Acadie Nouvelle

Le conflit entre la Turquie et les combattant­s kurdes «s’empire d’heure en heure»

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Plus de 130 000 personnes ont fui le nord de la Syrie depuis le début de l’offensive turque lancée il y a cinq jours contre les Kurdes, selon les estimation­s de l’Organisati­on des Nations unies.

Selon les données de l’ONU, plusieurs des déplacés étaient déjà des réfugiés qui avaient échappé à différente­s vagues de violence liées à huit ans de guerre civile au pays.

Malgré le chaos grandissan­t, le président américain Donald Trump a ordonné le retrait des troupes américaine­s du territoire occupé par les Kurdes en Syrie, même si les Kurdes étaient jusqu’à tout récemment soutenus par les États-Unis dans leur lutte contre Daech (le groupe armé État islamique).

Le conflit entre la Turquie et les combattant­s kurdes «s’empire d’heure en heure», a affirmé dimanche le ministre américain de la Défense, Mark Esper.

Il n’a pas voulu dire si les mille soldats américains qui étaient toujours postés dans le nord du pays allaient quitter la Syrie ou être tout simplement déplacés.

Devant l’escalade de la violence et l’avancée de l’offensive turque, Mark Esper dit craindre que les soldats américains, qui combattaie­nt jadis aux côtés des Kurdes, ne se retrouvent cette fois pris entre deux clans ennemis. Il a qualifié la situation «d’insoutenab­le» pour les troupes américaine­s sur le terrain.

Dans un gazouillis dimanche, le président Trump a défendu sa décision, décriée sur la scène internatio­nale puisque certains estiment que cela a incité la Turquie à donner l’assaut contre les Kurdes des deux côtés de la frontière.

Pour sa part, Donald Trump a écrit que «C’est très intelligen­t de ne pas être impliqué dans les combats le long de la frontière turque, ce qui fait changement». La veille, lors d’un événement à Washington en soirée, M. Trump a parlé d’une «cause sans issue» qui a coûté beaucoup d’argent aux États-Unis.

La chancelièr­e allemande Angela Merkel a, quant à elle, prié le président turc Recep Tayyip Erdogan ne cesser son offensive militaire dans le nord de la Syrie, lors d’une conversati­on téléphoniq­ue dimanche. Dans un communiqué de presse du gouverneme­nt allemand, il est indiqué que «bien que les préoccupat­ions en matière de sécurité de la Turquie soient légitimes, l’opération militaire menace de déplacer la population locale et de déstabilis­er la région, tout en redonnant du pouvoir à Daech».

Jeudi dernier, le président Erdogan a averti l’Union européenne de ne pas qualifier l’offensive turque d’une «invasion», menaçant de laisser les réfugiés syriens de son pays envahir l’Europe.

Au cours de la journée, l’agence de presse officielle turque Anadolu a indiqué que les troupes de la Turquie ont avancé jusque dans le centre de la ville syrienne Tel Abyad près de la frontière entre les deux pays.

Quant à la télévision d’État syrienne, elle a fait savoir que le gouverneme­nt a envoyé ses soldats pour «confronter» ceux qui mènent «l’invasion» menée par la Turquie dans le nord de la Syrie, sans fournir plus de détails.

Un responsabl­e kurde, qui a requis l’anonymat, a aussi laissé entendre qu’une entente a été prise avec la Russie pour repousser les forces turques à la frontière.

Plus tôt dans la journée, le président russe Vladimir Poutine a appelé tous les soldats étrangers à quitter le sol syrien à moins que le président de la Syrie Bashar el-Assad réclame leur présence.

M. Poutine a fait ces commentair­es dans une entrevue avec trois stations de télévision arabes diffusées dimanche. Il a précisé que même la Russie, qui a une importante base militaire et aérienne en Syrie, retirerait ses troupes s’il en recevait la demande du président el-Assad. ■

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- Associated Press: Lefteris Pitarakis De nombreux Syriens ont subi de lourds dommages à leurs habitation­s au cours des derniers jours.

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