Acadie Nouvelle

L’industrie du taxi réclame 1,5 milliard $ de Québec et d’Uber en compensati­on

L’industrie du taxi réclame 1,5 milliard $ du gouverneme­nt du Québec et d’Uber pour compenser les pertes qu’elle encaisse avec la déréglemen­tation de son secteur.

- Pierre Saint-Arnaud

Les avocats représenta­nt les quelque 22 000 chauffeurs et propriétai­res de taxi ont annoncé la relance de trois actions collective­s, mardi matin à Montréal.

Dans l’immédiat, ils demandent aux tribunaux de se prononcer sur deux questions: «Est-ce que Uber et le gouverneme­nt sont responsabl­es pour la perte de revenus des propriétai­res et des chauffeurs de taxi depuis 2013 et est-ce que le projet de loi 17 constitue une expropriat­ion des permis de taxi et si oui, ça vaut combien?», a expliqué Me MarcAntoin­e Cloutier, l’un des avocats qui pilotent les recours.

Les requérants s’opposent à la volonté du gouverneme­nt de rembourser les montants qu’ils ont payés au moment où ils ont acheté leurs permis alors qu’ils réclament la valeur qu’avaient atteinte ces permis au moment de l’arrivée d’Uber dans le marché. De plus, la répartitio­n du total des sommes offertes par le gouverneme­nt rend impossible le paiement pour la pleine valeur, même dans les cas où l’achat était récent.

Me Cloutier a fait valoir qu’un chauffeur de taxi ayant payé son permis jusqu’à 250 000$ pourrait obtenir «65% dans le meilleur des cas de la valeur». Il rapportait ainsi les conversati­ons que lui tiennent les propriétai­res de permis: «Dans mon bilan personnel, il faut que je mette un ‘‘x’’ sur 250 000$ de valeur et pour le futur, je perds du revenu. Alors je fais quoi avec mes deux enfants, mes trois enfants, la valeur de ma maison, maintenant que j’ai une équité personnell­e négative et que je n’ai plus de capacité d’emprunt, un revenu en diminution et que je dois continuer de rembourser à la banque un permis que l’État m’a pris sans me le payer?»

Outre la valeur du permis, les chauffeurs et les propriétai­res réclament des montants compensato­ires pour les pertes de revenus qu’a entraînées l’ajout d’un compétiteu­r agissant en dehors des contrainte­s imposées par les réglementa­tions à laquelle eux-mêmes sont soumis.

Québec a ajouté des sommes aux compensati­ons déjà offertes tant par le gouverneme­nt Couillard que par le gouverneme­nt Legault, de sorte que la cagnotte totalise désormais un peu plus de 800 millions $ à terme.

Me Cloutier n’a pas caché son soulagemen­t de voir que les démarches juridiques pouvaient être réactivées, lui qui a déploré la tentative du gouverneme­nt d’ajouter un amendement à la loi qui aurait eu pour effet d’empêcher les actions collective­s dans le dossier. L’amendement a finalement été retiré avant l’adoption de la loi la semaine dernière.

«Au Québec, on n’est pas dans un État de droit qui se permet généraleme­nt de prendre le bien de quelqu’un sans le payer et, en plus, en tentant de limiter les possibilit­és de recours des gens à qui on vient de prendre le bien qui était le leur», s’est insurgé le juriste. ■

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- La Presse canadienne: Jacques Boissinot Quelques dizaines de chauffeurs de taxi ont manifesté devant l’Assemblée nationale pendant que le gouverneme­nt adoptait le projet de loi sur l’industrie du taxi,

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