle et la composition plus urbaine de sa circonscription pourraient l’aider à vaincre les conservateurs à nouveau, selon M. Lewis.
«Ça pourrait l’aider dans son porte-à-porte de pouvoir se distancer un peu de son parti sur certaines questions, mais la ligne est mince avant que les électeurs qui sont suffisamment contrariés se tournent vers un autre candidat au message complètement différent.»
Wayne Long se dit fière d’avoir été une voix forte pour Saint-Jean-Rothesay à Ottawa après des années de «leadership politique faible et silencieux» sous les conservateurs.
Le candidat libéral accuse le Parti conservateur de se contenter de proposer des crédits d’impôt hyper ciblés alors que les gens ont besoin d’un véritable coup de main de la part de leur gouvernement.
«Nous essayons d’aider une mère qui vit dans la pauvreté et qui réussit à peine à payer l’épicerie et son loyer et (les conservateurs) parlent d’offrir des crédits d’impôt pour le sport ou les leçons de pianos», illustre-t-il.
«En tant que libéraux, nous croyons qu’un bon gouvernement et de bonnes politiques doivent aider le plus grand nombre et surtout ceux qui en ont le plus besoin. Les conservateurs ciblent la plupart de leurs programmes et politiques pour un petit nombre de privilégiés», dénonce M. Long.
Ses collègues Alaina Lockhart (FundyRoyal) et Karen Ludwig (Nouveau-BrunswickSud-Ouest) sollicitent aussi un nouveau mandat dans leurs circonscriptions. ■